Par Khider Mesloub
Dans une note adressée à ses amis les puissants et gouvernants, Christine Lagarde, alors directrice générale du FMI, avait écrit : « Les personnes âgées vivent trop longtemps et il y a un risque pour l’économie mondiale, il faut faire quelque chose, rapidement ! ».
À observer le rythme accéléré auquel viennent d’être votées les lois relatives à la fin de vie par plusieurs gouvernements européens, le message semble avoir été bien entendu. Et la recommandation amplement exécutée. À Preuve : la majorité des États européens a adopté la politique d’exécution des personnes âgées vulnérables. En l’espace de trois ans, à la faveur de la pandémie de Covid-19 cyniquement instrumentalisée, plusieurs pays ont légalisé « le permis de tuer » les malades, dénommé par euphémisme loi de fin de vie. Autrement dit euthanasie, qui rime avec nazi (eutha-nazie).
Quant à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), instance totalement inféodée aux lobbies atlantistes, conformément aux recommandations dictées par le capital occidental, elle vient à son tour de donner son feu vert à l’euthanasie (j’allais écrire État-nazi, tant les protagonistes de l’institutionnalisation de l’euthanasie œuvrent concomitamment à l’instauration de l’État nazi dans tous les pays européens otaniens). En effet, la CEDH s’est prononcée pour la première fois sur une législation qui autorise l’euthanasie dans un arrêt du 4 octobre 2022. Ordinairement l’Union européenne, instance essentiellement économique et financière, s’implique rarement dans les questions sociétales telles que l’euthanasie et l’avortement. Or, ces derniers mois, de nombreux États (autrement dit le capital occidental) font pourtant pression sur le Parlement européen pour le contraindre à adopter une législation légalisant l’euthanasie. En France, en conformité avec la politique économique et sociale suicidaire imposée au peuple par le gouvernement Macron, dans un avis publié le 13 septembre 2022, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) vient également d’ouvrir la voie à une légalisation du suicide assisté. Le comité évoque la possibilité d’un accès légal à l’euthanasie. Pour rappel, euthanasie signifie faciliter la mort au moyen d’une injection ou administration d’une substance létale, par conséquent cela revient à provoquer la mort. Or, en l’espèce, le corps médical, totalement aligné sur l’idéologie belliqueuse et génocidaire de leurs gouvernants atlantistes, transgresse le Serment d’Hippocrate : « Je ne provoquerai jamais la mort délibérément ».
« Soigner. Donner des soins, c’est aussi une politique. Cela peut être fait avec une rigueur dont la douceur est l’enveloppe essentielle. Une attention exquise à la vie que l’on veille et surveille. Une précision constante. Une sorte d’élégance dans les actes, une présence et une légèreté, une prévision et une sorte de perception très éveillée qui observe les moindres signes. C’est une sorte d’œuvre, de poème (et qui n’a jamais été écrit), que la sollicitude intelligente compose », soulignait le philosophe et écrivain Paul Valéry.
Un autre célèbre écrivain, biologiste de formation, Jean Rostand, écrivait en 1970 dans Courrier d’un biologiste : « Je pense qu’il n’est aucune vie, si dégradée, si détériorée, si abaissée, si appauvrie soit-elle, qui ne mérite le respect et ne vaille qu’on la défende avec zèle. J’ai la faiblesse de penser que c’est l’honneur d’une société que d’assumer, que de vouloir ce luxe pesant que représente pour elle la charge des incurables, des inutiles, des incapables ; et je mesurerais presque son degré de civilisation à la quantité de peine et de vigilance qu’elle s’impose par pur respect de la vie… Quand l’habitude serait prise d’éliminer les monstres, de moindres tares feraient figure de monstruosités. De la suppression de l’horrible à celle de l’indésirable, il n’y a qu’un pas… Cette société nettoyée et assainie, cette société où la pitié n’aurait plus d’emploi, cette société sans déchets sans bavures, où les normaux et les forts bénéficieraient de toutes les ressources qu’absorbent jusqu’ici les anormaux et les faibles, cette société qui renouerait avec Sparte et ravirait les disciples de Nietzsche, je ne suis pas sûr qu’elle mériterait encore d’être appelée une société humaine ».
En cette période de crise économique et, surtout, de guerre généralisée, donc de réarmement nécessitant des centaines de milliards d’investissement, l’euthanasie devient un moyen de régulation des coûts des retraites et de la santé, autrement dit, pour les gouvernants et puissants européens l’euthanasie (médicale, sociale et économique) constitue une variable d’ajustement radicale censée réduire les coûts d’entretien de personnes « improductives », « inutiles » à la société.
En ces temps troublés, le capitalisme occidental, renouant avec sa culture mortifère et ses démons génocidaires, s’apprête à livrer à la mort, et sa jeunesse endoctrinée et ses seniors vulnérables. La première, par la guerre généralisée déjà engagée en Ukraine (bientôt étendue à la Russie, puis à la Chine, cible principale de l’OTAN). La seconde, par la politique d’euthanasie (politique d’État nazi) en voie de légalisation dans tous les pays européens. Quant au reste de la population européenne, elle est déjà précipitée dans la paupérisation absolue du fait des mesures criminelles instaurées par tous les gouvernements européens : sanctions économiques irrationnelles contre la Russie, orchestration des pénuries des matières énergétiques, de l’inflation spéculative. Les populations européennes, après avoir été gouvernées par la peur (terreur) au moment de la pandémie de Covid-19 politiquement instrumentalisée, elles sont désormais gouvernées par la mort. La mort est devenue leur unique horizon (oraison) funèbre.
L’Europe et son addiction à ses activités compulsives guerrières
Ainsi, l’Occident, en particulier l’Europe, renoue avec sa culture de la mort, ses traditions mortifères, ses mœurs macabres. Cela a commencé avec le Covid où l’Occident aura profité de l’opportunité virale épidémique pour faire le vide démographique, c’est-à-dire se vider de ses habitants surnuméraires (sur 6 millions de décès liés au Covid, plus de 70% des morts ont été enregistrés en Occident décadent et sénile : 2,3 millions en Europe otanienne, 1,1 million aux États-Unis, sans compter les autres pays occidentaux, Australie, Canada, etc.). Cela continue avec la guerre en Ukraine, provoquée, attisée et alimentée par les pays atlantistes, première étape de la guerre généralisée planifiée par l’Occident belligène.
Somme toute, l’Europe parachève sa politique exterminatrice, outre par l’application de mesures antisociales meurtrières, matérialisées par l’inflation spéculative socialement assassine et les pénuries énergétiques machiavéliquement orchestrées, par l’adoption de la loi légalisant la mise à mort des personnes âgées vulnérables. Ce n’est pas étonnant. Ni détonant. Au vrai, historiquement, depuis plusieurs siècles l’Europe vit constamment dans une atmosphère de guerre et d’extermination massive. En effet, si l’Europe aura démontré sa prééminence et son excellence, c’est en matière de massacres intra-européens et extra-européens. Par ses fratricides guerres entreprises sur son sol chrétien (guerres de religion), comme par ses expéditions génocidaires coloniales, esclavagistes, impérialistes, opérées dans les autres continents. Sans oublier ses deux Boucheries mondiales de 1914/1918 (20 millions de morts) et de 1939/1945 (60 millions de morts), perpétrées en plein siècle de la démocratie (bourgeoise), sur le continent européen prétendument « civilisé ». Comme l’histoire des deux Boucheries mondiales nous le prouve : autant la bourgeoisie occidentale est incapable de contrôler les forces productives du fait de l’anarchie de son système économique capitaliste, autant elle est également incapable de maîtriser les forces destructrices qu’elle déchaîne lors de ses récurrentes guerres. Dans les périodes troublées, la bourgeoisie occidentale dévoile sa véritable nature barbare, ses pulsions meurtrières, sa hideuse figure psychopathique. Parlant de la première puissance impérialiste contemporaine (qui est « venue au monde dégoulinant de sang et de saleté par tous ses pores, de la tête aux pieds »), l’écrivain Oscar Wilde avait écrit : « Les États-Unis d’Amérique forment un pays qui est passé directement de la barbarie à la décadence sans jamais avoir connu la civilisation. ». Au vrai, il aurait dû écrire « l’Occident ».
Décidément, l’Europe n’a jamais renoncé à sa culture de la mort, à son addiction aux jeux de massacre, c’est-à-dire à ses activités compulsives génocidaires. Son Addiction aux crimes de masse n’est plus à démontrer. On peut dire que la Guerre est l’opium de la classe dirigeante européenne.
Les dirigeants européens passent leur temps à se shooter à la poudre explosive, à se défoncer à mort (mais en faisant éclater les corps de leurs respectifs peuples et des autres peuples).
L’Europe (et son avorton, les États-Unis, ce « Frankenstein étatique », devenu le monstre dominateur, incontrôlable et exterminateur du monde) est dirigée depuis des siècles par des serial killers gouvernementaux. Des tueurs étatiques en série. Des chefs d’État psychopathes, qui n’hésitent pas à appuyer sans état d’âme sur le Bouton nucléaire (Hiroshima et Nagasaki), à ériger des camps d’extermination (Hitler), à décimer le jour de la fête des Libérations nationales du joug nazi des milliers d’habitants d’un pays colonisé, car ils se sont joints aux festivités des Libérations pour réclamer également l’indépendance de leur nation : l’Algérie (Sétif, Guelma et Kherrata, 8 mai 1945). Cette France massacreuse réitérera son entreprise génocidaire au cours des années 1954-1962 en exterminant 1,5 millions de martyrs algériens.
Pour rappel, un tueur en série (serial killer) est un criminel auteur d’homicides qu’il réitère dans le temps. L’Europe, en l’espace de deux siècles, a commis les plus grands crimes de l’humanité, dans son espace géographique continental et dans tous les autres continents (guerres napoléoniennes, guerres de l’opium, guerres coloniales, guerres exterminatrices mondiales -1914-1918 et 1939-1945, guerres génocidaires, guerres de pétrole, guerres géostratégiques, guerres économiques, etc.).
L’Europe et son addiction aux « jeux de massacre »
Sur le chapitre de la planification industrielle de la mort, c’est-à-dire l’euthanasie, un autre argentier, conseiller des puissants, Jacques Attali, avait déjà préconisé cette solution finale médicalisée dans un livre publié en 1981 par Michel Salomon : « dès qu’il dépasse 60/65 ans, l’homme vit plus longtemps qu’il ne produit et il coûte alors cher à la société. » (…) « En effet, du point de vue de la société, il est bien préférable que la machine humaine s’arrête brutalement plutôt qu’elle ne se détériore progressivement ». (…) « L’euthanasie sera un des instruments essentiels de nos sociétés futures dans tous les cas de figures. Dans une société capitaliste, des machines à tuer, des prothèses qui permettront d’éliminer la vie lorsqu’elle sera trop insupportable, ou économiquement trop coûteuse, verront le jour et seront de pratique courante. ». Quand on sait que tous les gouvernants occidentaux inhalent la funèbre « philosophie attalienne », on comprend mieux pourquoi leur gouvernance exhale (exalte) la mort. Comme le notait un auteur, « l’euthanasie n’est qu’une mesure d’économie pour éviter d’avoir à construire de nouveaux hospices ».
À notre époque contemporaine, quoique la mort constitue l’étape finale naturelle de notre vie, elle semble, grâce notamment aux progrès extraordinaires de la médecine, avoir disparu de notre univers mental et de notre perception visuelle. En particulier, dans les sociétés développées occidentales où l’espérance de vie ne cesse de croître, où les guerres et les famines semblaient avoir disparu de leur paysage social (du moins jusqu’à présent car, à la faveur de la récession économique actuelle, la famine comme la guerre risquent de perturber cet ordonnancement paisible existentiel occidental). Ainsi, les limites de la mort auront été considérablement reculées, à tel point que la vie s’apprêtait à tutoyer l’immortalité, selon les vœux de nombreux bonzes amateurs de sciences fictions. En effet la tentation de prolonger indéfiniment la vie enflamme régulièrement le cerveau de certains scientifiques extravagants, notamment des médecins stipendiés par les Big Pharma, adeptes de l’acharnement thérapeutique. Car, du point des intérêts du « capital pharmaceutique », la mort (naturel ou provoquée) priverait l’industrie de la santé, des médicaments et des vaccins de leurs lucratifs clients.
De nos jours, la mort est vécue comme un échec de la médecine et de la société (une perte financière pour l’industrie pharmaceutique), qui n’ont pas su pérenniser la vie. La mort est devenue un affront à la dignité de l’homme moderne pétri d’orgueil scientifique. Presque un scandale, voire une anomalie. Pourtant, hier encore, la mort fauchait des êtres dans la fleur de l’âge : la mortalité infantile était très répandue, celle des femmes lors de l’accouchement également fréquente. La mort rythmait le cours de l’existence, elle partageait la vie de nos aïeux à la longévité très brève. Le deuil habitait leur maison dès le seuil de la vie souvent abrégée par la maladie ou la malnutrition. Les cimetières ceinturaient leur village ou étaient érigés comme des monuments au centre du village constamment endeuillé. Les enterrements cadencés la vie des villageois. La mort, l’enterrement et le deuil réglaient la vie ritualisée de nos prédécesseurs. Ces moments étaient solennisés. La mort côtoyait amicalement la vie. Toutes les deux cheminaient ensemble à un rythme accéléré, la mort triomphant de la vie rapidement essoufflée faute de nourriture et de médication.
Depuis plusieurs décennies, tous ces rites funèbres avaient disparu du paysage social. La mort était occultée. Elle était devenue un sujet tabou. Dans les villes, la majorité des personnes mourraient incognito à l’hôpital, dans l’anonymat familière, souvent dans la solitude, après avoir été maintenues en survie à l’aide d’appareils médicaux déshumanisés, afin de prolonger médicalement leur vie pourtant morbide, pour le grand le bénéfice de l’industrie de la santé mercantile et des firmes pharmaceutiques. Ces deux institutions ne doivent leur florissante existence économique et surtout leur bonne santé financière qu’à l’accroissement illimité du nombre de malades et à la multiplication de pathologies chroniques générées par le mode de vie urbain toxique et l’alimentation industrielle délétère – le surgissement incontrôlé du Covid-19 en Occident est l’expression du délabrement de son système de santé, et, surtout, de la dégradation de ses défenses immunitaires, engendrés par le vieillissement et la pathologisation de sa population nourrie aux produits toxiques et gavée de psychotropes, ces pilules du bonheur frelaté capitaliste. Il faut rappeler que de multiples pathologies chroniques tuent chaque année, depuis plusieurs décennies, des millions de personnes : maladies cardiovasculaires 18 millions, le cancer 9 millions.
Khider MESLOUB