Par: Mohamed Taleb
Le génocide en cours à Ghaza depuis octobre 2023 marque une ascension exceptionnelle du mécanisme génocidaire. Une industrie génocidaire sioniste déployée avec extrême arrogance sur une population civile sans défense et transmise en direct par les supports médiatiques au grand public, une montée prodigieuse de la machine dévastatrice et assassine sioniste, adoubée de l’Intelligence artificielle, le dernier cri du progrès technologique, au service de la destruction de l’humanité.
Les pays occidentaux, imbus de leur complexe de supériorité, dont les États-Unis et l’Europe accablée par le poids insupportable de son passé antijudaïque et antisémite qui a culminé avec l’Holocauste, ont, pour se racheter, approuvé et soutenu Israël dans son entreprise infernale contre les Ghazaouis et les Palestiniens de Cisjordanie., mettant à sa disposition tout un arsenal politique, militaire, financier et médiatique, pour la mise œuvre d’un rouleau compresseur sioniste à des fins de nettoyage ethnique, infrastructurel et territorial.
L’impitoyable régime sioniste assume parfaitement le rôle de successeur légitime de la barbarie du régime nazi avec une hausse considérable au niveau de la qualité du travail accompli: une population civile décimée sinon ébranlée et un territoire à 90% rasé au sol, une apocalypse humanitaire réalisée avec le progrès technologique.
Dans son étude « Auschwitz, Marx et le XXème siècle », le philosophe Enzo Traverso1, soutient l’idée que l’Holocauste serait d’une part le point d’arrivée d’une moderne Guerre de Trente ans et depuis 1914 et d’autre part, tout en excluant le mécanisme de l’automatisme, l’aboutissement d’un colonialisme occidental conjugué à un racisme biologique et à la modernité. Pour Traverso, l’organisation de la machine meurtrière nazie représente une synthèse de structures industrielles, militaires et pénitentiaires de la société moderne, articulées en fonction d’un projet d’élimination raciale.
Traverso cite également le sociologue polonais Zygmunt Bauman, lequel pense que «Auschwitz fut pensé et réalisé dans le cadre de notre civilisation, à l’apogée de son développement culturel et humain, c’est pourquoi il s’agit d’un problème de cette société, de cette civilisation et de cette culture.
La modernité d’Auschwitz ne tient pas exclusivement aux usines de la mort, mais aussi à son arrière plan culturel, façonné par une rationalité bureaucratique qui postule une gestion administrative sans aucune interférence d’ordre éthique ».
Ces observations pourraient certainement trouver un champ d’application dans le contexte actuel ghazaoui où les termes comme colonialisme, structures pénitentiaires, racisme, modernité etc. sont très facilement identifiables.
Le génocide et l’intention génocidaire a été dénoncé avec force par Francesca Albanese1, rapporteur aux Nations Unies, au point d’être constamment accusée d’antisémitisme. Son rapport, « Anatomie d’un génocide », datant d’avril 2024. Elle écrit entre autres: « …Le génocide israélien contre les Palestiniens de Gaza est une escalade qui s’inscrit dans un processus d’effacement par colonisation de peuplement, engagé de longue date.
Depuis plus de soixante-dix ans, Israël étouffe le peuple palestinien en tant que groupe − démographiquement, culturellement, économiquement et politiquement – en s’employant à le déplacer, à l’exproprier et à contrôler ses terres et ses ressources.
La Nakba en cours doit être stoppée et le préjudice doit être réparé une fois pour toutes. C’est un impératif et un devoir envers les victimes de cette tragédie qui aurait vraiment pu être évitée, ainsi qu’envers les générations futures de ce pays…Elle considère notamment que les dirigeants exécutifs et militaires israéliens ainsi que les soldats israéliens ont intentionnellement dénaturé les principes du « jus in bello et subverti » (droit en temps de guerre et subversion) leurs fonctions protectrices dans le but de légitimer la violence génocide à l’égard du peuple palestinien… ».
Quelques mois plus tard, le 5 décembre 2024, Amnesty2 International arrive, à l’issue d’une enquête, à la conclusion qu’Israël commet un génocide à Ghaza et dénonce également « l’intention spécifique d’Israël de détruire physiquement la population palestinienne, déclarations déshumanisantes et génocidaires des responsables gouvernementaux et militaires israéliens, en particulier aux plus hauts niveaux, du système d’apartheid imposé par Israël, de son blocus inhumain de la bande de Gaza et de son occupation militaire illégale du territoire palestinien depuis 57 ans ».
Dans un discours de Josep Borrell3, en présence du Roi d’Espagne, ex. représentant de l’Union Européenne pour les Affaire étrangères a déclaré ce 9 mai 2025, entre autres : « …nous fournissons la moitié des bombes qui tombent sur Gaza… »
Le peuple palestinien est en train de vivre une deuxième Nakba encore plus douloureuse peut-être de la première. Le texte qui suit, un concentré sur les origines de la première Nakba qui a eu lieu en 1948, trois années après la fin de la 2 ème Guerre mondiale, est une mise en relief des étapes fondamentales et des phases cruciales qui ont mené à la tragédie palestinienne.
1 – Voir Link : A/HRC/55/73
2 – Voir Link : Israël et territoire palestinien occupé. Une enquête d’Amnesty International conclut qu’Israël commet un génocide contre les Palestiniens et Palestiniennes à Gaza – Amnesty International
3 – Voir Link: Borrell, sobre Trump, Putin y Xi: « De los tres, hay dos que son más inteligentes que el tercero; lo que pasa es que el tercero no lo sabe »
1917: Déclaration Balfour
L’Empire britannique, en pleine 1ère guerre mondiale, s’arroge le droit de disposer, en toute liberté, d’un territoire palestinien, qui ne lui appartient pas (encore sous tutelle ottomane) pour l’octroyer à une organisation sioniste qui aspire à y fonder un Foyer juif pour une peuple juif, « sans terre » selon le slogan sioniste « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Une véritable escroquerie, en dehors de toute légalité1 et de toute légitimité (la Société des Nations -SDN ne sera fondée qu’en 1919 et le mandat britannique de la SDN pour cette région ne sera opérationnel qu’à partir de 1922).
La Société des Nations, crée en 1919, quasiment sur injonction du Président Wilson, à partir de ses quatorze points concernant le droit aux nations à disposer d’eux-mêmes, est formée par les pays vainqueurs de la 1ère Guerre Mondiale et grandes puissances, aux orientations sous-tendues à une vision coloniale et dominatrice.
Texte de la déclaration Balfour sur la création d’un Foyer national juif en Palestine :

La guerre est devenue guerre mondiale à la suite de l’entrée en guerre des États-Unis.
Au courant de l’année 2016 et surtout vers la fin, les Britanniques et les Français se trouvaient en très mauvaise posture face aux puissances de l’axe en raison également de réduction de la contribution russe due aux efforts de guerre et à des troubles sociaux de grande envergure.
1 – La déclaration Balfour est incompatible avec la Convention N.IV de La Haye de 1907.
Voir : Morsee Al Smadi : Le droit international à l’épreuve de la question palestinienne : quel état palestinien ? Science
politique. Université Grenoble Alpes, 2012. P. 54-55
Partant de ce cas de figure, Allemands et Autrichiens, en position de force, proposent le 12 décembre 1916 un plan de paix aux Alliés avec un retour aux positions « ante bellum » (d’avant-guerre).
Le 18 Décembre 1916, le Président américain Woodrow Wilson réagit positivement face à l’initiative allemande du 12 Décembre et propose aux parties belligérantes de prendre en considération une « paix sans victoire »1.
En dépit d’une position de faiblesse sur le terrain, la France, les Britanniques et la Russie rejettent la proposition de paix de l’Allemagne et de l’Empire austro-hongrois le 30 décembre 1916, de même que celle du président américain.
L’Allemagne, devant ce refus, déclenche, à partir de février 1917, avec ses sous-marins, une offensive navale à outrance. Les États-Unis, qui, à travers le président Woodrow Wilson2, le 22 janvier 1917, proclamaient le droit des peuples de disposer d’eux-mêmes, déclarent la guerre le 6 avril 1917 à l’Allemagne, sous le prétexte du blocus du commerce maritime international par les Allemands et de la défense de la démocratie.
Les Sionistes, conscients de la tournure conjoncturelle et de la situation défavorable pour les Alliés, voyant la réalisation de leur projet de fondation d’un Foyer national juif en Palestine menacé, s’emploient à faire changer le cours des événements. Les Sionistes vont parvenir à faire entrer en guerre les États-Unis.
Alison Weir3 explique que la détermination coloniale britannique (et française) qui installa la légitimité internationale du colonialisme juif en Palestine en vue d’y créer une nation n’aurait pu être trouvée, sans l’efficacité de la stratégie diplomatique de la diaspora sioniste, qui négocia sans ambages par son service aux États européens la création consentie de sa nation, grâce à une activité de lobbying ininterrompue pour faire entrer les États-Unis dans la grande guerre contre l’Allemagne, au moment où les armées européennes s’épuisent sous le poids de leurs morts et la défection des Russes.
L’entrée en guerre des États-Unis a eu également des motivations de nature économique et d’ordre stratégique. La guerre, signifie pour les États-Unis, une offre considérable d’opportunités économiques pour nombre de secteurs industriels américains (pétrole, acier, infrastructures), en particulier pour le secteur militaire (armement) et un programme de fournitures de biens divers pour les pays européens alliés.
On assiste à une forme de keynésianisme avant la lettre au plan militaire, avec le cheminement des
1 – Gudrun Krämer (Professeure de Sciences islamiques – Université de Berlin) : « Geschichte Palästinas » (Histoire de la Palestine) – Verlag C.H. Beck 2002-2015, p.176.
2 – « Quand Wilson appelle au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, il parle des peuples blancs. C’est quelqu’un de raciste. Un des pires présidents ségrégationnistes de l’histoire des États-Unis. Donc les Arabes poseront problème parce qu’il ne sait pas s’ils sont blancs ou pas », constate l’historien français Henry Laurens.
3 – Voir Link : Qui a écrit la Déclaration Balfour et pourquoi : La connexion de la Première Guerre Mondiale – La Revue des Ressources
USA vers le statut de grande puissance, qui mènera une dizaine d’années plus tard au dépassement des empires coloniaux français et britannique.
La concrétisation de la Déclaration Balfour adviendra à la suite de la Conférence de paix de Versailles de 1919 et de la Conférence de San Remo de 1920. Un Mandat est assigné aux Britanniques pour l’administration d’une partie du Moyen-Orient (l’autre partie étant octroyée à la France, en vertu de l’Accord franco-britanniques Sykes-Picot de 1916), dont la Palestine, une décision qui sera approuvée et confirmée par la Société des Nations (créée en 1919) en juillet 1920.
Les Mandats britannique et français au Moyen-Orient ont été justifiés, au niveau de la Société des Nations (SDN), par l’incapacité des pays arabes, la Palestine, le Liban, la Syrie et l’Irak, auparavant sous l’Empire ottoman déchu, d’autogouvernance et d’assurer leur propre souveraineté.
Les Arabes sont rabaissés au stade infantile et considérés politiquement immatures et incapables de s’administrer eux-mêmes. Les points N.1 et N.4 de l’article 22 de la Charte de la SDN est assez explicite :
N.1 : « Les principes suivants s’appliquent aux colonies et territoires qui, à la suite de la guerre, ont cessé d’être sous la souveraineté des États qui les gouvernaient précédemment et qui sont habités par des peuples non encore capables de se diriger eux-mêmes dans les conditions particulièrement difficiles du monde moderne. Le bien-être et le développement de ces peuples forment une mission sacrée de civilisation, et il convient d’incorporer dans le présent pacte des garanties pour l’accomplissement de cette mission ».
N.4 : « Certaines communautés qui appartenaient autrefois à l’Empire ottoman, ont atteint un degré de développement tel que leur existence comme nations indépendantes peut être reconnue provisoirement, à la condition que les conseils et l’aide d’un mandataire guident leur administration jusqu’au moment où elles seront capables de se conduire seules. Les voeux de ces communautés doivent être pris d’abord en considération pour le choix du mandataire ».
Selon Frantz Fanon, « Le peuple colonisé est idéologiquement présenté comme un peuple arrêté dans son évolution, imperméable à la raison, incapable de diriger ses propres affaires, exigeant la présence permanente d’une direction ».
Les sionistes sont propulsés par les Britanniques pour la colonisation de la Palestine, une entreprise violente à l’encontre des principes du Mandat, de la Charte de la SDN et des principes wilsoniens dont le droit à l’autodétermination.
L’objectif des mandats était à l’origine, d’assister les populations locales administrativement, politiquement et économiquement avant l’acquisition de leur propre indépendance au bout de quelques années.
Révolte des Palestiniens – 1936-1939
La deuxième moitié des années 30 est marquée par l’arrivée massive de Juifs en Palestine, surtout à partir d’Allemagne en raison de leur persécution par le régime nazi mais également à travers le deal entre sionistes et nazis, le fameux Accord Haavara (Haavara-Vertrag), un programme de transfert de population qui a consenti à plus de 60.000 Juifs de rejoindre la Palestine entre 1933 et 1941, moyennant un mécanisme financier très avantageux pour le régime nazi.
La population1 en Palestine compte près de 385.000 Juifs en 1936, soit 28% de la population totale (en 1932, il y avait environ 192.000 Juifs soit 18% du total). Sous l’égide de l’Agence juive (fondée en 1929), naissent de multiples implantations sionistes illégales (plus de 50 villages entre 1936 et 1939) avec la technique « Tour et palissades ». Une technique qui permet de bâtir un nouveau village en quelques heures et de le fortifier afin qu’il puisse résister aux attaques qui ne manqueront pas de se produire dans les heures suivant sa création.
Les Juifs occidentaux (Allemagne) et orientaux (URSS, Pologne) de la 5ème Aliya (émigration juive vers la Palestine entre 1931 et 1939) forment une population très hétérogène socialement.
Toutes les classes sociales y sont représentées, libérale et bourgeoise avec certaines capacités financières, travailleuse, estudiantine etc. ainsi que les toutes les tranches d’âge, avec une prédominance de jeunes, choisis par les chefs sionistes pour leur aptitude à construire l’État juif.
Cette nouvelle dynamique, accompagnée des fonds injectés dans le cadre de l’Accord Haavara, va engendrer un certain développement dans différents secteurs productifs desquels seront totalement exclus les Palestiniens, dont surtout les classes paysanne et ouvrière.
Les paysans palestiniens sont obligés de quitter les campagnes pour les villes et accroitre les rangs des masses ouvrières peu qualifiées, elles-mêmes discriminées sinon exploitées au maximum par le capital industriel juif. La main-d’œuvre palestinienne est totalement exclue du marché du travail ou au mieux objet d’une concurrence impitoyable de la part des ouvriers juifs.
L’ascension2 du capital industriel juif constitue un danger également pour la classe bourgeoise citadine palestinienne, les entreprises industrielles juives formant plus que le double de celles sous contrôle palestinien.
La toile de fond sur laquelle va s’inscrire la révolte palestinienne est d’une part la lutte pour l’indépendance nationale et d’autre par la lutte contre l’établissement d’un Foyer national juif.
Mais les vraies raisons de la révolte se situent, selon Ghassan Kanafani3, dans les
1 – Voir Link : Demographics of Historic Palestine prior to 1948 – CJPME – English
2 – Pour plus de détails voir l’ouvrage : Mohamed Taleb – Palestine, le plus grand hold-up du XXème siècle. Éditions Apic 2019.
3 – Voir : Ghassan Kanafani : La révolte de 1936-1939 en Palestine – 1972
contradictions violentes que subit la société palestinienne arabe, toutes classes sociales confondues.
Le Cheikh Izz Al-Din Al-Qassam, syrien d’origine, né en 1882, considère que les conditions sont réunies pour un appel à la révolte, un avis qui n’est pas partagé par le Grand Mufti, Hadj Amin Al Husseini qui privilégie encore la voie diplomatique (il faut rappeler que Al Husseini a été nommé Grand Mufti de Jérusalem par les Britanniques).
La révolte éclate en 1936 avec un mouvement de grève générale qui va durer plus de six mois.
Le Haut Comité1 arabe est créé le 25 avril 1936, une organisation issue de l’élite clérico-féodale issue de plusieurs formations politiques palestiniennes, en majorité des clans rivaux des Husseini et des Nashashibi.
Des représentants de la classe bourgeoise, chrétiens et musulmans, y font également partie.
La présidence du comité fut confiée à Hadj Amin El Husseini. Selon Ghassan Kanafani, le Haut Comité n’était pas représentatif et ne reflétait pas la composition de classe palestinienne qui regroupait parmi les révolutionnaires une grande majorité issue de la classe paysanne.
Les monarchies arabes, craignant l’expansion du mouvement de révolte palestinien dans leur pays, sont compromises avec les autorités britanniques. Les conflits internes au sein même de l’élite palestinienne, sont elles aussi d’une certaine manière compromises avec les Britanniques.
Ces facteurs vont constituer les raisons endogènes pour le futur échec de la révolte. Kanafani situe les raisons essentielles de la défaite dans :
- l’absence d’une direction révolutionnaire
- l’individualisme et l’opportunisme des dirigeants de la révolution
- le manque d’un commandement central des forces de la révolution
- la faiblesse du Parti Communiste de Palestine
- la situation mondiale très peu propice aux Palestiniens
- Le dernier point prend en considération l’apport sans précédent et à tous les niveaux de
l’Organisation Sioniste Mondiale au projet sioniste en Palestine, le soutien des puissances coloniales
à la mouvance sioniste et sur le plan moral leur degré de sympathie envers les Juifs qui subissent la
persécution nazie.
Ghassan Kanafani, écrivain et journaliste palestinien meurt à l’âge de 36 ans, en même temps que sa nièce de 15 ans, assassiné le 8 juillet 1972 par une charge de dynamite placée sous sa voiture, à Beyrouth, par les services secrets israéliens. Porte-parole du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP), rédacteur en chef de l’hebdomadaire « Al Hadaf », romancier, auteur de plusieurs pièces de théâtre, dont l’œuvre est profondément enracinée dans la culture arabe palestinienne.
1 – Le Grand Mufti Amin al-Husseini le dirigeait depuis le Caire où il était installé avec l’appui égyptien. Les autres membres de la direction sont : Raghib al-Nashashibi, du Parti de la Défense nationale, Jamal al-Husseini, du Parti arabe palestinien, Yaqub al-Ghusayn, Abd al-Latif Salah, du Bloc National, Hussein al-Khalidi, du Parti Réformateur et Awni Abd al-Hadi, dirigeant du Parti de l’Indépendance qui en était également le Secrétaire Général.
Les raisons externes de l’échec de la révolte sont la violente répression britannique des masses paysannes palestiniennes, soutenue par les forces de la Haganah (avec près de 20.000 hommes en 1937, nombre porté à 40.000 en 1939) et les milices terroristes sionistes Irgoun, Stern avec plus de 3.000 hommes.
Les Britanniques avaient fait entretemps stationner en Palestine une armée plus importante que dans les Indes.
Pour porter le coup de grâce à cette résistance, les Britanniques ont également influencé les régimes arabes leur étant acquis, Arabie Saoudite, Transjordanie, Irak etc.., à intervenir auprès des Palestiniens pour endiguer leur soulèvement.
Les Britanniques, face aux revendications d’indépendance, de cessation de l’immigration juive, de l’interdiction de ventes ou transferts de terres aux Juifs, mettent en place également une commission, la Commission Peel, chargée d’enquêter et de trouver une solution aux problèmes et à la violence en
Palestine.
La Commission publie son rapport le 7 juillet 1937qui stipule que le mandat est devenu inapplicable et suggérait en même temps la partition de la Palestine, après consultation et approbation de la Société des Nations pour un plan de partition.

Le premier sommet panarabe (avec une centaine de personnes environ), qui devait se tenir à Jérusalem,
mais s’est tenu le 8 septembre 1937 à Bloudan1 en Syrie après refus des Britanniques, a rejeté les recommandations de la Commission Peel, a affirmé l’appartenance de la Palestine dans son intégralité au Monde arabe et a considéré la proposition à l’encontre de la promesse britannique pour un État palestinien indépendant.
L’Agence juive et l’Organisation sioniste mondiale ont rejeté également la proposition de la Commission de partition de la Palestine, étant jugée comme une violation de la Déclaration Balfour qui, pour les sionistes, promettait la création d’un Foyer national juif en Palestine.
Une commission technique, la Commission Woodhead, est chargée en 1938 d’étudier la faisabilité de la proposition Peel et a étudié 3 différents plans, parmi lesquels la solution adoptée serait soumise par le gouvernement britannique à l’examen du Conseil de la Société des Nations.
Il s’agit finalement de deux alternatives au Plan Peel, un plan B et un plan C, où diverses solutions sur les déplacements des populations palestiniennes, selon les territoires leur étant attribués,sont prises en considération. Même au sein de cette commission les avis ne sont pas unanimes sur les options finales.
La Commission finira, en novembre 1938, par rejeter la solution Peel et le
1 – Voir Link: Conférence de Bloudan de 1937 — Wikipédia
gouvernement1 britannique en conclue son impraticabilité en raison du déplacement forcé massif de
Palestiniens.
Face à cette impasse, le gouvernement britannique organise, entre le 7 février et 17 mars 1939 une conférence à Londres2 (Conférence du Palais Saint-James) regroupant les délégations arabe et
sioniste sous la direction de Malcom MacDonald, secrétaire d’État aux Colonies.
Les discussions ont lieu séparément avec les délégations arabe et sioniste. Les positions et les revendications des deux délégations sont contradictoires entre-elles.

Aucun résultat n’est atteint à l’issue des travaux qui ont duré près de 40 jours. Le gouvernement britannique décide de la proclamation unilatérale d’un « Livre Blanc » (de Malcom MacDonald) avec en son sein une série de mesures à mettre en application :
- 1 : Fondation dans un délai de dix ans d’un État palestinien regroupant Arabes et juifs, et lié par un traité à la Grande Bretagne. Le mandat prendra fin au terme de ces dix ans, sauf si les conditions sur le terrain ne le permettent pas, auquel cas la Grande-Bretagne consultera les représentants palestiniens et juifs, la Société des Nations et les États arabes, en vue de définir toute solution future.
- 2 : 75 000 immigrants juifs seront autorisés à venir en Palestine durant les cinq prochaines années. Au terme de cette période toute immigration sera soumise à « l’approbation des Arabes de Palestine».
1 – Voir Link: Déclaration de politique générale / Avis contre la partition – Secrétaire d’État britannique aux Colonies – Documentation britannique Cmd. 5893/Document non-ONU (11 novembre 1938)
2 – Voir Link: Conférence de Londres de 1939 — Wikipédia
3 : Les transferts de propriété aux juifs seront interdits dans certaines zones, soumis à conditions dans d’autres et libres dans le reste du pays.
Une comparaison entre les positions notées dans le tableau ci-dessus et les dispositions du « Livre
Blanc », nous permet de constater qu’il y a un certain rapprochement vers les positions de la délégation arabe.
Nonobstant ce changement de la position britannique, survenu vraisemblablement en raison de l’approche du conflit mondial, de la crainte des Britanniques d’un basculement des États arabes vers les puissances de l’Axe et de leur exclusion du Moyen-Orient (position stratégique, richesses pétrolières…), la délégation arabe rejette le Livre Blanc, rejet voulu par le Mufti Amin Husseini en raison du report sine die de l’indépendance.
Les sionistes rejettent également le « Livre Blanc », pour les raisons déjà citées, en Aout 1939, et réagissent avec une grève générale en Palestine.
Le déclenchement de la 2ème Guerre mondiale en 1939 engendre la suspension des activités de la Société des Nations et la question palestinienne va demeurer sans solution jusqu’en 1947.

Entretemps les sionistes « modérés » vont profiter, pendant la 2ème Guerre mondiale, du soutien britannique pour la formation et le renforcement de leurs troupes (création de la « Brigade Juive1» avec
environ 5000 soldats aux cotés des troupes britanniques).
Les sionistes radicaux et extrémistes (Irgoun, Stern…) vont se lancer dans des opérations de terrorisme, de sabotage et de violence et d’intimidation contre les Britanniques et bien entendu contre les Palestiniens.
1 – Voir Link : La création du groupe de la brigade juive – הציוני הארכ
Recensement des villages palestiniens par le Palmach (troupe d’élites)
Rona Sela1 écrivait en mai 2011 dans le quotidien israélien Haaretz2: « …Dans les années 1940, la Haganah a recueilli des informations détaillées sur des centaines de villages palestiniens et les a photographiés, dans de nombreux cas depuis le sol et aussi depuis les airs. Seules quelques dizaines de ces « dossiers de village » survivent dans les archives locales, mais leurs photos constituent un chapitre précieux et manquant de l’histoire palestinienne…
Les informations étaient généralement recueillies sous le couvert d’une leçon de nature visant à connaître le pays, ou pour des randonnées qui étaient courantes à cette époque.
Les éclaireurs (des jeunes scouts de la Haganah, l’armée sioniste clandestine avant 1948) ont systématiquement constitué une base de données d’informations géographiques, topographiques et
urbanistiques sur les villages, qui comprenait des descriptions détaillées des routes, des quartiers, des maisons, des bâtiments publics, des objets, des puits, des grottes, des oueds, etc. ».
Shimri Salomon3 , responsable des archives de la Haganah à Tel Aviv, auteur de recherches autour du
projet sur les villages arabes, révèle que l’étude était nécessaire pour les sionistes car pendant la révolte des Palestiniens en 1936 contre la puissance mandataire, les villages arabes constituaient les bases de départ et de repli des groupes armés palestiniens. Les données recueillies contenaient des informations détaillées sur les potentialités humaines et matérielles des villages, la topographie des lieux, les points d’eau, les hommes politiques etc.
1 – Voir : It Took a Village – Haaretz Com – Haaretz.com
Voir aussi : (PDF) « Scouting Palestinian Territory 1940-1948: Haganah Village Files, Aerial Photos and Surveys »,
2 – Wikipédia : Haaretz a été créé en 1919 à Jérusalem dans la Palestine mandataire par le dirigeant sioniste d’origine polonaise, Itzhak Leib Goldberg (1860-1935), sous le nom de Hadashot Haaretz (Nouvelles de la Terre [d’Israël]), un peu plus tard abrégé en Haaretz. Dans les années 1930, à cause de difficultés économiques, le journal a été vendu à David Cohen et son frère, et en 1935 a été acquis par Shlomo Zalman Schocken.
C’est le seul journal israélien à proposer à ses lecteurs une couverture régulière de l’occupation des territoires palestiniens. Ce sujet est couvert en particulier par Gidéon Lévy et Amira Hass, seule journaliste israélienne basée en territoire occupé.
3 – Voir Link : JQ-52-Sela-Scouting_Palestinian_Territory_1940-1948_1_0.pdf
Ces dossiers seront d’une extrême utilité pendant la guerre entre 1947 et 1948, bien avant la déclaration d’indépendance de Ben Gourion en mai 1948.
Selon Yitzhak Shefar1 , instructeur en chef du corps de campagne de la Haganah à Tel-Aviv et diplômé d’un cours d’officiers éclaireurs, l’idée de créer des « Fichiers Village » a été conçue simultanément par plusieurs personnes, tant au sein de l’état-major qu’au niveau des opérations sur le terrain.
Dans un livre publié en 1994, il affirmait avec Yisrael Spector, , membre de la Haganah et photographe, que les missions de reconnaissance étaient menées sous couvert d’excursions.
Pendant que les éclaireurs traversaient le village ou ses environs, la prise de photos serait perçue comme
« naturelle ».

Pour enrichir les informations, la direction de la Haganah décide de photographier les villages depuis les airs.
Pour contourner les interdits britanniques pour de telles activités, les photos aériennes étaient prises sous couverture d’activités touristiques, voire romantiques avec la participation de femmes, avec dissimulation de l’appareillage photographique. L’organisation Palmach, a été créée en mai 1941, au sein de la Haganah, organisation paramilitaire sioniste (formée à partir de milices, tolérées par les Britanniques, un corps armé pré-étatique et précurseur des Forces de défense israéliennes) entre 1920 et 1948, sous l’administration et le contrôle de l‘Agence juive, organe exécutif de l’organisation sioniste mondiale en Palestine et plus tard
gouvernement de la population juive en Palestine.
La Haganah sera dissoute et deviendra l’armée sioniste (Tsahal) à partir de 1948.
1 – Voir Link : JQ-52-Sela-Scouting_Palestinian_Territory_1940-1948_1_0.pdf
D’autres méthodes ont été utilisées par les sionistes pour le recueil et la récupération d’informations à travers le pillage de photographies et d’archives de corps et d’individus palestiniens, le pillage d’images et de matériel provenant de sources britanniques, formant ainsi un immense réservoir d’informations pour les forces sionistes.
L’objectif premier de cette politique de recueil d’informations, est le nettoyage ethnique de la Palestine, nommé par euphémisme le « Transfert ». L’architecte des futures opérations d’expulsion, de massacres et de nettoyage ethnique est Josef Weitz1 , d’origine russe, qui a mis en place les comités de transfert.
Josef Weitz s’exprimait en des termes clairs et précis : « … Il doit être clair qu’il n’y a pas de place sur ce territoire pour les deux peuples… Si les Arabes partent, le territoire deviendra vaste et spacieux pour nous… La seule solution est un pays… sans Arabes. Il n’y a pas de place pour le compromis ici…
Il n’y a pas d’autre solution que de déplacer les Arabes d’ici vers les pays voisins… Pas un seul village, pas une seule tribu, ne peut être laissé pour compte… Il n’y a pas d’autre solution…“.
Le travail accompli par Palmach et par Josef Weitz en collaboration avec le Fonds national juif (KKL en Hébreu) sera la feuille de route à disposition de la Haganah pour le nettoyage ethnique des Palestiniens en 1948.
1939-1941-1942 La solution finale pour les Juifs
Dès 1933, à l’arrivée au pouvoir de Hitler, des mesures pour la ségrégation et la persécution des Juifs
sont mises en place graduellement par le régime nazi. Racisme systémique et institutionnel, restrictions et boycott économiques accompagnés de violences diverses, sont à l’ordre du jour en Allemagne et, à l’approche de la 2ème Guerre mondiale, dans d’autres pays comme l’Italie avec l’introduction, le 18 septembre 1938, des lois raciales par le Duce Mussolini ou la France, un peu plus tard, sous le régime de Vichy à partir de 1940.
En 1939, en Allemagne, il est encore question de déportation et d’expulsion des Juifs du territoire allemand. Cette opération, vider le Reich de ses Juifs, s’étale jusqu’à environ la moitié de l’année 1941.
En 1933, il y avait 500.000 Juifs en Allemagne2 et en 1939 il n’y en a plus de 210.000. En octobre 1941, il y en a 163.000. En 1945, il n’y en a plus que 15.000 Juifs qui ont échappé à la déportation et ont vécu dans la clandestinité.
1 – Voir Link: Israel’s Architect of Ethnic Cleansing – Consortium News
2 – Voir Link : Vertreibung und Deportation der Juden aus dem Deutschen Reich | bpb

Date à laquelle il est question aussi de près d’un million1 de victimes á la suite de massacres contre les Juifs. Les mesures d’expulsion et de déportations sont cependant jugées insuffisantes par les dirigeants nazis.
Les documents ci-joints sont les trois premières pages du protocole de 15 pages de la conférence qui a regroupé des hauts dirigeants de la nomenklatura nazie le 20 janvier 1942, à l’initiative de Reinhard Heydrich, haut représentant SS. Cette réunion s’est tenue dans une villa à Wannsee (voir photo ci-dessous) près de Berlin.

Protocole de la réunion de Wannsee
1 – Voir Link: La conférence de Wannsee et la « solution finale de la question juive » (20 janvier 1942)

Mais les tueries et les massacres de Juifs ont débuté cependant bien avant la tenue en janvier 1942 de cette conférence et ce depuis au moins l’invasion de l’Union soviétique (Opération Barbarossa) par les Nazis à partir du 22 juin 1941. L’extermination des Juifs, bien que le moment exact de la prise de cette décision soit encore inconnu, a été entamée bien avant 1942.
La volonté d’attribuer au Grand Mufti de Jérusalem, Hadj Amin Al-Husseini, l’origine de cette décision ou pour le moins d’avoir inspiré le führer Adolph Hitler à adopter la « solution finale » pour les Juifs, lors de sa visite en Allemagne du 28 novembre 194, frôle le ridicule et relève de la démence.
Lors de cette rencontre, Hitler1 soutenait que « les motivations des nationaux-socialistes étaient de persévérer dans le combat sans merci contre les Juifs… », le Grand Mufti lui signifiait que les Arabes considéraient que ce sont les sionistes à l’origine des problèmes et non pas les Juifs, ce que Hitler lui reprochait en répondant que les Arabes sont un peuple sentimental et dont les convictions étaient dénuées de fondement scientifique comme c’était son cas personnel.
En ce sens, le criminel de guerre, Benjamin Netanyahou, avait soutenu en 2015 que l’idée de la « solution finale » était celle du Grand Mufti Al-Husseini, présentée à Hitler en novembre 1941.
À ce sujet nous signalons également la contribution de l’auteur et analyste Gilbert Achcar avec son ouvrage : « Les Arabes et la Shoa ». Achkar écrivait en outre, dans le Monde Diplomatique2 de mai 2010 : « Régulièrement, des ouvrages « découvrent » les sympathies nazies du leader palestinien Amin Al-Husseini ; régulièrement, les dirigeants israéliens en tirent parti pour dénoncer
1 – Voir Link: Mohammed Amin al-Husseini — Wikipédia
2 – Voir Link: Le grand mufti de Jérusalem, inusable outil de propagande, par Gilbert Achcar (Le Monde diplomatique, mai 2010)
l’antisémitisme congénital des Arabes. Car c’est bien l’objectif de ces pseudo-recherches historiques que de justifier l’occupation des Territoires et l’oppression des Palestiniens …».
Le dossier « solution finale » (Endlösung) a été pris en charge par Reinhard Heydrich le 31 juillet 1941, juste après l’attaque contre l’Union soviétique, sur demande de Hermann Göring1 qui s’exprimait en ces termes : « …Je vous charge de me présenter un plan général sur les dispositifs organisationnels et matériels pour l’exécution de la solution finale souhaitée pour la question juive… », une demande qui sera suivie par la convocation de la Conférence de Wannsee de janvier 1942 à Berlin.
Les déportations vers les camps d’extermination se poursuivront pratiquement jusqu’à la fin de guerre.
Le 19 avril 1943, les Juifs (en majorité des jeunes) du ghetto de Varsovie, non seulement persécutés mais souffraient également la faim (voir tableau ci-dessous), se sont révoltés avec les armes contre les déportations. Une révolte réprimée dans le sang et au prix de milliers de vies humaines.
Une tragédie qui est commémorée encore de nos jours.
Le poids de la culpabilité oblige, les pays occidentaux et leurs instances politiques, au-delà de leurs appuis multiformes aux sionistes, considèrent actuellement cet évènement tragique comme un haut symbole de la résistance contre le régime nazi. Mais ceci n’est pas valable pour les Palestiniens qui résistent actuellement contre le sionisme génocidaire.

1 – Voir Link: http://www.deutschlandfunk.de/die-organisierte endloesung.1184.de.html?dram:article_id=185482.
1942 : la Mosquée de Paris
L’entité sioniste et les sionistes, à travers la Hasbara et leur puissante machine médiatique, ont, d’une part, toujours alimenté l’antisémitisme et d’autre part, toujours affiché le prétendu antisémitisme des musulmans et des Arabes, jusqu’à en faire remonter l’origine au Prophète Mohammed en personne.
Le Prophète est tenu par les sionistes pour le responsable, voire le commanditaire de l’élimination physique des membres de la tribu juive des Bani Qurayza, à la suite de la Bataille de la Tranchée en l’an 627.
Pour les sionistes, un acte qui aurait pour origine une haine viscérale envers les Juifs et depuis, tous les musulmans de la planète auraient hérité de cette tendance lourde.
Le Prophète a été avant tout le messager de Dieu, mais aussi un homme politique et un chef militaire,
essentiellement avec l’Hégire, l’exil de la Mecque pour Médine (ex. Yathrib) en l’an 622 ap. J.C.
Médine était habitée à cette époque par plusieurs tribus et communautés, musulmanes, chrétiennes,
juives et païennes.
En tant qu’homme politique, le souci principal du Prophète était l’organisation d’un vivre ensemble entre toutes les communautés de Médine. Son travail en ce sens a abouti à l’établissement d’un ensemble de règles, regroupées dans un texte fondamental : la Constitution1 de Médine ou Charte de Yathrib ou encore la Sahifa, une première dans l’histoire de l’humanité.
Un document dont le caractère révolutionnaire est reconnu par moult historiens et chercheurs, un document définissant les modalités de vie communautaire et transcendant toute appartenance religieuse ou ethnique.
Toutes les communautés ont souscrit à cette charte, dont la totalité des tribus juives et dont celle de Banu Qurayza.
La tribu des Quraisch s’est distingée non seulement par un refus d’adhésion à cette convention mais par une ouverture des hostilités envers le Prophète menant à la fameuse Bataille de la Tranchée. La bataille à laquelle tribu des Qurayza s’est coalisée avec la tribu des Quraisch contre le Prophète.
Les affrontements entre les différentes factions se sont soldés par la défaite de la coalition contre le Prophète et les Qurayza ont reconnu leur allégeance aux Quraisch. Les Qurayza furent soumis, avec leur consentement, au jugement de Sa’ad ibn Mu’adh, un Juif de la Tribu des Bani Aws, qui devait juger l’affaire selon les lois et les traditions juives (Deuteronome 20 :10-14) et non pas selon la loi coranique.
1 – Voir Link : http://antikezukunft.de/2014/12/19/massakrierte-muhammad-900-juden-an-einem-tag/
- Voir aussi : L’historien britannique, Peter Frankopan, mentionne, dans son ouvrage « Lumière de l’Orient» (édition allemande: Licht aus dem Orient ; édit. Rowolt Berlin-2016, page 127) : le document officiel rédigé par le Prophète Mohamed qui stipulait les droits et devoir des citoyens des « Gens du Livre », c’est-à-dire Chrétiens et Juifs au sein de la communauté musulmane.
- Voir aussi : Le Prof. Eberhard Serauky (Serauky, Eberhard: Geschichte des Islam, Berlin 1991, p. 89) précise que „ l’authenticité du document est hors de doute… »
Sa’ad ibn Mu’adh en décida autrement et prononça un jugement de condamnation pour trahison des Bani Qurayza, selon la tradition israélite concernant les délits commis en temps de guerre, qui prévoyait, en cas de haute trahison, l’exécution des hommes et la mise en captivité des femmes et des enfants ainsi que de la confiscation de leurs biens au profit des musulmans.
Au cours de la 2ème Guerre mondiale, sous le régime de Vichy en France, à partir de 1942, la Mosquée1 de paris avait joué un grand rôle dans la protection des Juifs, persécutés par les hordes nazis et pétainistes.
Le recteur de la Mosquée, Si Kaddour Ben Ghabrit, s’est distingué par son engagement pour les Juifs, pour leur avoir offert un abri au sein de la Mosquée, fourni des faux certificats d’identité prouvant leur appartenance à la religion musulmane et pour avoir facilité leur évasion.
Selon le témoignage du juif nord-africain, Albert Assouline, quelques 1600 Juifs ont bénéficié du soutien de la Mosquée et ont pu être évacuésvers le Maghreb ou vers l’Espagne.
D’autres personnages ont été bénéficiaires également de l’aide de Si kaddour Ben Ghabrit, tels le chanteur juif algérien, Salim Halali, originaire de Souk-Ahras ou encore le père adoptif de Phillipe Bouvard (célèbre animateur de télévision, décédé), le Juif Jules Luzzato.

La Mosquée fut l’objet de contrôle et d’observation de la part des autorités pétainistes. Le document ci joint renseigne sur les soupçons de ces derniers sur les activités de la Mosquée depuis septembre 1940.
En 1945, la France et l’Europe fêtent leur libération du joug nazi le 8 mai pendant qu’un massacre de 45.000 Algériens est perpétré par le pouvoir colonial à partir de cette date et ce pendant trois jours au moins.
L’aide et le soutien apportés aux Juifs par la Mosquée de Paris sont généralement ignorés par le monde politique en France voire, comme le fait Michel Renard2 , diminués et réduits à minima, à une aide occasionnelle et banale au profit de quelques personnes.
Ethan Katz3 s’exprime ainsi à ce sujet : « …Le silence de la plupart des politiciens français et des
1 – Voir Link : The Great Mosque of Paris That Saved Jews During the Holocaust – Haaretz Com Haaretz.com
2 – Voir Link : Si Kaddour Ben Ghabrit, un « juste parmi les nations » ? – études-coloniales
3 – Voir Link: La Mosquée de Paris a-t-elle sauvé des juifs ? Une énigme, sa mémoire, son histoire
représentants juifs signifie le refus de situer les musulmans à l’intérieur de la mémoire et de l’imaginaire nationaux.
Une telle attitude est particulièrement saisissante à la lumière de la reconnaissance tardive accordée, pour services rendus à la nation, à de nombreux groupes d’anciens sujets de l’Empire colonial au cours de deux guerres mondiales… ».
1942 : Les Alliés étaient bel et bien au courant
Le média allemand Deutsche Welle1 (Onde allemande) a informé en avril 2017 sur les archives de l’Holocauste des Nations Unies sur le niveau de connaissance des Alliés concernant l’Holocauste :
« … Les dossiers indiquent clairement que les forces alliées connaissaient davantage les détails du
système de camps de concentration nazis avant la fin de la guerre qu’on ne l’avait généralement pensé
- grâce en partie aux dossiers recueillis par les gouvernements exilés de la Belgique, de la Pologne et de la Tchécoslovaquie… Jan karski2 , un résistant polonais, a été un témoin majeur de ce qui se tramait à Auschwitz. Il avait réussi, avec la complicité de surveillants du camp de concentration, à obtenir des informations de première importance concernant l’extermination des Juifs. Il a été chargé de les transmettre sous formes de trois messages adressés aux Alliés :
1- Demander de l’aide aux Alliés afin qu’ils mènent une action contre l’extermination et la rendent publique aux yeux du monde entier
2- Demander des armes à la Résistance polonaise en vue de la révolte du Ghetto de Varsovie, déjà en préparation
3- Mobiliser les leaders juifs américains afin qu’ils exercent une pression continue sur leur gouvernement tant qu’une action n’aura pas été menée
Le rabbin Yeshaya Dalsace3 nous rapporte que les trois messages n’ont jamais obtenu de réponse et que : « … les Alliés n’ont pratiquement rien fait de sérieux, la Résistance polonaise n’a pas fourni d’armes au Ghetto10 et les dirigeants juifs d’Amérique ou de Palestine n’ont pas remué ciel et terre.
Ce sentiment d’abandon fut exprimé dans son journal à l’été 1942 par Emmanuel Ringelblum, historien et chroniqueur tragique du Ghetto: « Pourquoi le monde est-il silencieux quand des dizaines de milliers de Juifs sont empoisonnés à Chelmno ?… ».
Pour les gouvernements alliés, la situation des Juifs ne constituait pas leur priorité, il s’agissait plus de voir les choses de manière globale avec le but principal de faire tomber le régime nazi.
1 – Voir Link: http://www.dw.com/en/un-holocaust-files-reveal-allies-knowledge/a-38498671 maca=ennewsletter_en_Newsline-2356-html-newsletter
2 – Voir Link: https://fr.wikipedia.org/wiki/Jan_Karski
3 – Voir Link: Yeshaya Dalsace : Mémoire, Histoire et conscience Voir : http://dorvador.org/IMG/pdf/Jan_Karski-2.pdf
Raoul Hilberg1 résume ainsi la situation : « Pour l’Union soviétique, la Grande-Bretagne et les EtatsUnis, le sauvetage des Juifs ne constituait pas une priorité. De 1941 à 1945, ces trois pays tournaient toute leur attention vers la guerre, comptabilisant leurs pertes et leurs acquis au combat, et songeant déjà à leurs sphères d’influence respectives une fois que l’Allemagne aurait capitulé. […] la décimation très réelle des populations asservies par l’Allemagne et ses associés représentait au mieux une source de préoccupation annexe.
Commençons d’abord par dire que l’Union soviétique, avec vingt-sept millions de victimes, a payé le plus lourd tribut à la guerre par rapport aux autres pays alliés. Les États-Unis se sont engagés dans le conflit avec 400.000 soldats contre 4 millions de soldats allemands. Ils espéraient gagner car le gros du travail avait été réalisé par les Soviétiques. C’est à l’issue de la bataille de Stalingrad, unique en son genre, qui a duré deux-cent jours (17 juillet 1942-2 février 1943) que le sort de la guerre a totalement basculé.
Le Vatican, instance morale suprême du monde occidental, a observé un silence des plus embarrassants et des plus encombrants pour l’Église face aux crimes nazis. Devant les quelques protestations de l’Eglise allemande, les Nazis ont rétorqué qu’ils ne faisaient que continuer le travail entamé quelques siècles auparavant par l’Église elle-même. Toutefois à titre individuel beaucoup d’hommes d’église sont venus en aide à leurs prochains, victimes de persécution.
1942 : Conférence sioniste de Biltmore
Après l’entrée en guerre des États-Unis en 1941, dans un premier temps contre le Japon après l’attaque de Pearl Harbour du 7 décembre 1941, les responsables sionistes basculent en direction d’un partenariat avec les Américains, tout en maintenant le contact avec les Britanniques.
Le conflit, devenu ainsi mondial, l’URSS étant en guerre depuis le 22 juin 1941 suite à l’invasion allemande, va accélérer le phénomène migratoire des Juifs vers la Palestine et vers d’autres pays, principalement les États-Unis, mais dans des proportions minimales.
En mai 1942, se tient à l’hôtel Biltmore2 de New York, un congrès international sioniste avec plus de 600 participants, au cours duquel la frange sioniste guidée par David Ben Gourion et Chaim Weizman est majoritaire et réussit à imposer sa vision sur le futur du « Foyer national juif » face à la composante sioniste révisionniste extrémiste. Pour Ben Gourion et Weizman, il s’agit en cette période d’oppressions nazies, de la création d’un Commonwealth en Palestine où « les Juifs et les
1 – Cité par Yeshaya Dalsace
2 – Voir : Nadine Picaudou : Les Palestiniens, un siècle d’histoire. Le drame inachevé. 1999 – Éditions Complexe. P.98
Arabes vivraient ensemble de façon harmonieuse et dans le respect réciproque », mais d’un Commonwealth sous la direction des sionistes. « …Sa construction1 nécessitera un effort maximal de
la part de tout le peuple juif, en Diaspora et en Palestine.
Dans le cadre de cette grande cause humaine, l’Amérique, l’Angleterre, la Russie et d’autres nations qui défendent l’humanité sont susceptibles de nous aider. Mais nous devons faire le travail nous-mêmes.
La Palestine sera aussi juive que les Juifs la rendront juive… ».
La frange extrémiste, galvanisée par les révisionnistes et terroristes Menachem Begin et Itzhak Rabin (tous deux occuperont plus tard la charge de Premier ministre), luttent pour l’établissement immédiat d’un État juif en Palestine, un Grand Israël (voir carte ci-jointe) qui incluait la Transjordanie et duquel dépendrait la survie du peuple juif. Cette frange demeure encore minoritaire à cette époque.

La population juive2 en Palestine passe de 83.790 (11% du total) en 1922 à 484.804 (30% du total) en
1942, une augmentation de 400.000 personnes en 20 ans. Ce qui n’est pas du tout satisfaisant pour
Ben Gourion (qui préside la conférence avec Weizmann), et pour qui l’objectif signifiait : atteindre une présence décisive pour les Juifs via le sionisme et l’influence de son mouvement à exercer sur les grandes puissances pour l’acceptation des frontières de l’État sioniste.
1947 : Le Plan de partage de l’ONU
Juste avant le début du conflit mondial, il a été question du « Livre Blanc » de Malcom MacDonald qui présentait une solution à la question palestinienne, laquelle fut rejetée par les délégations arabe et sioniste, pour des raisons opposées.
Pendant le conflit, les sionistes ont gardé le contact avec les Britanniques en s’engageant à leurs côtés (Brigade juive) durant le conflit. Mais une guerre des sionistes contre les Britanniques,
1 – Voir Link : 1942-5-May-11-Biltmore-Program-PICS.pdf
2 – Voir Link : Demographics of Historic Palestine prior to 1948 – CJPME – English
souterraine à partir de 1939, devient manifeste à partir de 1944 à travers une campagne d’attentats divers, dirigés contre des soldats et objectifs britanniques mais également contre les Palestiniens.
À l’issue de la guerre, en Juillet 1945, le rapport Harrison1, portant sur les conditions de vie dans les camps des personnes déplacées en Europe, est publié aux États-Unis.
L’Agence Juive saisit l’occasion pour demander, en juin 1945, 100.000 permis d’immigration vers la Palestine pour les Juifs déplacés (mesure qui sera appuyée par le nouveau président Truman, élu après la mort du président Roosevelt).
S’ensuit une commission d’enquête anglo-américaine, mise en place en janvier 1946, et qui publiera un rapport le 20 avril 1946, après avoir enquêté dans diverses régions d’Europe et de Palestine sur les déplacés.
Un nouveau plan pour la Palestine, le Plan Morrisson-Grady, est la proposition conjointe angloaméricaine du 31 juillet 1946.
Un plan qui prévoyait la division de la Palestine en plusieurs provinces avec un certain degré d’autonomie pour les Palestiniens et pour les Juifs mais toujours sous domination britannique, et avec Jérusalem et le Néguev entièrement sous contrôle britannique.
Une conférence s’est tenue successivement avec les États de la Ligue arabe (fondée en 1945) à Londres pendant l’automne et l’hiver 1946-1947. Les sionistes n’y participent pas en raison des relations tendues avec les Britanniques.
La délégation arabe s’oppose à ce plan et demeure dans la conviction que tout projet d’autonomie mène à la partition de la Palestine.
La Grande Bretagne est par ailleurs en proie aux problèmes politiques en Inde et à l’ascension des revendications indépendantistes sous Gandhi (qui durent depuis 1920). Gandhi entame à partir de
1942 un mouvement de désobéissance civile « Quit India » (Quitter l’Inde) pour contraindre les
Britanniques à quitter l’Inde.
Si l’Inde accédait à son indépendance et la « Route des Indes » venait à disparaitre, il est évident que la Palestine perd de son importance première pour les Britanniques.
Cette sensation de « surcharge de contraintes diverses» se cristallise déjà pendant la révolte palestinienne de 1936-1939 qui a mené à l’élaboration du plan de partage Peel. Le plan fut alors rejeté par les Palestiniens et de manière non officielle par les sionistes qui acceptaient toutefois son principe mais divergeaient avec les Britanniques sur la nature du tracé territorial.
Par ailleurs la Grande Bretagne qui n’est plus la superpuissance d’antan doit s’incliner de plus en plus, dans un climat de guerre froide, devant l’émergence de deux puissances antagonistes, les États-Unis et l’Union Soviétique.
1 – Earl G. Harrison, avocat, fut nommé par le président Roosevelt en mars 1945 pour l’enquête.
Après les multiples échecs dans ses tentatives de ramener le calme et la stabilité en Palestine, les diverses initiatives anglo-américaines d’après-guerre, dans l’incapacité totale de négocier les visions opposées des Palestiniens et des Juifs et contenir le virulent terrorisme sioniste, le gouvernement britannique remet, en février 1947, le dossier palestinien entre les mains de l’Organisation des Nations Unie (O.N.U1), et déclare son intention de déposer le mandat.
Les Britanniques se sont penchés en 1943 sur un nouveau plan de partage de la Palestine, attribuant –
encore et toujours- au futur État juif le meilleur des terres cultivables.
Ce plan ne sera pas appliqué en raison des contraintes de la guerre. Bien au contraire, à partir de 1946 et l’intensification de l’agressivité terroriste extrémiste sioniste de l’Haganah, Irgoun et Stern (Lehi), la Grande Bretagne, soucieuse de ne pas froisser les autres nations arabes en raison de son intérêt pour leur pétrole,
déclare son hostilité à l’égard des sionistes, plus que jamais aguerris pour l’occupation totale de la Palestine.
La Grande-Bretagne soumet en février 1947 le dossier palestinien à l’ONU et demande la création d’une commission afin de débattre sur le futur de la Palestine, en proie à des violences.
La motion arabe optant pour la fin du mandat britannique et pour l’indépendance de la Palestine n’a même pas pu être inscrite à l’ordre du jour de ces débats.
Une organisation spéciale, l’UNSCOP (United Nations Special Comittee On Palestine – Commission
Spéciale des Nations Unies pour la Palestine), est désignée le 15 mai 1947, pour enquêter sur la Palestine et délimiter des propositions de solution au problème palestinien.
Deux options sont délimitées par la commission en août 1947.
En Juillet 1947, pendant que la commission UNSCOP2 enquête en Palestine et discute de son avenir, un rafiot américain puis devenu anglais, du nom du Président Warfield et rebaptisé Exodus, a été acheté et affrété par la Haganah pour le transport illégal de 4500 personnes juives rescapées de la Shoah, du port de Sète (France) à destination de la Palestine.
Les Britanniques maintiennent à ce jour l’interdiction de l’émigration juive vers la Palestine conformément aux directives du Livre Blanc de 1939 et n’ont nullement l’intention de changer d’avis en cette fin de course.
Le nom « Exodus » choisi pour le navire par les sionistes est chargé de significations qui renvoient à l’idéologie de l’exil et du retour.
L’entreprise de la Haganah est une mise en scène spectaculaire prétendant au consensus de l’opinion
1- ONU : Organisation des Nations Unies, née en 1945, immédiatement après la Seconde Guerre Mondiale, sur les cendres de la SDN. La Charte des Nations Unies a été signée à San Francisco le 26 juin 1945, à la fin de la Conférence des Nations Unies pour l’Organisation internationale et est entrée en vigueur le 24 octobre 1945 .
2 Voir paragraphe suivant
publique internationale mais principalement orienté vers la conquête des voix nécessaires pour faire passer la résolution de partage dans l’enceinte de l’ONU.
Instrumentalisant la tragédie de l’Holocauste, une opération savamment orchestrée via les communiqués de presse diffusés dans le monde par les autorités sionistes de Palestine et dirigée par Ben Gourion en personne, déjà Ministre de la Défense avant la création de l’État d’Israël. Les autorités anglaises ont contacté plusieurs pays pour la prise en charge des passagers du navire mais les sionistes ont tout fait pour entraver de telles initiatives.
Il fallait à tout prix que ces passagers débarquent en Palestine pour, soi-disant, « être en sécurité ».
La guerre est pourtant finie depuis deux ans et personne ne viendrait à l’idée de poursuivre un Juif après l’expérience de l’Holocauste.
Les passagers auraient pu être accueillis dans plusieurs autres
Une première solution, le partage de la Palestine en deux États indépendants, l’un juif, l’autre palestinien et le placement de la ville de Jérusalem sous autorité internationale et la deuxième solution, un État fédéral, composé d’un État juif et d’un État palestinien dans le cadre d’une union économique avec Jérusalem et les Lieux Saints sous contrôle international.
Pour les Palestiniens les deux solutions auraient représenté une perte.
Après avoir opté pour la première solution, la commission UNSCOP soumet sa proposition au vote de l’Assemblée générale qui décide d’adopter le texte de résolution le 28 novembre 1947 avec une
large majorité, trente-trois voix en faveur du partage, treize voix contre et dix abstentions.
Mais le pragmatisme sioniste est majoritaire au sein de sa mouvance et se penche de plus en plus vers l’idée du partage, qui circule déjà dans les couloirs de l’ONU, considérée comme une étape initiale pour atteindre l’objectif fixé lors de la Conférence de Biltmore en 1942, soit l’occupation de toute la Palestine.
L’Organisation des Nations Unies, encore sous le choc de la Seconde Guerre Mondiale et sous l’influence et l’émotion provoquées par l’Holocauste qui vient à peine d’être achevé, opte en dernier lieu, à travers la résolution 181, pour la solution de partage de la Palestine en trois entités territoriales distinctes : un État palestinien, un État juif et une Zone internationale demeurant toutefois sous juridiction des Nations Unies, comprenant Jérusalem et les Lieux Saints.
La Résolution 181, qui attribue aux Juifs, à ce moment le tiers de la population en Palestine (568.000 Juifs), 56% des terres palestiniennes pour former un État juif et aux Palestiniens, qui représentent les deux tiers de la population totale (1.237.000 Palestiniens), les 42% restants pour former un État palestinien, est adoptée le 29 novembre 1947 par l’Assemblée Générale des Nations Unies.

Les Palestiniens et les pays arabes ont rejeté de manière catégorique le plan de partage alors que les
sionistes, pragmatiques, assimilant le concept de partage onusien à un « Start up » pour l’occupation de la Palestine et l’expulsion (le mot « transfert » sera utilisé par la suite) de ses habitants arabes se sont prononcés pour cette solution.
Ben Gourion a commenté ainsi cette circonstance : « … l’Etat hébreu n’est pas une fin, mais seulement un début…, nous y ferons venir tous les Juifs qu’il sera possible d’y amener…, nous créerons une économie polyvalente…, nous organiserons une défense nationale moderne…, et alors je suis certain qu’on ne nous empêchera pas de nous installer dans d’autres parties du pays, soit en accord avec nos voisins, soit par tout autre moyen… ».
Il fallait une majorité des deux tiers pour faire passer la résolution, l’ONU ne comptant à ce moment
que 57 États membres, dominés par les grandes puissances, USA, Union Soviétique, France, GrandeBretagne et Chine.
Les pays qui ont voté pour : Australie, Belgique, Bolivie, Brésil, Biélorussie, Canada, Costa-Rica, Danemark, États-Unis d’Amérique, Équateur, France, Guatemala, Haïti, Islande, Libéria, Luxembourg, Nouvelle-Zélande, Nicaragua, Norvège, Panama, Paraguay, Pays-Bas, Pérou, Philippines, Pologne, République dominicaine, Suède, Tchécoslovaquie, Ukraine, Union SudAfricaine, U.R.S.S., Uruguay et Venezuela.
Les pays qui ont voté contre : Afghanistan, Arabie saoudite, Cuba, Égypte, Grèce, Inde, Iran, Irak, Liban, Pakistan, Syrie, Turquie, Yémen.
Les pays qui se sont abstenus : Argentine, Chili, Chine, Colombie, Salvador, Éthiopie, Honduras, Mexique, Royaume-Uni, Yougoslavie.
La Thaïlande n’a pas pris part au vote en raison d’un coup d’état.
La carte ci-dessus nous éclaire sur la nature injuste du partage de la Palestine

L’abstention du Royaume-Uni reflète bien un certain changement de positionnement par rapport à la question palestinienne et surtout face aux États arabes et aux monarchies arabes, de même que la conscience de l’importance stratégique de cette région du monde et de ses immenses richesses.
Cette abstention, confrontée à l’énorme soutien des États-Unis et de l’URSS (dont le rôle a été fondamental avant et pendant le vote de l’Assemblée Générale) à la partition, confirme la crainte du
Royaume –Uni de perdre son influence dans cette région du monde au profit pour le moment des
États-Unis (voir l’accord du Quincy entre les USA et l’Arabie saoudite de 1945 -pétrole contre protection) et de l’URSS qui voyait dans l’État d’Israël un sauf-conduit pour entrer dans la région .
Les sionistes opteront cependant pour une collaboration avec les USA par la suite.
LES PARTIS COMMUNISTES FRANÇAIS ET ITALIEN
L’URSS, à partir de mai 1947, se fit portevoix des aspirations sionistes pour la création d’un État en
Palestine

Un engagement ininterrompu du Ministre des Affaires étrangères Gromyko (voir extrait1
de son discours à l’ONU ci-joint) était à l’ordre du jour au sein de l’Assemblée Générale.
L’objectif principal soviétique derrière cet appui explicite était l’éloignement de l’empire britannique de la zone du Moyen-Orient. En ce sens, une confusion entre l’impérialisme britannique et la soi-disant agressivité et hostilité des États arabes envers les Juifs et leur appétit pour les territoires du Mandat, a été
entretenue dès le début du dépôt de mandat.
Les deux plus puissants partis communistes européens ont appuyé la résolution du 29 novembre 1947 des Nations Unies pour le partage de la Palestine.

La position du parti communiste italien (PCI) était affichée de manière décisive en soutien au futur État d’Israël et s’est alignée sur celle de l’URSS. Une prise de position claire et une
accusation2 à l’encontre des impérialistes Britanniques qui « guidaient les Arabes à massacrer les Juifs » (voir extrait ci-dessous de la Une du journal du PCI « l’Unità » du 20 mai 1948 – L’Angleterre a organisé l’invasion arabe en Palestine).
Ne mettant nullement en doute l’impérialisme de l’État britannique, l’utilisation de l’expression « invasion arabe » relève d’une ignorance totale de plus d’un siècle d’histoire palestinienne et arabe et ne prend en considération que l’histoire récente juive sinon immédiate, à savoir celle de l’Holocauste (le complexe de culpabilité occidental). À la puissance mandataire il fut reproché la très rigide politique de l’émigration juive en Palestine, laquelle engendrait d’énormes difficultés pour le développement du sionisme en Palestine.
1 – Voir Link : cermtri_132.pdf
2 – Voir Link : Free Ebrei – Daniela, Franceschi, Il PCI e Israele attraverso « L’Unità » (1946-48)
Voir aussi : Il Partito Comunista Italiano e Israele attraverso «L’Unità»
La position du parti communiste français (PCF) est pratiquement de même nature que celle du PC italien. Pour le PCF1 , la création de l’État d’Israël est une réponse légitime au génocide de Juifs par les Nazis et que cette décision se situe dans le prolongement de l’engagement communiste contre les Nazis et au renforcement du camp socialiste avec celui de l’URSS.
Un silence total sur la nature du projet colonialiste sioniste est observé aussi bien par le PCI que par le PCF. Pas un mot sur l’antijudaïsme millénaire occidental et son antisémitisme. La presse parisienne verse, quant à elle, dans le délire absolu.


1 – Voir Link : PCF : la construction d’un regard et d’une politique | Cairn.info
LA GUERRE DE 1948
La résistance palestinienne a été décimée par la répression féroce des forces armées britanniques, soutenues par la Haganah pendant l’insurrection de 1936-1939. Les Anglais avaient fait stationner en
Palestine une armée plus importante que dans les Indes. Pour porter le coup de grâce à cette résistance, les Britanniques ont également influencé les régimes arabes leur étant acquis, Transjordanie, Irak etc.., à intervenir auprès des Palestiniens pour endiguer leur soulèvement.
Le 14 mai 1948, date de la Déclaration d’indépendance de Ben Gourion, il n’existait pratiquement plus grand chose de la force militaire palestinienne, qui en réalité, n’a jamais été puissante ni sur les plans matériel et humain, ni sur le plan organisationnel et encore moins sur celui de la préparation militaire.
Les sionistes ont conquis et annexé d’autres territoires par la force déjà bien avant cette date, c’est-à-dire avant l’entrée en guerre des autres pays arabes à partir du 15 mai 1948.
Elias Sanbar tient à souligner que la première guerre de Palestine a eu lieu le 4 avril 1948 et non le 15 mai comme l’affirme la propagande sioniste (et un certain nombre d’ouvrages d’histoire) qui place Israël dans un statut victimaire de pays agressé et veut faire endosser la responsabilité de l’expulsion des Palestiniens aux pays arabes et à leur intervention armée.
La population palestinienne, se retrouvant dans les territoires octroyés à Israël, s’élève à plus de 400.000 Palestiniens et se voit expulsée par la force et la terreur. Autant d’autres Palestiniens sinon plus selon Elias Sanbar, seront expulsées après le 15 mai 1948.
Des massacres ont été perpétrés contre les populations civiles par les milices sionistes. Le village de Deir Yacine fut l’objet, le 9 avril 1948, d’une véritable extermination de sa population. Le massacre, qui a fait plus de 200 victimes entres personnes de tout âge, devait donner l’exemple en matière de terreur, de manière à contraindre la population d’autres régions et d’autres villes à abandonner leurs terres et leurs maisons (Tibériade, Haifa, Jérusalem-Ouest, Jaffa etc.).
L’idée et le projet de nettoyage ethnique, par euphémisme nommé transfert, remonte à au moins 1940, bien avant la Conférence de Biltmore de 1942.
Les États arabes frontaliers, l’Egypte, la Transjordanie, l’Irak etc., intervenus auprès des Palestiniens le 15 mai 1948 et selon la déjà existante propagande occidentale, prêts « à jeter les Juifs à la mer » (Les sionistes utilisent à fond le souvenir la tragédie de l’Holocauste pour accuser les dirigeants arabes et ses détracteurs en général), ne vont pas au-delà de la rhétorique nationaliste.
Ils sont aussi mal préparés que les Palestiniens à une guerre contre un ennemi, qui vante sa faiblesse (le petit David contre Goliath) et son état victimaire, mais en réalité est très aguerri et dispose de l’aide militaire des pays occidentaux (France etc.) et du bloc soviétique (URSS, Tchécoslovaquie).
Les forces militaires des pays arabes, mal préparées, mal entrainées, mal équipées et divisées, sont en nombre nettement inférieur face à l’armée juive, la Haganah (qui comptait déjà en 1939 40.000 hommes) et les milices terroristes sionistes, le Stern, l’Irgoun et le Lehi.
Selon Gudrun Krämer, les États arabes réussissent à aligner quelques vingt-milles combattants tandis
que les sionistes parviennent à rassembler au bout de 6 mois plus de 95.000 soldats. Les armes, les
plus diverses, modernes et anciennes, en provenance d’Europe, de Tchécoslovaquie et d’Union
soviétique, sont déversées sans ambages dans les hangars sionistes en Palestine.
En toile de fond, il y avait également une division entre les États arabes (observée lors de la création de la Ligue arabe en 1945 en raison d’intérêts spécifiques). Dans un tel cadre, il faut rappeler l’existence d’une collusion entre Hachémites et sionistes, qui remonte à la période des négociations entre Weizmann et l’Émir Fayçal. La collusion entre le Roi Abdallah de Transjordanie et l’Agence juive (la rencontre, avant le vote de la résolution de partage de l’ONU, du 17 novembre 1948 entre Golda Meir1 et le roi Abdallah) s’est faite sous les bons auspices des Britanniques.
Le Roi Abdallah2 , lui-même sous la coupe de Sir. John Baggot Glubb, surnommé Glubb Pacha et chef de la Légion arabe, fut nommé commandant des forces arabes pour les diriger durant le conflit.
Il a tout fait pour que les territoires destinés au futur État juif ne puissent être inquiétés par la Légion arabe et a évité toute confrontation directe avec les forces de la Haganah.
Le coté arabe, soi-disant animé par un combat pour les frères Palestiniens, n’avait que divisions et conflits, régis par les intérêts particuliers de chaque pays, encore sous domination britannique.
Le besoin d’assistance et de protection de la population palestinienne, victime de violence sioniste, s’impose. L’unique possibilité est l’intervention des États arabes.
Au-delà du droit à la résistance à l’oppression (Article 2 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 en France), des résolutions ont été votées quelques années plus tard par l’Assemblée Générale des Nations Unies (voir extraits au tableau ci-dessous), portant sur le droit à la
résistance et légitimant la lutte des peuples pour leur indépendance et leur souveraineté par tous les
moyens dont ils disposent.
1 – Golda Meir : Directrice par intérim du Département politique de l’Agence Juive. Surnommée « Dame de fer » de la politique israélienne (avant l’époque de Margaret Thatcher, Premier ministre britannique pendant les années 1980). Elle a participé à la création de l’État d’Israël, a été haut responsable politique de l’Agence juive, ministre des Affaires étrangères, ainsi que le quatrième Premier ministre d’Israël du 17 mars 1969 au 11 avril 1974.
2 – Voir Link: Le roi Abdallah, les sionistes et et la Palestine | Cairn.info
Voir aussi Link: Les velléités du Roi Abdallah Ier de Jordanie sur la Palestine autour de la guerre israélo arabe de 1948. Ambitions et concrétisations, réception dans le monde arabe en général et dans la presse libanaise francophone en particulier – DUMAS – Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance

Le Professeur palestinien Bichara Khader parle de « déconfiture des armés arabes en 1948 … Les Arabes n’ont pas pu empêcher ni la résolution de partition (1947), ni la création d’Israël (1948), ni, à fortiori, la purification ethnique entre les deux dates (Ilan Pappe ,1992).
L’exil forcé des deux-tiers de la population palestinienne constitue un véritable sociocide, c’est-à-dire la
dislocation du peuple palestinien de sa terre natale et sa dispersion géographique…»
La débâcle militaire a porté à la faillite du projet arabe de vouloir venir en aide aux Palestiniens.
Plus que jamais divisés, les pays arabes vont devoir affronter l’intransigeance d’Israël, sorti victorieux de ce conflit. La propagande sioniste se met cependant de nouveau en activité pour dénoncer maintenant le refus arabe à accepter les conditions de paix.
Le conflit arabo-israélien a lieu sur fond de rivalité entre les rois Farouk d’Egypte et Abdallah de Transjordanie. La tentative du Roi Farouk, appuyée par l’Arabie Saoudite, de créer un État palestinien sur la partie attribuée aux Palestiniens par l’ONU quoique amputée des nouvelles conquêtes territoriales israéliennes, et de placer le Grand Mufti comme chef de gouvernement, s’est heurté au travail de sape du Roi Abdallah1, qui a fini par proclamer sa souveraineté sur la Palestine et crée de la sorte le Royaume de Jordanie, une véritable annexion de la Palestine avec la bénédiction des Britanniques et de l’Agence juive, après les négociations secrètes de décembre 1948 entre le Roi Abdallah et l’Agence juive.
L’annexion officielle de la Cisjordanie le 24avril 1950 par la Jordanie, sans valeur juridique, est reconnue par la Ligue arabe, sous le prétexte que la Palestine recouvrera2 , un jour, son indépendance.
Symétriquement, le Roi Farouk répond avec l’annexion de Gaza.
1 – Professeur Bichara Khader. http://www.association-belgo-palestinienne.be/question-palestinienne arabes-1917-2017/
2 – Jérôme Bocquet – http://www.france-palestine.org/Les-Etats-arabes-et-la-question
Le nouvel Israël, renforcé par de nouvelles conquêtes territoriales (voir carte ci-jointe) et faisant habilement usage de son sempiternel statut victimaire, veut faire endosser aux Arabes la responsabilité totale des conséquences du conflit, en particulier le problème des 800 à 900.000 réfugiés palestiniens, environ deux-tiers de la population arabe palestinienne, un problèmequi demeure encore actuel.

L’historien Ilan Pappe, par contre, accuse Israël d’être à la base de tous les problèmes.
Ben Gourion, président de l’Agence juive, déclare l’indépendance d’Israël le 14 mai 1948 sans pour autant délimiter ou fixer les frontières du nouvel État et devient Premier ministre de l’État d’Israël.
Le 24 février 1949, les accords d’armistice israélo-arabe mettent fin à la guerre. L’Égypte et Israël ratifient la Convention d’armistice de Rhodes1 qui définit la frontière entre les deux pays. Israël signera d’autres armistices avec les pays voisins comme le Liban le 23 mars, la Transjordanie le 3 avril et la Syrie le 20 juillet à partir desquels sera définie une ligne de démarcation entre Israël et les États arabes, la fameuse « Ligne verte ».
L’armistice de Rhodes a défini la fameuse « Ligne verte », une ligne de démarcation2 qui délimite de «facto et non de jure » le territoire israélien à l’issue du conflit israélo-arabe. Ce territoire passe des 54% prévus par le plan de partage onusien à 78% de la Palestine historique. Cette nouvelle donne territoriale où l’entité sioniste ne peut revendiquer sa souveraineté sur la partie de territoire acquise
1 – Convention d’armistice de Rhodes, un des accords, dans lesquels sont définies les frontières et les conditions de libération des prisonniers. Ils sont signés tour à tour à partir du 24 février 1949 entre les pays arabes et Israël à Rhodes.
2
- Voir Link : https://www.lemonde.fr/archives/article/1969/03/07/les-declarations-de-m-nixon-sur-le-moyenorient-sont-accueillies-avec-satisfaction-a-jerusalem_2435128_1819218.html
Dans cet article du journal le Monde de mars 1969, on pouvait lire entre autre : « … Pour la France, en revanche, le retour aux lignes de démarcation de 1949, qui n’avaient pourtant aucune valeur juridique, reste le fondement d’une solution… » (Souligné en gras par l’auteur).
par la force militaire, sera à la base de la résolution 242 de 1967 qui attribue à l’État palestinien 22% du territoire de la Palestine historique.
Pour devenir membre au sein des Nations Unies, la délégation israélienne de l’entité sioniste à la Conférence de paix de Lausanne a dû signer avec les États arabes un protocole où elle reconnaît la
résolution 181 du 29 novembre 1947 – signifiant le droit des Palestiniens à un État – et la résolution
194 du 11 décembre 1948 – signifiant le droit au retour en Palestine des réfugiés palestiniens.
À partir de ce moment, les Palestiniens n’existent plus en tant que sujet politique et se retrouvent dans des camps de réfugiés, en territoire israélien ou incorporés au sein des populations des pays arabes limitrophes.

Ni la Déclaration Balfour de 1917 ni la Résolution 181 de 1947 ne disposent de compétence ou de légitimité quelconque pour disposer d’un droit de création d’un Foyer national juif ou du partage de la Palestine.
Elles constituent une violation et une contradiction flagrante avec les Chartes de la SDN et de l’ONU. La Résolution 181 a été une proposition à laquelle n’a répondu qu’une des deux parties concernées : celle des sionistes. Le partage est dans un tel cas inapplicable.
Le rapport de forces existant à cette époque en a décidé autrement, au détriment des Palestiniens.