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Pillage culturel et torpillage mémoriel : la guerre patrimoniale menée par le Maroc contre l’Algérie

Par Khider Mesloub

Il ne se passe pas un jour où d’emblématiques symboles matériels ou immatériels de la culture algérienne ne soient pillés ou, pire, torpillés par le Makhzen.

« Dans la mare des mensonges, il ne nage que des poissons morts », dit un proverbe russe. Les Marocains sont passés maîtres dans la manipulation et le mensonge, leurs deux essentiels traits culturels (qu’ils devraient inscrire au Patrimoine mondial de l’Unesco : label créé spécialement pour le Maroc). Les deux mamelles de la monarchie marocaine anachronique, une institution étatique féodale en pleine décrépitude, portée à bout de bras militaire par l’entité sioniste, dernier rempart d’un royaume menacé d’implosion. D’un roi qui a perdu sa fastueuse tête couronnée à observer ses escapades éthyliques parisiennes, son débraillé vestimentaire, sa neurasthénie chronique. Comme dit l’adage : « Le poisson pourrit toujours par la tête ». Et comme tout le monde le sait, il y’a quelque chose de pourri au royaume du trafic du cannabis et du trafic de la vérité, les deux spécialités du Maroc. Nous savions que le Maroc était la plaque tournante de la contrebande du haschich, nous découvrons qu’il est devenu également l’épicentre de la contrebande des Mensonges. Cette makhzenenne usine à mensonges est réputée pour ses machinations, c’est-à-dire ses manœuvres secrètes déloyales menées sous l’autorité royale et, depuis l’officialisation de leurs liaisons consulaires (ancillaires), sous l’expertise de l’entité sioniste, le maître de maison du Makhzen, ce royaume de la domesticité, de la duplicité, de la lubricité.

On se souvient que lors de la célébration du bicentenaire de la naissance de Karl Marx en 2018, plusieurs études et documentaires avaient été publiés et diffusés pour rendre hommage à l’immortel Maure (et oui, c’est le surnom du génial penseur Marx car les Allemands le prenaient pour un Algérien). Chaque pays avait commémoré à sa manière cet anniversaire.

À cette occasion, de nombreuses chaines de télévisons internationales avaient diffusé d’innombrables documentaires consacrés à Karl Marx. De même, la presse avait publié d’abondants articles dédiés à ce révolutionnaire allemand.

La majorité de ces publications insistait sur l’acuité et la modernité de la pensée de Marx. Sur l’apport de son exceptionnelle et révolutionnaire philosophie à l’humble humanité. Sur ses prométhéens écrits politiques. Sur son monumental ouvrage Le Capital, jamais autant d’actualité. Sur son célèbre opuscule internationaliste prolétarien, nommé le Manifeste communiste.

Ces multiples articles consacrés au bicentenaire de la naissance de Marx publiés dans la presse du monde entier s’illustraient soit par leur tonalité dithyrambique, soit par leur sonorité critique.

Quelle que fût l’orientation politique adoptée dans le traitement de cet événement, ces articles s’efforcèrent avant tout d’aborder diversement les dimensions politique, philosophique ou économique de l’œuvre de Marx. Tous ces médias, quelle que fût leur obédience politique, traitèrent l’événement avec beaucoup d’objectivité. En effet, tous ces articles s’étaient penchés uniquement sur l’œuvre savante de Marx, exposée dans toute sa diversité politique, économique et philosophique.

Seul un pays, par un de son média parodique Bopress, avait fait exception dans le traitement de cette actualité consacrée à Marx.

Fidèle à son inculture légendaire illustrée par un taux d’analphabétisme atteignant les 40%, donc inapte à l’analyse politique et philosophique de l’actualité, le Maroc commémora à sa manière ignominieuse le bicentenaire de la naissance de Karl Marx.

À l’instar de la presse à scandale, toujours prompte à plonger dans les eaux troubles médiatiques pour pêcher quelque poisson informationnel rance destiné à ses électeurs incultes, un certain organe (impuissant) marocain avait saisi cette occasion du bicentenaire de la naissance de Marx pour accoucher d’un nauséabond article mettant en cause la véracité du séjour de Marx à Alger. Cette information dévoile l’état d’esprit de ces journalistes marocains empreints de malignité scélérate.

Selon l’article du Bopress, citant l’auteur de cette assertion mensongère, un nommé Manar Slimi, politologue de son état au service de sa majesté, Karl Marx n’aurait jamais visité l’Algérie.

À l’encontre de l’évidence historique prouvant que le philosophe allemand Karl Marx avait bien séjourné en Algérie du 20 février au 2 mai 1882, pour des raisons médicales et climatiques, ce politologue marocain se hasardait à alléguer que Marx n’aurait jamais voyagé en Algérie. Selon cet imposteur, Marx aurait séjourné au Maroc et non en Algérie. Toujours selon ce faussaire de l’histoire, la célèbre photo de Marx, mondialement connue, n’aurait pas été prise Alger, mais à Imintanout, au Maroc.

Contre les évidences historiques, établies par tous les historiens et les témoignages épistolaires rédigés de la main de Marx, ce laquais du roi VI énonçait des contre-vérités. En effet, ce politologue royal, mais point loyal avec la vérité historique, soutenait que Marx n’aurait jamais séjourné en Algérie.

Et pourtant, comme le prouve cette lettre adressée à son ami Engels le 28 avril 1882, Marx a bien séjourné en Algérie : « À cause du soleil, je me suis débarrassé de ma barbe de prophète et de ma toison, mais (comme mes filles me préfèrent avec) je me suis fait photographier avant de sacrifier ma chevelure sur l’autel d’un barbier algérois. J’aurai les clichés dimanche prochain ».

Contre l’évidence historique, à propos de la fameuse photo de Marx prise à Alger, le faussaire marocain, sujet du Royaume du mensonge, affirmait détenir des preuves « historiques » pour certifier avoir été prise à Imintanout, au Maroc. Cette « information » avait été diffusée sur « AKHNA TV », lors d’un débat sur « l’unité territoriale du royaume », selon le journal électronique marocain Bopress.

Dans la même émission, toujours selon Bopress, avec une verve méprisante emplie de calomnies, ce sinistre personnage Manar Slimi aurait tenu, pour humilier l’Algérie, également les propos sarcastiques suivants : « l’Algérie à l’époque était une colonie ravagée par la famine et les épidémies, et souffrait d’une absence totale des infrastructures de base, telles que l’eau, l’électricité et l’internet. Comment Marx allait se soigner dans un tel endroit ? En plus, la capitale algérienne et ses environs étaient sous la menace permanente des djihadistes d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique. Un marxiste bien connu comme Marx n’allait pas risquer sa vie pour visiter une ville obscurantiste comme Alger, où sa théorie était bannie et ses disciples emprisonnés ou assassinés ».

Toujours au cours de la même émission, ce professeur de Sciences Po à l’université Mohamed V de Rabat avait persévéré dans ses dénigrements contre l’Algérie en usant d’arguments panégyriques glorifiant le Maroc, totalement infondés historiquement : « Par contre, le Maroc, à l’époque, était très avancé par rapport à l’Algérie. On jouissait déjà d’un bon niveau de sécurité, d’aisance, d’indépendance, de liberté de pensée et d’expression, mais surtout de santé. Imintanout, une ville à 500km au nord du Sahara marocain, abritait l’un des plus grands hôpitaux du monde au 19ème siècle, où il y avait des services pour des dizaines de maladies connues à l’époque, y compris la bronchite dont souffrait Karl Marx. Et c’est durant son séjour sanitaire là-bas que sa fameuse photo a été prise, et non pas à Alger comme souhaitent le faire croire les Ennemis. La preuve ? C’est dans la photo elle-même. N’importe qui peut reconnaître que c’est Imintanout et non pas Alger !».

Dans la même émission, dénotant la perversité de la mentalité de certains cercles « intellectuels » marocains toujours animés d’une volonté de nuisance à l’encontre de l’Algérie, il avait accusé l’Algérie de piller la culture marocaine en donnant l’exemple de la musique Raï et des centaines de chansons émouvantes : « Hakmat Lakdar », « Ya Zina Diri Latay », « A Vava Inouva ».

Enfin, il avait également invité l’Algérie à cesser de falsifier l’histoire du Maroc et la pensée politique marocaine.

Il avait conclu son immonde réquisitoire par sa proposition appelant à modifier le titre du livre « Lettres d’Alger et de la Côte d’Azur », écrit par Marx, par le titre « Lettres d’Imintanout et de la Côte Atlantique ».

Marx doit se retourner dans sa tombe, par ces manipulations mémorielles dont il fait l’objet par les plumitifs de service du Makhzen.

Une chose est sûre : si le destin avait transporté le grand Marx en Algérie, ce ne fut certainement pas par hasard. Sur cette terre jalonnée de permanentes révoltes dirigées constamment sous l’étendard de l’égalité sociale selon les travaux de Charles André Julien, Marx savait qu’il côtoierait d’authentiques hommes dotés d’un tempérament rebelle, révolutionnaires dans l’âme, ennemis de toutes les injustices sociales, animés d’un esprit égalitaire millénaire.

N’est pas pays de révolutionnaires qui veut.

« Ce qui est déshonorant, ce n’est pas de mentir, c’est de se faire prendre en flagrant délit de mensonge. Il y a des maladroits du mensonge : ceux-là on devrait les reléguer dans la vérité et leur interdire d’en sortir. », Etienne Rey

 

 

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