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Mélenchon le soumis du capital soumet sa candidature au poste de Premier ministre

En avril 2022, au lendemain de son échec d’accession au second tour de l’élection présidentielle, l’apparatchik Mélenchon, ce rebelle institutionnel entièrement soumis au capital national, dévoré d’ambition, de manière éhontée, s’était empressé d’appeler, non à la mobilisation révolutionnaire contre le capitalisme, mais à la mobilisation électorale pour les élections législatives en vue de « contraindre » le va-t-en-guerre Macron, président de la finance, honni par la majorité de la population, à le nommer Premier ministre. 

Par Khider Mesloub

En avril 2022, au lendemain de son échec d’accession au second tour de l’élection présidentielle, l’apparatchik Mélenchon, ce rebelle institutionnel entièrement soumis au capital national, dévoré d’ambition, de manière éhontée, s’était empressé d’appeler, non à la mobilisation révolutionnaire contre le capitalisme, mais à la mobilisation électorale pour les élections législatives en vue de « contraindre » le va-t-en-guerre Macron, président de la finance, honni par la majorité de la population, à le nommer Premier ministre. 

Bis repetita. En juin 2024, à peine la dissolution de l’Assemblée nationale annoncée, sans attendre l’issue des élections législatives prévues les 30 juin et le 7 juillet, le soumis du capital, Mélenchon, soumet sa candidature au poste de Premier ministre au capitaine du « navire France » en plein naufrage, Macron. 

Avec son programme électoral populiste, Mélenchon se propose de prendre la direction du gouvernail ministériel du « navire France » en perdition. 

Mélenchon escompte-t-il conduire le navire à bon port, celui du progrès et de l’émancipation du « peuple » ou, comme ses prédécesseurs, mener une fois de plus le peuple en bateau ?

Mélenchon, une fois nommé Premier ministre, quel programme compte-t-il appliquer ? En tout cas, pas celui des travailleurs et des classes populaires.

Ce sera celui du capital : la poursuite de la militarisation de la société, de l’économie de guerre. Au vrai, hormis la même antienne idéologique martelée par la secte politique La France Insoumise (LFI), symbolisée par les slogans « partage plus juste des richesses » et de « faire payer les riches », Mélenchon n’aura rien à proposer sinon de « nouvelles » recettes fiscales, notamment le rétablissement du dérisoire impôt sur les grosses fortunes, l’augmentation de la vénielle taxation sur les propriétés immobilières, dans le cadre du capitalisme, autrement dit du respect de la propriété privée des moyens de production et du maintien de l’État impérialiste français.

Une chose est certaine, si Mélenchon est nommé Premier ministre, il appliquera le programme du capital national, c’est-à-dire, dans cette période de crise multidimensionnelle, celui de l’économie de guerre, de la guerre économique capitaliste contre le travail, mais également de la guerre impérialiste mondiale menée par le camp atlantiste. Il endossera le rôle de Chef d’État-major de l’armée française impérialiste pour diriger la guerre de libération de l’Europe occidentale « menacée par la Russie ».

Tel est l’horizon politique capitaliste indépassable proposé par Mélenchon et son parti LFI : celui de la poursuite de l’exploitation et de l’oppression, sous les couleurs de la gauche cocardière. Celui de l’enrégimentement militariste du prolétariat, de son enrôlement dans la future imminente guerre généralisée.

Il est utile de rappeler que pour Mélenchon, comme il n’a cessé de le répéter, son modèle, son idole est François Mitterrand, plusieurs fois fasciste (sous Pétain, durant la guerre de libération de l’Algérie, durant le génocide du Rwanda, la guerre de Serbie).

En tout cas, héritier du Mitterrandisme, Mélenchon ne combat jamais les valeurs de la bourgeoisie française cocardière : nationalisme, colonialisme et impérialisme.

Mélenchon est nationaliste et ne perd jamais une occasion de glorifier la France impérialiste et colonialiste. Pour preuve, il ne demande nullement la fin de l’occupation coloniale des Antilles, de la Nouvelle-Calédonie, de Mayotte. 

Certes, Mélenchon défend, par opportunisme électoral, le droit à l’autodétermination du peuple palestinien, mais refuse ce même droit au peuple sahraoui colonisé par le Maroc, autrement dit il soutient les colonialistes marocains.

Par ailleurs, quand Mélenchon et son parti LFI proclament « pas d’OTAN, bases dehors », ces artisans de la collaboration de classe ne le font pas au nom de l’internationalisme prolétarien, mais du nationalisme tricolore. Ils ne sont ni contre l’impérialisme de l’État français, ni contre ses guerres capitalistes. En fervents chauvinistes versant dans l’antiaméricanisme primaire, ils veulent bien mobiliser le « peuple français » pour la défense nationale, mais en dehors de l’OTAN. 

Certes, ils s’opposent à l’OTAN, cette structure militaire américaine, mais c’est pour œuvrer à la restructuration de l’armée française en vue de la doter d’un armement plus important et plus sophistiqué.

Dans le contexte d’escalade guerrière actuelle, galvanisés par leur ferveur militariste cocardière, Mélenchon et ses partisans de LFI proposent, dans un esprit de dévouement sacrificiel, le rétablissement du service militaire. En bon soldat à la solde du capital national français, le sergent recruteur Mélenchon, cet avorton du mitterrandisme génocidaire, interpelle sentencieusement la population : « La France peut et doit se défendre elle-même, en dehors de toute alliance militaire permanente quelle qu’elle soit. Pour cela, la défense doit être l’affaire de la Nation tout entière ». 

Après la militarisation de la société instituée par le pouvoir macronien à la faveur de la pandémie de Covid-19, Mélenchon prône la mobilisation militaire générale de toute la population. Ainsi, pour la France Insoumise, dirigée d’une main de fer par l’indéboulonnable et irascible oligarque Mélenchon, le prolétariat de France ne constitue qu’une masse moutonnière vouée à servir de chair-à-voter et/ou de chair-à-canon. 

En outre, le futur Premier ministre auto-désigné compte, comme il avait déclaré, « Stopper les privatisations des industries d’armement et des missions de défense nationale, puis les réintroduire dans le secteur public. Prioriser l’acquisition de matériel militaire français dans l’armée. Ouvrir la possibilité d’un service militaire comme composante optionnelle du service citoyen obligatoire. Mobiliser l’espace numérique et la réalité spatiale pour installer des systèmes défensifs… Adapter le matériel militaire et l’équipement de nos soldats à la nouvelle donne climatique (le parti de Mélenchon est un partisan de guerres propres, menées chirurgicalement sous le label écologique : note de l’auteur). Lancer un plan d’adaptation des infrastructures militaires vulnérables ». 

En matière de sécurité intérieure, Mélenchon et son parti rivalisent également d’ingéniosité pour moderniser les techniques de répression nationale. Les propositions de La France Insoumise sont abondamment pléthoriques, notamment en matière de « défense nationale » du renseignement (pour traquer quel ennemi : extérieur ou intérieur ?), de l’anti-terrorisme (moyen d’instrumentalisation de l’État et paravent au nom duquel sont votées des lois liberticides), de l’augmentation et de perfectionnement de la police de proximité, de l’emploi de techniques de répression plus « républicaines » au service de l’État (des riches).

En vérité, le programme de Mélenchon n’est pas original, ni innovateur. C’est une partition programmatique modernisée des fallacieuses alternatives socialisantes modernistes propagées, depuis un siècle, par les formations de gauche réformistes et parlementaires. En tout état de cause, depuis l’amère expérience mitterrandienne initiée en 1981, le prolétariat français est immunisé contre les fausses alternatives de gauche. 

Le parti de Mélenchon (LFI), héritier de la social-démocratie européenne collaborationniste du capital, ne fait que recycler un vieux programme réformiste périmé, censé constituer une alternative au capitalisme. Or, l’histoire nous enseigne que les partis de gauche, socialistes (réformistes) et communistes (staliniens), séparément ou coalisés en « front uni » ou front populaire, furent toujours les meilleurs défenseurs du capitalisme (libéral ou d’État). 

Khider MESLOUB 

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