Les familles des trois marocains tués, en octobre dernier, par la Gendarmerie royale dans le sud du pays, en marge d’une manifestation menée par le mouvement de la jeunesse, ont appelé mercredi à l’ouverture d’une enquête.
“Nous demandons que justice soit faite”, a affirmé Khadija Ben El Qadi, la mère d’Abdelhakim Derfidi, l’un des trois hommes abattus.
Abdelkabir Oubella et Khalifa Rahali, les pères d’Abdessamad et Mohamed, les deux autres personnes tuées, ont, de leur côté, réclamé “l’ouverture d’une enquête transparente”.
Ils s’exprimaient à Rabat en marge de la présentation d’un rapport de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) sur les faits.
L’ONG a affirmé que le recours des gendarmes à des tirs à balles réelles avait “été massif et parfois aléatoire”.
Début octobre, les trois hommes ont été abattus par des gendarmes à Leqliaâ, près d’Agadir, en marge d’une manifestation pacifique du mouvement de la jeunesse, qui réclame, notamment de meilleurs systèmes d’éducation et de santé, et la lutte contre la corruption.
Les familles des victimes ont affirmé que leurs fils n’avaient pris part à aucun acte de violence ou de vandalisme.
L’AMDH assure que les trois personnes tuées “l’ont été à plus de 100 mètres du poste” de la gendarmerie et a elle aussi appelé à l’ouverture d’une enquête. Dans son dernier rapport annuel sur les droits humains, l’Association souligne la multiplication des atteintes aux libertés publiques, la dégradation des droits sociaux et les restrictions à la presse.
De son côté, le mouvement de la jeunesse, qui a lancé ses actions de protestation, fin septembre dernier au Maroc, a annoncé la reprise des manifestations mercredi.
Dans un communiqué, le mouvement a indiqué que ces manifestations coïncidaient avec la Journée internationale des droits de l’Homme, célébrée le 10 décembre de chaque année.
Le mouvement signale que 1.473 personnes, dont 330 mineurs, sont détenues dans les prisons du Makhzen en lien avec les récentes manifestations. Il estime que les mineurs privés de leur liberté, devraient être dans leurs salles de classe et non dans les tribunaux et les prisons pour avoir “réclamé un hôpital qui les soigne dignement, une école qui garantisse leur avenir et une justice qui sanctionne les corrompus”. Il précise que “la réponse (à ces jeunes) a été des condamnations sévères, allant jusqu’à 15 ans de prison ferme”.
Le mouvement a vivement critiqué les pratiques du régime du Makhzen, qu’il qualifie de “contraires à la loi”, ajoutant que tout cela se produit “dans un pays qui a ratifié les conventions internationales et qui se prépare à célébrer la Journée internationale des droits de l’Homme”.