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Josep Borell au Maroc : le pompier pyromane.

Par Mohamed El Abassi

La visite de Josep Borell, le chef de la diplomatie européenne, au Maroc intervient dans le contexte brulant du « Marocgate ». Qu’est-il allé dire au Makhzen ? A l’entendre survoler l’affaire de corruption qui a ébranlé l’une des institutions, prétendument, la plus démocratique de l’édifice européen, on en gardera qu’une  vague évocation à l’envolée, renvoyant le dossier à des enquêtes aussi lointaines qu’improbables, promises, comme de tradition quand il s’agit du Maroc, aux calandres grecques. 

Il s’en suivit dans sa déclaration à la presse, une assez longue focalisation sur la guerre en Ukraine et, du coup, tout baigne, dès lors, que le Maroc soutient le bloc occidental contre la Russie.

Un déséquilibre flagrant et disproportionnel dans sa perception de deux situations que rien ne justifie, sauf un marchandage diplomatique, de plus.

Une question s’impose : s’agit – t- il d’une visite de remontrance pour son implication directe de corruption d’eurodéputés ou bien de bénédiction du Makhzen pour sa position sur la guerre russo-ukrainienne ? Dans ce dernier cas, le Makhzen est -il, soudainement, absout de tout l’anathème qui lui est jeté pour cause d’actes de corruption et d’influence avérés au sein du Parlement européen ?

A entendre les déclarations réciproques de Josep Borell et de Bourita, l’on a de la peine à croire ses oreilles. Pendant que le second, habitué à nier, toute honte bue, les faits têtus, en suggérant de manière éhontée que « le partenariat » entre l’U.E et le Makhzen, fait l’objet  « d’attaques » imaginaires , le premier botte en touche, mais tout à son crédit, de s’abstenir de commenter les énormités de son hôte.

S’il est vrai que les relations entre l’exécutif européen et le parlement de l’Union n’ont pas été, de tout temps, au beau fixe, mais que le chef de la diplomatie européenne nous fasse croire qu’une telle affaire est banale, on a du mal à y croire.

Du coup, l’on est tenté de dire, que le Maroc, monnaye ses positions sur la guerre russo-ukrainienne et sur bien d’autres sujets d’actualité, pour faire oublier ses affres et son immoralité sous couvert d’un lobbying, sans Soft Power, mais avec de vulgaires, basses et brutales méthodes.

Un des médias connaissant les rouages de l’establishment européen, disait que « des accords de pêche entre l’UE et le régime de Mohammed VI, au refus de faire figurer la Sahraouie Sultana Khaya parmi les finalistes du prix Sakharov, le gouvernement du pays nord-africain fait l’objet d’une grande indulgence… ».

Sous cet éclairage, une Europe dotée d’une Politique étrangère et de sécurité commune (PESC), une ambition européiste des origines de la construction européenne, se trouve ainsi contrariée face à un régime que le chef de la diplomatie européenne chouchoute, en même temps qu’il se désavoue. Un lamentable échec à la moindre épreuve de vérité, mais comment s’en sera-t-il quand il s’agira de se confronter aux grands de ce monde, la Chine, la Russie, les États- Unis ?

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