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December 9, 2025

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La rhétorique macronienne , un instrument linguistique néocolonial

Le président français Emmanuel Macron symbolise aujourd’hui l’errance de la politique française. Le locataire du Palais de l’Elysée incarne aujourd’hui le déclin de la France et la langue de Molière, en débat il y a quelques jours à Djerba en Tunisie, à l’occasion du Sommet de la Francophonie.

Le président français pense que le déclin de la langue française dans les régions du Maghreb et du Sahel, est liée en partie à la résistance politique, et récemment à la prétendue présence militaire russe au Mali.
Sur ce registre, Macron se trompe car les pays très proches de la France comme le Gabon, le Cameroun ou le Rwanda, ont émis le vœu d’intégrer le Commonwealth et de faire de l’anglais, la première langue officielle du pays, en reléguant le français à un second plan. Pour ces pays, l’anglais est la langue du business et de l’économie des connaissances.

Dans le même cadre, il faut souligner la volte-face du président français en ce qui concerne l’octroi des visas aux maghrébins, notamment les étudiants. Le président français Emmanuel Macron a défendu, à l’occasion du sommet de la francophonie en Tunisie, sa politique de restriction des visas accordés aux ressortissants algériens, marocains et tunisiens, sachant que lors de sa visite en Algérie, le locataire du Palais de l’Elysée insistait sur la promotion des échanges culturels entre Alger et Paris.

Néocolonialisme linguistique

Pour beaucoup d’africains, le français est devenu l’instrument du néocolonialisme à s’en débarrasser, et ce n’est pas l’arrogance de l’Establishment français et des promoteurs de la Françafrique, qui vont barrer la route à ce mouvement panafricaniste qui gagne de plus en plus du terrain. Et pour mieux expliquer ce revirement, Algérie 54 revient sur la visite d’Emmanuel Macron au Burkina Faso en 2017 et sa rencontre avec les étudiants burkinabé, et sa réponse au sujet des coupures de l’électricité à l’université d’Ouagadougou, dans le but de montrer un président néocolonial qui appartient à cette jeunesse française qui n’avait participé à l’expédition coloniale et qui se revendique de cette jeunesse qui veut se tourner vers l’avenir sans tabous et sans obsessions. Aujourd’hui, ce n’est plus de la plaisanterie, Macron devra faire face aux coupures d’électricité dans son pays dans un hiver qui sera rude.

Mardi 28 novembre 2017,  Emmanuel Macron présente, dans l’amphithéâtre de l’université de Ouagadougou et se prête au jeu des questions-réponses. En abordant le sujet des coupures d’électricité et de climatisation qui affecte l’université (à partir de 10:44 dans la vidéo) : «Nous allons demain ouvrir une centrale. J’ai dit quel était l’engagement de la France en matière de renouvelable, et l’engagement que nous allons faire en termes d’investissements dans l’entrepreneuriat, dans les entreprises, pour aider justement le Burkina Faso et tous les pays de la région à développer l’énergie et à lutter justement contre les coupures.»

Et c’est là que débute le passage qui fait l’objet de toutes les exégèses. «Mais vous m’avez parlé comme si j’étais le président du Burkina Faso !» Face aux rires et aux applaudissements, Emmanuel Macron s’interrompt et tente de reprendre la parole plusieurs fois. «Et quelque part, interrogez-vous […] sur le sous-jacent psychologique qu’il y a derrière votre interpellation et l’enthousiasme que ça a créé, intime le président français. Vous me parlez comme si j’étais toujours une présence coloniale.»

Et de lancer : «Mais moi je ne veux pas m’occuper de l’électricité dans les universités au Burkina Faso ! [acclamations, longue pause] C’est le travail du président [applaudissements].» Le président en question, Roch M.C. Kaboré, décide alors de s’éclipser avec quelques membres de son équipe, ce que remarque Emmanuel Macron, qui lui lance, tout sourire : «Du coup, il s’en va… Reste là !» A ce moment-là, l’image de la caméra de France 24 permet d’apercevoir un président burkinabé qui salue d’un geste de la main l’assistance en quittant la scène.

Et Macron enchaîne : «Du coup, il est parti réparer la climatisation», avant de conclure sa réponse «plus sérieusement». Alors qu’un autre étudiant prend la parole, Emmanuel Macron se tourne vers la porte par laquelle Kaboré est sorti, probablement pour s’adresser au staff qui n’a pas quitté la salle avec lui. Il interroge du regard, en montrant la chaise laissée vide par le chef de l’Etat africain.

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