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La férocité de l’appareil sécuritaire français (1ère partie)

Par Mohamed Belhoucine*

Aux racines de l’en-férocement des violences meurtrières de la police française. Police impériale, luttes de classes et guerre socialo-raciale. 

« Arrivés sur lui, le diagnostic est rapide : quand un crâne est ouvert comme ça et que le cou fait cet angle-là par rapport au buste, la poursuite est finie, c’est sûr. Un jeune de la BAC arrive en courant, veste ouverte et arme à la main. Il nous écarte, range son arme, se jette sur le gars au sol, lui passe une menotte au poignet et commence à lui tordre le doigt dans le dos.                       – Oh, collègue, il est mort ton client !                                                                                     – M’en fous. C’est mon affaire !                                                                 – Oh collègue ! Tu menottes un mort, je te dis !                                                               –  Ah bon ? Oh merde…Désolé. Je croyais que vous vouliez nous piquer l’arrestation.

       Chronique de la main courante. Serge Reynaud. (Édit Bourin. 2009, p.150)

Avant-propos.

Les français dans leur grande majorité soutiennent ouvertement les violences policières en France et les meurtres commis par des policiers contre les populations post-colonisées qui les assimilent à de la racaille (l’opinion publique française dopée et aliénée à la foi par les medias khazaro-strausso-sionistes et par les préjugés intrinsèques à l’inconscient collectif, dont les racines puisent aux sources du stock ‘’culturel’’ colonial et religieux (notamment les croisades et les dogmes de l’Eglise)). A quelque chose malheur est bon. Le cruel et prémédité assassinat du jeune adolescent algérien Nail a permis de révéler les signatures inhérentes aux sédiments profonds logés à l’intérieur du mental et du stock culturel de la société française. Un néolibéralisme sciemment ethnicisé qui a créé les conditions de la résurgence de l’extrémisme de droite, la radicalisation de la droite et la réapparition de l’autoritarisme politique. La réactivation de la stratégie discursive des ‘’petites phrases’’ par le discours politique, tels que, ‘’dé-civilisation », « on va vous débarrasser de la racaille », « on va faire payer les parents », « régression vers les origines ethniques » (une résurgence éclatante et flagrante du discours colonial sur l’inégalité des races) etc…Une guerre contre les pauvres affichée ouvertement et dont la trame de fond demeure la lutte des classes.

Depuis plus de 20 jours, tous les effectifs de l’armée, de la gendarmerie et de la police française, mobilisés à bloc, n’ont pu faire face à un ‘’ennemi’’ invisible et désarmé, composé de jeunes poulbots de 14 ans en colères et organisés, jouant à une guérilla urbaine ludique, festive et asymétrique, seulement au moyen de pétards récréatifs et non létaux (relire le savoureux livre, Homo ludens par Johan Huizinga (la fonction sociale du jeu. édit Broché, 2008).

Cette ‘’symbiose’’ de la population française et de sa police, relève de ‘’l’ordre naturel’’ construite historiquement par ces deux entités immergées dans le même liquide séminal, héritières du même Habitus collectif (au sens Bourdieu du terme), un concept qui nous permet de donner une clef d’interprétation des rapports entre la population française et sa police qui jouissent des mêmes dispositions culturelles, s’intègrent et s’interpénètrent dans le même environnement social. L’Habitus est une loi immanente déposée par chacune de ces deux entités dès la prime éducation, et, est le produit de la socialisation et du sens pratique propre à ces deux entités, qui se recoupent, se confondent et qui évoluent en s’ajustant aux conditions des actions sociales, politiques et économiques.

Les franges minoritaires les plus ‘’saines’’ de la population française, éduquées et instruites dédouanent et déresponsabilisent les violences policières et les imputent aux déficiences de l’Etat, à la marginalisation des banlieues et aux échecs des politiques urbanistiques initiées par les gouvernements successifs.

Que Nenni !

Le ’’Changer la ville, changer la vie’’ des situationnistes, ne marche plus, car il n’est pas construit sur un socle économique de plein emploi et anti-précarisation. On ne construit pas une maison en commençant par le toit.   Les avant-gardes n’ont qu’un temps ; ce qui peut leur arriver de plus heureux, c’est, au plein sens du terme, d’avoir fait leur temps.

Personne n’a encore mis le doigt sur les vraies racines du mal de l’Habitus français, qui par ailleurs, proviennent fondamentalement des mentalités coloniales et religieuses incrustées et enfouies dans les profondeurs des structures anthropologiques de l’imaginaire de la conscience collective française.

La ségrégation endo-coloniale a pour but de soumettre et bannir les damnés que le néolibéralisme considère comme des pestiférés.

Personne ne veut toucher ce vrai problème lié à la post-indigénisation établie de faite par l’Etat-nation français bâti sur l’esclavage et la colonisation, adossé à des organisations politiques qui dans un non-dit et un silence complice, restent fidèles au pacte national-racial, un chauvinisme de gauche qui a progressivement éteint l’internationalisme ouvrier, celle d’une société civile indifférente aux ravages de l’impérialisme et du néolibéralisme, et où se situe et se construit cette profonde « asymétrie ergodique des affects » entre les petits blancs Dupont La Joie et les Sujets Postcoloniaux.

C’est un sujet tabou en France même pour la gauche française, car c’est le Talon d’Achille des causes causantes : La guerre des races, une continuation du colonialisme par ses différentes facettes néolibérales contemporaines, qui a réussi à opposer le prolétariat intérieur (prolétariat occidental, devenu nihiliste, asservi par la mauvaise conscience de classe, formaté et agissant par réflexes pavloviens aux ordres de l’Etat, décérébré, lobotomisé par la mascarade de la fausse représentation de la ‘’démocratie libérale’’ qui n’est autre, qu’une émanation de la supercherie parlementaire corrompue entre les mains des lobbies et du 49.3, mis en esclavage, conditionné médiatiquement et errant le long de la route de la servitude sans projet de civilisation humaine, que De Gaulle appelait éloquemment, les veaux) et le prolétariat extérieur (prolétariat néo- colonisé et post-colonisé, soumis à l’échange inégal, exploité au centre par l’impérialisme et livré à sa périphérie aux servants dirigeants locaux, les Compradores corrompus)).

Les jeunes des banlieues françaises n’ont aucune possibilité de survivre car ils ne trouvent pas de travail, et qui par conséquent, comme dit Marx, sont « exposés à toutes les vicissitudes de la concurrence et à toutes les fluctuations du marché » (Manuscrits de 1857-1858 dits « Grundrisse », édit. Sociales, réimpression de 2011, 930 pages).

Ces jeunes sont très exactement des prolétaires dans un marché du travail qui leur est fermé, soumis une discrimination à l’emploi presque systématique et systémique dans tout le marché de l’emploi hexagonal, organisé par une oligarchie planétaire, dans la stricte loi du profit maximal. Ils ne trouvent pas de travail et n’ont pas où aller. Très dignes, ne comptent que sur leurs propres forces comme dit Mao Tse Toung, et n’avancent ni excuse sociale ni victimisation comme semble le narrer faussement certains agents indigènes invités dans les plateaux télé, ces intermédiaires, indispensables au fonctionnement de l’administration sécuritaire et policière coloniales, développent un discours superficiel, sans pouvoir explicatif, que les français aiment entendre. C’est à l’image de l’histoire du tableau de Pillai, le traitre idéal.

Quant à l’effort et le mérite, c’est une mythologie, toujours entravés par les français souchiens et tout l’appareil politico-économico-administratif, néo-libéralement ethnicisé et hostile aux jeunes des banlieues. Ainsi nos jeunes sont encerclés et assiégés de tous parts à l’image d’une citadelle assiégée.

Alors quelle est la solution ? Une seule et unique alternative : le prolétariat intérieur européen est condamné à s’organiser doublement d’abord avec ces jeunes de banlieues et ensuite à un niveau international avec le prolétariat extérieur, pour préparer par tous les moyens révolutionnaires, la fin de l’ordre oligarchique mondial dans son être de prolétaire est le résultat. Ce qui veut dire : penser et préparer avec lui la nouvelle politique d’appropriation collective des grands moyens de production industriels, numériques, cybernétiques et monétaires, seule et unique voie menant à la vraie liberté et émancipation, et, dans la foulée, couper définitivement toutes les chaines avec la duperie de la fausse représentation parlementaire corrompue, sachant que la démocratie libérale est constitutive au capital.

Il faut « enfoncer le clou et aller à la recherche de l’intérêt commun », construire une politique dé-coloniale, inventer une dignité humaine concurrente de celle de l’extrême droite, défendre l’autonomie indigène et accepter de se salir les mains en ferraillant contre le consensus raciste actuel en France. Alors, face au bloc bourgeois occidental ébranlé et défait par les crises qu’il a engendrées et provoquées, pourra se nouer l’alliance entre le prolétariat intérieur et le prolétariat extérieur.

*Dr en Physique, DEA en économie

 

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