Les Etats Unis d’Amérique auraient lâché la France dans sa stratégie d’intervention militaire prévue via la CEDEAO, selon le journal hexagonal . »Avec des alliés comme ça, on n’a pas besoin d’ennemis ». La boutade semble avoir été remise au goût du jour au Quai d’Orsay, souligne Le Figaro.
Paris serait en effet furieux de voir Washington négocier avec les nouveaux maîtres au Niger, et l’annonce de la nomination d’une nouvelle ambassadrice à Niamey a fortement confirmé cette tendance chez les autorités françaises.
Selon la même source, Washington est opposé à toute intervention militaire, privilégiant la voie pacifique et diplomatique . « Il n’y a pas de solution militaire acceptable », déclarait ainsi début août le secrétaire d’État américain, Antony Blinken. Un coup dur pour Paris.
« C’était le coup de trop. Pour Emmanuel Macron, la crédibilité de la France, notamment en termes de discours sur la démocratie, était en jeu. Pour les Américains, même s’ils sont aussi préoccupés par un retour rapide à l’ordre constitutionnel, la priorité, c’est la stabilité de la région », explique ainsi un diplomate français au Figaro.
Pour les Américains, le principal enjeu au Niger réside dans la préservation de leurs bases militaires, à Niamey et Agadez, souligne encore le quotidien français. Au total, quelque 1.300 soldats américains sont répartis dans le pays. Un pivot capital américain dans la bande sahélo-saharienne. L’aérodrome d’Agadez permet en particulier de faire décoller les drones américains et de déployer leur réseau de surveillance jusqu’en Libye.
« L’objectif des Américains est simple: conserver leurs bases. Si pour cela il faut tirer un trait sur le retour à la légalité constitutionnelle, ils n’hésiteront pas », affirme ainsi un diplomate français au Figaro.
L’abandon de l’allié français constitue une rupture dans la politique étrangère américaine, qui jusque-là avait toujours privilégié sa relation avec Paris à ses intérêts au Sahel, explique pour sa part au Figaro Michael Shurkin, chercheur associé à l’Atlantic Council. Mais la France semble vraiment être devenue le mouton noir en Afrique de l’Ouest.
« La France est devenue radioactive, sa position est intenable. Dans ce contexte, les États-Unis savent ce qu’ils peuvent sauver, ils savent qu’ils ont tout à perdre à trop s’aligner sur les Français »,ajoute Michael Shurkin.