Le taux de chômage parmi les jeunes marocains âgés entre 15 et 24 ans a poursuivi sa tendance haussière durant le deuxième trimestre 2023 et 2024, poussant les autorités à alerter contre une véritable « bombe à retardement », particulièrement après les tentatives de milliers de jeunes de cette tranche d’âge d’entrer illégalement dans les enclaves espagnoles, Ceuta notamment.
Lors d’une conférence de presse à Rabat, le gouverneur de la Banque centrale marocaine Bank al Maghrib (BAM), Abdelatif Juahri, a fait savoir, selon un compte rendu du site d’informations espagnol « elfradoceuta » que « le taux de chômage parmi les jeunes (15-24 ans) est passé de 46, 1 à 48,8% entre le deuxième trimestre 2023 et 2024 », qualifiant cette situation de « point noir ».
« C’est presque trois points de plus », a relevé Juahri en réponse à une question sur le chômage des jeunes et les derniers incidents du 15 septembre courant, lorsque des milliers d’entre eux, pour la plupart mineurs, ont tenté d’entrer illégalement depuis la ville du nord de Fnideq à l’enclave espagnole Ceuta, répondant à un appel massif sur les réseaux sociaux.
Selon le responsable marocain, ce taux de chômage est la conséquence directe de la régression qu’a connue l’économe marocaine, particulièrement le secteur de l’agriculture. « L’économie nationale a perdu 82.000 emplois au deuxième trimestre 2024, la plupart dans le secteur agricole en raison de la sécheresse et du changement climatique », a déploré Juahri.
A rappeler que des dizaines de milliers de jeunes marocains avaient pris d’assaut ces derniers jours les enclaves espagnoles, notamment Ceuta, à partir de la ville frontalière de Fnideq.
En effet, des vidéos diffusées par des militants marocains et des médias locaux ont montré les forces de sécurité à Fnideq (nord du Maroc) pourchassant de jeunes migrants clandestins en quête d’une vie meilleure sur l’autre rive après avoir tenté vainement de vivre dignement dans le Royaume.
Selon des médias locaux, de nombreuses familles marocaines se sont rendues, tard dans la soirée de dimanche, au point de passage terrestre pour rechercher leurs proches et s’enquérir de leur sort, se demandant s’ils étaient dans des postes de police, s’ils avaient été déportés vers d’autres villes, ou s’ils avaient réussi à traverser, alors que des dizaines de jeunes continuaient de se cacher dans les montagnes attendant le moment opportun pour franchir la frontière.
Dans un article intitulé « Le Marocain, migrant dans son propre pays », le journaliste Younès Meskine a indiqué que la migration vers Ceuta, bien plus qu’une simple quête d’opportunités économiques ou la réponse à un appel, reflète le désir qu’ont les jeunes de trouver un environnement qui leur assure la stabilité sociale.
« Ces jeunes se sentent menacés dans leur pays par l’instabilité en raison du chômage et de l’absence de perspectives claires », a-t-il écrit, estimant que « ces tentatives de migration montrent que le Maroc n’assure pas à ses enfants la protection sociale à laquelle ils aspirent : ni logement, ni travail ni prise en charge sanitaire ».
« Ces jeunes ne trouvent pas dans leur pays les moyens de vivre dignement, c’est pourquoi ils vont les chercher ailleurs au péril de leur vie », a-t-il soutenu.