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Mounir Bouchenaki à Algérie54: l’Algérie, un pays héritier d’une histoire plurimillénaire

Mounir Bouchenaki est un historien et archéologue algérien. Titulaire d’un doctorat en archéologie et histoire ancienne de l’Université d’Aix-en-Provence, il a travaillé pour le gouvernement algérien de 1969 à 1981.

Nommé directeur du patrimoine culturel au Ministère de l’Information et de la Culture en 1976, il sera chargé de la préparation de six dossiers de nomination algériens pour le patrimoine mondial. En 1982, il entre à la Division du patrimoine culturel de l’UNESCO en tant que responsable des campagnes de sauvegarde internationales. Après en être devenu le directeur en 1992, il assistera de façon régulière aux réunions statutaires pour le patrimoine mondial tout en supervisant certains dossiers sensibles, comme celui de Jérusalem. Il sera brièvement directeur du Centre du patrimoine mondial entre 1999 et 2000, avant de devenir Sous-directeur général pour la culture.

En 2006, Mounir Bouchenaki quitte l’UNESCO pour devenir Directeur général de l’ICCROM, fonction qu’il occupera jusqu’en 2011. Depuis 2012, il est conseiller du Directeur général de l’ICCROM et de la Directrice générale de l’UNESCO, en plus de chapeauter les opérations du Centre régional arabe pour le patrimoine mondial au Bahreïn. Au nombre de ses distinctions, on compte notamment le prix ICCROM de 2000 et le grade d’officier de l’ordre des Arts et des Lettres français. Il est par ailleurs l’auteur de Tipasa, site du patrimoine mondial (ENAG, 1988) et de plusieurs articles, dont «The Extraordinary Development of Museums in the Gulf States», paru dans la revue MUSEUM International en 2011.

Algérie54 l’a interrogée sur plusieurs questions liées à la promotion du patrimoine national et la mission de l’UNESCO

Algérie54:L’UNESCO, est  une institution onusienne honorable à grande influence. Pourriez-vous nous brosser un tableau sur son impact sur la géopolitique internationale, compte tenu de votre expérience cumulée au fil des années en son sein ?

Mounir Bouchenaki :Il faut rappeler ce qu’est l’UNESCO et le but de sa création en 1945 :

”  une Conférence des Nations Unies pour la création d’une organisation éducative et culturelle  a été convoquée à Londres du 1er au 16 novembre 1945. Dès que la guerre a pris fin, la conférence s’est ouverte. Elle a réuni les représentants de 44 pays. Ils ont décidé de créer une organisation qui incarne la culture de la paix. A leurs yeux, la nouvelle organisation devait enraciner la « solidarité intellectuelle et morale de l’humanité » et, ce faisant, prévenir le déclenchement d’une autre guerre mondiale”.

“L’UNESCO est  l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture. L’UNESCO cherche à instaurer la paix par la coopération internationale en matière d’éducation, de science et de culture. Les programmes de l’UNESCO contribuent à la réalisation des objectifs de développement durable définis dans l’Agenda 2030 adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2015”.

C’est donc une institution ou j’ai travaillé pendant un quart de siècle dans le domaine de la Culture et du patrimoine culturel.

Algérie54:- Le Maghreb est une région très proche de l’UNESCO .Aujourd’hui, on assiste à un bras de fer entre le Maroc et l’Algérie au sujet de la paternité du Rai, et à un degré moindre l’art culinaire du Couscous. Quelle est réellement la position de l’UNESCO et qu’en pensez-vous en tant qu’expert maghrébin, mieux loti?

 Mounir Bouchenaki:Pour le secteur de la Culture de l’UNESCO et en particulier sa section chargée de la mise en œuvre de la Convention de 2003 sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, l’exemple de  l’art culinaire du couscous est le résultat d’une proposition multinationale, une candidature fortement appréciée par l’ensemble de la communauté internationale. L’UNESCO  favorise fortement le dialogue et non pas la confrontation lorsqu’il s’agit du patrimoine culturel qui reste en définitive un patrimoine commun de l’Humanité.

Fort heureusement, les questions d’ordre politique ne rentrent pas en ligne de compte dans ce genre de programme. Et comme ancien fonctionnaire maghrébin auprès de l’UNESCO, j’ai  travaillé et je continue a le faire avec l’ensemble des pays du Grand Maghreb, sur toutes les questions relatives à notre patrimoine commun qui va de la Préhistoire à nos jours, en passant par les périodes antiques, médiévales et modernes.Mais j’ai eu aussi l’honneur de créer, avec mes collègues marocains et tunisiens un Centre Maghrébin à Tipasa pour l’archéologie, les musées et les monuments et sites historiques.

Algérie54:Pourriez-vous nous dire, quels sont les patrimoines matériels et immatériels, susceptibles d’intégrer le patrimoine de l’UNESCO ?

Mounir Bouchenaki :Si l’on considère uniquement l’Algérie qui est un pays héritier d’une histoire plurimillénaire, il y a encore de nombreux sites qui figurent sur la liste indicative du Ministère de la Culture, sans compter les 6 sites déjà inscrits en 1982 et la Casbah d’Alger en 1992. Pour le patrimoine immatériel, l’Algérie a été le premier État  à ratifier la Convention de 2003, suivie immédiatement par le Japon et la Corée,et aujourd’hui cette Convention est ratifiée par 167 États membres de l’UNESCO. Dans ce domaine, le Ministère de la Culture a déjà fait reconnaitre plusieurs éléments sur la liste représentative du patrimoine immatériel.

Algérie54: Dans moins de six mois la ville algérienne d’Oran, abrite les Jeux Méditerranéens, l’UNESCO sera t-t-il présente dans le cadre des activités de la promotion du patrimoine algérien, prévues lors de cette manifestation ?

Mounir:Bouchenaki :Je pense que l’UNESCO qui a un départment charge du sport sera certainement invitee aux Jeux Mediterraneens. Ce n’est pas mon domaine de compétence et ne peux pas donner plus de précisions que vous pouvez trouver auprés de la Commission Nationale Algérienne pour l’UNESCO.

Algérie54: L’UNESCO, est une organisation au centre des enjeux géostratégiques internationaux . Pourriez-vous nous dire, plus sur ce sujet ?

Mounir Bouchenaki:Comme indiqué plus haut,l’UNESCO est certes une Organisation Intergouvernementale qui regroupe 195 pays dont l’Algérie, mais elle n’a pas de mandat politique, qui releve des objectifs et de  la mission essentielle des Nations-Unies à New York.

Entretien réalisé par Imadeddine.Merad

 

 

 

 

 

 

 

 

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