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Soutien acharné du président-candidat Macron. Les objectifs du vil battage électoral en Algérie du Français Kamel Daoud

Par Abdellali Merdaci

Kamel Daoud est revenu ce jeudi 14 avril 2022 pour une dernière sentence dans les colonnes du journal d’Issad Rebrab, qui a mis la clé sous le paillasson (1). Avec une évidente mauvaise foi, lui qui est passé maître dans cet exercice assez risqué de « zingage de la face ». Après son tweet tapageur du dimanche 10 avril (2), apportant son soutien au président-candidat Macron et à « la France qui avance » dont l’Algérie serait dans l’attente et le besoin, le natif de Mesra-Mostaganem, Français par choix et conviction, s’est appliqué dans une ultime chronique à une sorte de leçon de choses, expliquant le pourquoi et le comment du message qui lui a valu des volées de bois vert – au demeurant, très théoriques – des habitués algériens des réseaux sociaux.

« La France n’est pas un pays étranger »

Martelant que « La France nous est liée par l’histoire et ses amertumes mais aussi par le présent et sa Méditerranée et aussi par l’avenir et nos descendants, ici et de l’autre côté. La France n’est pas un pays étranger, quoi qu’on se dise et quoi qu’on se répète, pour se croire nouveau décolonisateur imaginaire. Une élection présidentielle y est importante pour nous, nos futurs, nos poids ». L’écrivain-chroniqueur assène ainsi cette insurmontable vérité : « L’extrême droite au pouvoir nous impacte directement : pour un visa, une coopération, un avenir, ou un lien de sang et d’argent, la réparation de l’histoire ou l’apaisement de l’intime. Bien sûr, se positionner ouvertement, personnellement, sur ces élections est un tabou et depuis trop longtemps tabou. D’ailleurs, un affect puissant y fait barrage et condamne le premier qui ose rappeler le lien à la traitrise et au procès en loyauté » (3).

Alors, tout compte fait, le chroniqueur se jette à l’eau pour porter la bonne parole d’une Algérie revenue à la France. « Casseur de tabou », c’est un métier en effet, Daoud pense une Algérie solidement attachée à la France, clouant au pilori une posture de « décolonisateur imaginaire ». L’Algérie, fait-il valoir, doit s’aligner impérativement derrière « la France qui avance ». Il soutient publiquement M. Macron, qui en est le garant, dans l’élection présidentielle en cours et agite le danger de l’extrême droite pour décider les abstentionnistes, notamment dans la communauté des Français originaires d’Algérie, fortement présente en France et en Algérie – qu’il convient de ne pas confondre avec celle des Européens de la défunte Algérie coloniale. Le fait, en soi, n’est pas blâmable, pour autant que le chroniqueur français s’adresse à ses compatriotes français originaires d’Algérie et aux Algériens à visage découvert, principalement pour leur dire d’où il parle. Kamel Daoud a été naturalisé Français, en date du 25 janvier 2020, par un arrêté commun du Premier ministre et du ministre de l’Intérieur de la République française sur une instruction expresse et discrétionnaire du président Macron répondant à un parrainage appuyé de l’écrivaine française d’origine marocaine Leïla Slimani, sa conseillère pour la Francophonie.

La presse francophone d’Algérie a caché à ses lecteurs cette naturalisation française de l’écrivain-chroniqueur et une éditrice, bien en vue dans les cercles des bobos algérois, l’a véhémentement démentie, m’obligeant à publier sur le site d’information en ligne « Algérie 54 » l’arrêté du Journal Officiel français la confirmant. Kamel Daoud est foncièrement malhonnête : il n’a jamais informé les Algériens de sa naturalisation française, qui n’est pas dans son cas une affaire strictement privée. Lorsqu’il proclame son indifférence au malheur des Palestiniens pour complaire au lobby sioniste du champ littéraire germanopratin qui l’a créé de toutes pièces, lorsqu’il incite les Algériens à se détourner de leur indépendance pour les déguiser en « Français du futur », lorsqu’il appelle l’Algérie, les Algériens et leur État dans des enjeux politiques électoraux français qui ne les concernent pas, il convient pour lui de circonscrire le lieu de ses proférations malvenues.

Cette naturalisation française de Kamel Daoud l’a établi comme Français d’origine algérienne et lui a conféré le droit d’intervenir dans la politique quotidienne de son pays d’accueil, ce qu’il ne se prive pas de faire dans le magazine « Le Point » où il s’exprime en qualité de Français et d’Européen – et, plus précisément, dans ses débats électoraux. C’est ce Français et Européen, électeur français, ami et soutien de Macron, crachant sur M. Poutine et la Russie dans l’intermède ukrainien, qui revêt ses guenilles de Mesra-Mostaganem-Algérie pour interpeller les Algériens dans le giron de « la France qui vote ». Et pour y rechercher d’improbables espérances. À présent, les Algériens le savent.

L’outrageante binationalité franco-algérienne

Si l’Organisation des Nations Unies (ONU) a toujours rejeté par principe la double nationalité, dans le droit des nationalités, c’est toujours la dernière nationalité qui prévaut. Elle s’affiche en premier suivie de la mention de l’origine. Pour les ressortissants occidentaux, cet infâmant rajout de l’origine est gommé : on n’évoque pas un Français d’origine espagnole, portugaise ou italienne ; mais l’origine algérienne est indélébile. Si la législation de la nationalité est sans ambigüité en France, ce n’est pas le cas en Algérie où il n’y a pas de doctrine claire. Vers la fin de la guerre anticoloniale et pendant les négociations d’Évian, les instances politiques du Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA) et du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) n’entérinaient pas la double nationalité proposée par le gouvernement français et la considéraient comme une menace pour le droit des personnes, car selon une disposition des négociateurs du général de Gaulle un Français ne devait être redevable que devant la justice française.

Le corpus juridique algérien actuel reste tributaire, le plus souvent, d’affaires consulaires. L’exemple le plus caractéristique est celui de la garde d’enfants de couples divorcés où l’un des parents est Algérien. Les consulats d’Algérie à l’étranger, spécialement en France, ont traité dans le passé, dans les premières décennies de l’indépendance, des centaines de cas (4). Ce n’est plus avéré aujourd’hui : dans la doctrine française, un enfant, né de père ou de mère de nationalité française, est réputé Français et requiert le droit à la protection de l’État français. Relativement à cette question de chevauchement des nationalités, l’Algérie n’a rien à faire valoir, sinon un déni de la double nationalité. Quelle que soit la destinée qu’il appelle de ses vœux dans le vaste monde, l’Algérien d’origine le reste éternellement fut-il naturalisé pingouin dans la solitude des banquises de l’Arctique.

Les naturalisés étrangers d’origine algérienne profitent d’un réel vide juridique. Ce qui permet à beaucoup d’entre eux, qui ont fait l’acquisition d’une autre nationalité principale, d’en jouer selon leurs intérêts qui ne sont pas nécessairement ceux de la nation algérienne et des Algériens qui lui restent fidèles. Le Français d’origine algérienne Kamel Daoud est dans cette dualité qui l’investit Français à Paris, Algérien à Alger. C’est à ce titre qu’il interpelle, au-delà de la communauté des Français d’origine algérienne, les Algériens et l’Algérie dans une consultation électorale présidentielle qui n’est pas la leur. Cet aveuglement face à l’Histoire est-il explicable ? Le 3 juillet 1962, l’Algérie se séparait de la France par le bulletin de vote après avoir mené une longue guerre de libération nationale contre l’État colonial français, parsemée de centaines de milliers de morts. Le destin de l’Algérie n’était plus associé à celui de la France. Or, ce que propose concrètement le chroniqueur c’est d’y revenir.  Car « l’Algérie a besoin de la France… »

Les objectifs de néo-Français de Kamel Daoud relativement à son pays d’accueil et au pays qu’il a quitté sont consignés dans une contribution-hommage à Leïla Slimani donnée « L’Obs » (Paris), au mois de décembre 2019. Entre autres fadaises de sa façon, il notait : « […] la binationalité est une chance pour ce pays et, pour chaque individu qui en assure l’histoire. C’est une voie pour mieux comprendre et mieux expliquer, d’un côté de la frontière comme de l’autre. Binational, c’est le Français du futur là aussi. La seule possibilité peut-être de guérir la France, l’enrichir et aider les siens à sortir de la misère et de la jérémiade identitaire et de la rente du postcolonial » (5). Derrière ce propos inconsidéré, il y a une évidente trahison de l’Histoire anticoloniale de la nation algérienne. Né en 1970, Kamel Daoud estime ne pas être tenu par le passé colonial de l’Algérie, qu’il n’a pas connu. Ce type d’affirmation péremptoire qui affranchit la France et les Français de leurs crimes coloniaux est bien reçu à Paris, notamment chez ses protecteurs Bernard-Henri Lévy, Alain Finkielkraut, Pascal Bruckner, Pierre Assouline, et bien d’autres dans les médias

En vérité, ceux qui comme Kamel Daoud, ont rejoint la France, l’ont fait au-delà du refus de l’Algérie anticoloniale pour des profits personnels, misérables et étriqués. La double nationalité franco-algérienne leur garantit une liberté de mouvement, comme l’a pointé le cinéaste français Lyès Salem, de « Dunkerque à Tamanrasset » (6), recréant la mythique Algérie française d’antan. Super-citoyens, jouissant d’une supra-nationalité franco-algérienne, ils ne sont plus à l’égal des Franco-français ni des Algéro-algériens, qui n’ont qu’un seul pays, et réécrivent à leur bénéfice exclusif le moment colonial. Si toutes les binationalités d’Algériens dans le monde ne sont pas potentiellement troublantes, celle qui les lie à la France, quelles qu’en soient les justifications, recompose les traumatismes de l’Histoire coloniale.

L’Algérie est-elle toujours la France ?

Le chroniqueur français Kamel Daoud peut piétiner la mémoire des martyrs de la guerre coloniale et des moudjahidine. Le passé colonial de l’Algérie n’est, pour lui, qu’un radotage de vieillards séniles. Il n’est pas très éloigné du sentiment du président Macron, s’exprimant au mois de septembre 2021 sur le « pouvoir politico-militaire » d’Alger et sur sa « rente mémorielle ». Sans équivoque, le souhait de Kamel Daoud est de voir tous les Algériens opter pour la binationalité. Tous, à son image, « Français du futur », répudiant l’indépendance, sa « misère de la jérémiade identitaire » et sa « rente du postcolonial ». Dans les faits cette démarche est un retour en arrière de près de quatre-vingts ans lorsque Ferhat Abbas, chef de l’Union démocratique du Manifeste algérien (UDMA) proposait, pendant et au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, à l’État colonial français la création d’une République algérienne autonome fédérée à la France (7), puissance tutélaire qui gardait les attributs de la souveraineté intérieure, diplomatique et militaire. Cette proposition, que n’excluaient pas le MTLD et Messali Hadj, était combattue par la France libre du général de Gaulle et dans les Assemblées coloniales par les jusqu’au-boutistes de l’Algérie française. Daoud ne sait pas qu’il est, en la circonstance tristement passéiste, le Don Quichotte d’un anachronisme politique que la Guerre d’Indépendance a définitivement balayé. En 2022, l’Algérie et la France sont deux pays souverains, libres de leur destinée. Il n’est pas envisageable, voire même malséant, contrairement à ce que pense Daoud, de voir l’Algérie rechercher une influence et une position dans le jeu politique français comme il est certain qu’elle s’indignera de toute immixtion de quelque nature qu’elle soit dans le choix de son président de la République algérienne démocratique et populaire.

Rejoint-il sur ce plan-là les déclarations maladroites de l’ambassadeur Mohamed-Antar Daoud, sur le rôle que joueraient les Français d’origine algériens de France et d’Algérie dans les choix décisifs de leur pays – la France – relativement à son avenir politique ? L’ambassadeur et l’écrivain, « cousins à plaisanterie » (8), qui dans cette seule et douteuse échappatoire politique font famille, se trompent même si leurs intentions ne sont pas semblables. L’ambassadeur Daoud voulait punir le pouvoir de M. Macron en le menaçant après ses coups de canif à la mémoire algérienne, ce qui n’est guère de bonne tradition diplomatique, de lever contre lui des millions d’électeurs français d’origine algérienne, alors que l’intention de l’écrivain-chroniqueur Daoud est de revenir à une politique de sujétion, offrant l’Algérie, les Algériens et leur État pieds et poings liés au néocolonialisme français : « La France n’est pas que la France ». Elle est le pays de millions de Français d’origine algérienne et, dans leur ombre, l’Algérie.

Ce jeu d’influence sur une communauté de Français d’origine algérienne qui votent, en France et en Algérie, pour élire le président de la France est une infâme supercherie. Lorsqu’on vote, en France, en Algérie ou dans n’importe quel pays du monde dans une élection présidentielle, la nationalité du pays est la première exigence. Il n’y a pas d’Algériens en France qui votent, mais des Français d’origine algérienne. Ces Français, s’ils sont des électeurs, ne devraient leur loyauté qu’à leur seul pays, la France. C’est à ce titre qu’ils apprécient en toute conscience le choix des candidats en lice. Il n’y a pas, il ne devrait pas y avoir, d’Algériens qui espèrent quoi que ce soit d’une élection présidentielle française.

L’appel du Français Kamel Daoud, spécialement à l’intention des Algériens et de leurs gouvernants, depuis l’Algérie, dans un journal algérien, à barrer la route à la candidate Marine Le Pen (Rassemblement national) et à faire triompher son adversaire Emmanuel Macron (La République en marche) est plus dans le registre de la gesticulation insane que dans celui de la responsabilité morale de citoyen français. Le spectacle déluré d’un écrivain français, peut-être un Raphaël Enthoven, qui l’a déjà fait dans les travées du Parlement européen, appelant depuis Paris à disqualifier (et diaboliser) un candidat à la présidence de la République algérienne, serait tout autant étrange que pittoresque. Les États français et algérien gèrent difficilement les mémoires divisées d’une terrible colonisation française de l’Algérie pour entrer dans l’étroite hypothèse de se dresser en deus ex-machina d’élections présidentielles. Formellement, les Français comme les Algériens n’accepteront jamais un candidat pressenti par Alger ou Paris. Mais, seulement en apparence pour Paris, qui n’exclut jamais un rôle d’arbitre, faiseur de rois, dans ses anciennes colonies.

Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont deux candidats français à la plus haute fonction de leur État. L’élection présidentielle française et son issue ne devraient pas concerner les Algériens – et, partant, leur ambassadeur accrédité à Paris. Et, leurs gouvernants, qui ne se doivent qu’à leur pays. Elles appartiennent à la France et aux Français.

« Peser » sur les élections des pays voisins

L’Algérie, les Algériens, leur État et leurs gouvernants ne peuvent être que dans le respect du choix des Français. Et de rétorquer à toute éventualité d’un geste inamical de la France. Il relève de la seule autorité de l’État algérien de décider de ce que peuvent être les relations entre l’Algérie et la France, quel que soit le candidat que choisiront les Français. Sauf, s’ils abdiquent leur Histoire : leur indépendance, chèrement acquise, leur pays des martyrs, ne seront jamais à la mesure d’« une France qui avance » – ou qui recule. C’est injurieux de le claironner, ici même, en Algérie, qui n’est plus une colonie de la France, qui se soucie comme d’une guigne d’une « France qui avance », qu’elle n’a jamais rencontrée sous la botte de cent-trente-deux ans de colonialisme français et sous le feu des armes coloniales françaises. Cette outrecuidance d’un ministre de l’Intérieur français, de jadis et naguère, proclamant que « l’Algérie, c’est la France », sous le sceau de laquelle se projette le chroniqueur français de Mesra-Mostaganem, est intolérable. Gardez votre France, Kamel Daoud ! Et laissez les Algériens garder leur Algérie loin des remous d’un néocolonialisme français cinglant, à l’affût, que vous servez dans l’habit peu glorieux de la traitrise et de la harka.

Toutefois, l’intention du chroniqueur Daoud est plus profonde. Il appelle l’Algérie à « peser » sur les politiques locales de ses voisins : « (…) le désir de peser, la nécessité de surveiller les élections importantes dans un pays voisin sont chose normale et naturelle de par le monde » (9). À ce titre, l’Algérie doit contrôler et « surveiller » les élections décisives au Maroc, en Tunisie, en Libye, au Mali, en Espagne et, bien entendu, en France. Elle en a, estime Daoud, les moyens, d’énormes potentialités humaines : « Répétons ce que chacun sait : nous avons, en France, des millions de binationaux, des Français d’origine algérienne, des émigrés, des sympathisants » (10). Le chroniqueur nomme cette intrusion dans la politique active des pays frontaliers la « politique régionale ». Mais si l’Algérie devait prétendre surveiller et influencer les choix de ses voisins, elle devrait aussi leur consentir cette possibilité. C’est de la petite analyse politique internationale sans envergure : aucun des voisins frontaliers n’a les capacités humaines et matérielles d’entrer dans le jeu politique de l’Algérie. Et, elle-même, n’en a pas le « désir » : elle n’exerce aucune diplomatie secrète chez ses voisins dont elle respecte les franchises territoriales et politiques.

Peut-être est-ce bien le cas de la France et c’est là la criante raison de l’affairement de Kamel Daoud, du Français Kamel Daoud, à l’occasion de l’élection présidentielle en France aux résultats déjà connus depuis longtemps, qui jettera les dés dans une partie feutrée. Le chroniqueur n’en fait pas un mystère : les temps ont changé au détriment de l’Algérie et de ses quarante-cinq millions d’Algériens : « C’est aujourd’hui le temps des binationaux, des Algériens, de leurs enfants en France, des Français algériens, des Français d’origine algérienne, de peser, de voter, d’agir et de dépasser l’abstention communautaire érigée comme vertu de résistance. Voter, choisir, élire ou appuyer un candidat français n’est pas une honte, une trahison, mais un signe d’intelligence collective pour l’avenir. Ici et là-bas » (11).

« Ici et là-bas », bien entendu, en France, où réside le chroniqueur, et en Algérie. Cette force française, ce réservoir de millions de votants, pourrait, et personne ne devrait s’en émouvoir, forcer le destin des élections en Algérie et porter à la tête de l’État algérien son candidat. Le « Hizb França » (Parti de la France), qui n’existait que dans les discours fiévreux des prépondérants de kasmas FLN, parti unique, autrefois jeté en pâture aux foules dans ses lointaines circonscriptions, promet-il de nouvelles ressources ? Désormais, le « Hizb França », deuxième génération, une version agressive et décomplexée, épuré de l’éprouvette FLN, a une apparence : l’écrivain-chroniqueur français d’origine algérienne Kamel Daoud ; une réalité : plusieurs millions de Français d’Algérie, y compris les Européens de l’ancienne colonie, les harkis et leurs descendants ; un terrain de chasse : les grandes élections en France et en Algérie.

Kamel Daoud veut prendre option sur une « communauté algérienne », regroupant tous les acteurs de l’Algérie coloniale, pour en faire un levier de la politique en France et en Algérie. Au-delà de la réélection de M. Macron, nettement acquise, pour qui roule-t-il et pour quels desseins présomptueux ? Connaissant la proximité du président-candidat Macron et du naturalisé Kamel Daoud et leur réflexion commune sur l’Algérie, sur « la nation algérienne qui n’a jamais existé avant la colonisation française » et sur le « pouvoir politico-militaire » d’Alger sur lequel ils ont répandu leur aversion, s’agira-t-il pour l’un et l’autre de « peser » sur la prochaine élection présidentielle en Algérie et d’imposer le candidat de la France et de l’Occident ? Si cette perspective politique et électorale devait être ouverte, « la France qui n’est pas que la France » (Daoud) s’engagerait directement par son contingent d’électeurs binationaux franco-algériens sur le terrain politique algérien. Simple hypothèse ou programme politique fomenté dans les laboratoires de la France néocoloniale ?

Notes

  1. « Voter en France, espérer en Algérie… », 14 avril 2022.
  2. Le 10 avril 2022, au sortir du bureau de vote, Kamel Daoud, électeur français, poste ce message « La France n’est pas que la France. Et l’Algérie a besoin d’une France qui avance. Je vote Macron ».
  3. « Voter en France, espérer en Algérie… », art. cité.
  4. Cf. la synthèse que propose le Dr Zoubir Boushaba dans son essai « Être Algérien, hier, aujourd’hui, demain. Nationalité et double nationalité franco-algérienne », Alger, Éditions Mimouni, 2009.
  5. « L’Obs », 19 décembre 2019.
  6. « L’Obs », 28 janvier 2021.
  7. L’idée d’une République algérienne autonome fédérée à la France était discutée depuis les premières moutures du Manifeste (1943) et reprise dans les propositions de l’UDMA. Voir sur cet aspect : Ma hfoud Kaddache, « Histoire du nationalisme algérien. Question nationale et politique algérienne, 1919-1951 », Alger, SNED, 1980, T. II ; Malika Rahal, « L’UDMA et les Udmistes. Contribution à l’histoire du nationalisme algérien », Alger, Barzakh, 2017.
  8. La formule est typiquement malienne. Mohamed-Antar Daoud, ancien ambassadeur d’Algérie à Bamako, ne doit pas l’ignorer. Le « cousinage à plaisanterie » est une pratique anthropologique qui peut porter sur les relations tribales et parfois sur les noms en commun, vidant par la parole moqueuse, et au besoin par la satire, des querelles fondamentales entre groupes sociaux et individus.
  9. « Voter en France, espérer en Algérie… », art. cité.
  10. Id.
  11. Id.

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