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December 8, 2025

A la une, Contribution

La férocité de l’appareil sécuritaire français(6ème partie)

Par Mohamed Belhoucine*

Maréchal Bugeaud et la doctrine de contre-insurrection coloniale française. Généraux Eugène Cavaignac et Louis de Lamoricère.

La doctrine de contre-insurrection coloniale française, a été élaborée d’abord par des militaires comme le Maréchal Bugeaud au moment de la colonisation de l’Algérie. 

Il faut examiner avec minutie et grands détails toute cette généalogie de la contre-insurrection coloniale française, élaborée d’abord par des militaires comme le Maréchal Bugeaud au moment de la colonisation de l’Algérie, puis par d’autres comme Roger Trinquier, ou Jacques Massu au moment de notre guerre d’indépendance, qui par la suite a influencé d’autres polices et armées à l’échelle internationale, tel Ariel Sharon et David Petraeus qui le reconnaissent eux-mêmes dans leurs déclarations. En Tout état de cause, cette approche va nous inspirer et surtout alimenter toute notre réflexion sur ce sujet oh combien stratégique sur un plan politique.

Pour remonter aux origines de la doctrine de contre- insurrection coloniale française, élaboré d’abord par des militaires comme le Maréchal Bugeaud au moment de la colonisation de l’Algérie et qui mènera le général soudard Négrier à commettre un acte sacrilège par la destruction de la Gouba de Ouled Sidi Cheikh en Août 1881, sans oublier les criminels Eugène de Cavaignac et Louis de Lamoricière les 2 officier émules du général Bugeaud.

Marx dans Grandisse (1857-1858), rappelle, tout Etat se forme donc sur des appareils de contre-insurrection. Du coup, on trouve une pensée contre-insurrectionnelle chez Sun Tzu ou dans toute autre philosophie politique. Mais effectivement avec l’avènement de l’Etat Nation moderne, du capitalisme et de sa version impérialiste, la contre-insurrection va elle-même prendre des formes modernes, industrielles, va se mondialiser, va se techniciser, va se rationaliser, et va évoluer en même temps que les systèmes technologiques.

Du coup on a des formes modernes de doctrines de contre-insurrection chez le Maréchal Bugeaud en effet. Lui-même, son parcours et sa pensée reproduisent le mécanisme de restructuration impériale, c’est-à-dire l’importation de dispositifs issus de l’expérimentation coloniale et militaire vers le domaine du contrôle. Il va ainsi pouvoir expérimenter des pratiques contre-insurrectionnelles à travers la conquête de l’Algérie avec toute sortes de dispositifs qui vont perdurer, comme les rafles, les déplacements de population, les enfumades etc… Celles-ci vont être mis de côté, mais il y reste bien une logique d’extermination durant toute la conquête de l’Algérie [Coloniser. Exterminer une œuvre incontournable d’Olivier Le Cour Grandmaison] est particulièrement intéressante, montrant le lien entre colonisation de l’Algérie et question sociale. Si certains voient en effet dans le territoire africain un vecteur d’évacuation du risque révolutionnaire en offrant des zones plus ouvertes à la violence et à l’arbitraire, donc aux électrons libres ( Pour permettre au plus grand nombre de prolétaires français  d’accéder dans les rangs de la petite bourgeoisie : « (…) : ‘’ notre belle Algérie, au seuil de l’Europe, quand la France le voudra sérieusement, fera de tout prolétaire un propriétaire conservateur », prophétise Marcellin de Bonnal (p. 293, rapporté par Grandmaison dans coloniser exterminer), d’autres témoignent d’un véritable racisme de classe, les prolétaires étant désignés comme des barbares de l’intérieur (le prolétariat intérieur en opposition avec le prolétariat extérieur (les colonisés)), avec en filigrane la peur de la dégénérescence et de la décadence.

Surtout, « D’un côté, exportation vers l’Algérie de ceux qui sont tenus pour être la lie de la société ; de l’autre, importation d’un personnel militaire et politique depuis longtemps rompu aux violences extrêmes d’un conflit non conventionnel pour combattre ceux qui sont désignés comme les « Bédouins de la métropole » (p. 275, coloniser exterminer, Grandmaison) (ce même discours colonial des bédouins est repris actuellement par les berbéristes Makistes (voir leur blog)).

Pendant les dernières années de sa vie, Bugeaud ne cesse d’insister sur le fait qu’il a constitué en Algérie une doctrine de contre-insurrection applicable au mouvement ouvrier en métropole. Il passe également beaucoup de temps à démontrer les similarités qu’il y aurait entre le processus révolutionnaire – ce que lui appelle « les insurrections » – au XIXe siècle en métropole et les révoltes aux colonies. À la fin de sa vie, il écrit même un livre ( retrouvé à la bibliothèque militaire de Saint-Cyr, ouverte au public ) qui s’appelle ‘’La guerre des rues et des maisons’’ (qui inspire actuellement les israéliens, passer de maison en maison en détruisant les murs mitoyens), dans lequel il propose de transférer son répertoire de contre-insurrection à la guerre en ville en métropole contre le peuple et dans lequel il développe une théorie d’architecture qui va se croiser avec toute l’hausmannisation et qui correspond à l’application de la révolution industrielle à la ville capitaliste.

Les 02 généraux Cavaignac et Lamoricière vont s’inspirer du modèle anti insurrectionnelle élaboré lors de leurs passages en Algérie. Le 23 juin – 26 juin 1848 à Paris, vont réprimer durement et dans le sang une insurrection ouvrière par l’armée commandée par le général Louis Eugène Cavaignac qui dirigea la répression assisté par  le général Lamoricière (au total en 3 jours de combats , on relève et 1600 morts parmi les forces de l’ordre et 5 000 ouvriers morts au combat).

On va donc voir des doctrines militaires et coloniales passer dans le domaine policier en même temps que Hausmann « perce la citrouille » comme il dit ; c’est-à-dire en même temps qu’il trace les grandes avenues qui permettent à la police ou l’armée de charger les mouvements ouvriers.

On introduit également tout cet imaginaire de la tuberculose, des miasmes, etc. On assimile les misérables à une maladie se répandant dans Paris et il faudrait donc faire circuler l’air. C’est comme aujourd’hui dans la rénovation urbaine, on ouvre des grands axes pour que la police puisse entrer dans les quartiers populaires le plus facilement possible et aussi pour les enfermer. Et on invoque la circulation de l’air. On a donc ces logiques avec tout un imaginaire prophylactique, hygiéniste (voir le livre ‘’les hygiénistes’’ d’Olivier Lecours Grand Maison), qui se met en place en même temps qu’on importe le répertoire contre-insurrectionnel dans le domaine de la police sur toute la seconde partie du XIXe siècle.

Avec la restructuration impérialiste, les Etats-nation, les grandes puissances impérialistes du monde occidental vont s’échanger en permanence leurs retours d’expériences. On en a des traces dès 1917 après la révolution russe, où on voit donc les polices et les armées du monde occidental se faire des comptes rendus, s’échanger des synthèses d’expérience.

La police française assure fidèlement la continuité de la ségrégation coloniale à l’intérieur de la société française, en particulier dans les banlieues.

Cette police est la fusion des polices endo-coloniales et de la restructuration néolibérale de l’État français ; formée au début des années 1970 pour aller puiser dans les personnels, dans les grilles idéologiques, dans les boites à outils pratiques des polices endo-coloniales. Je dis endo-colonial pour parler de ces polices comme la Brigade de surveillance des Nord-Africains (les BNA créées en Algérie dans les années 1930), et par la suite les Brigades Agression et Violence (BAV)qui déploient les répertoires coloniaux sur les populations post-colonisés internes au pays sur des critères socio-racistes. Je parle d’endo-colonialisme car ce ne sont pas les mêmes régimes de violence que ce qui est appliqué aux colonies et ce ne sont pas les mêmes régimes de violence appliqués aux classes populaires blanches.

Et parce que la société impérialiste a besoin de maintenir la surexploitation et la surdomination d’une partie des classes populaires, la partie racisée, elle a aussi besoin d’une police spécifique pour ça.

C’est pour ça qu’après 1945, c’est-à-dire après le vrai-faux scandale de la collaboration de la police française à la destruction des juifs d’Europe, la bourgeoisie Gaullienne invente « la France résistante » et tente de faire croire que ce racisme a été renvoyé aux oubliettes.

Mais bien-sûr on va reproduire les mêmes types de dispositifs avec souvent les mêmes personnels – on va aller rechercher les gens qui étaient dans les BNA vu qu’ils savent faire et qu’on va leur refiler le même boulot – et on va trouver une nouvelle dénomination, celle des Brigades Agression et Violence (BAV). Un appareil de gestion socio-raciste va ainsi être mystifié par cette dénomination, ce qu’on retrouve également dans la dénomination d’AntiCriminalité aujourd’hui dans cette rhétorique de la « guerre à la délinquance » qui permet de cacher les appareils de production du socio-apartheid derrière des mythes légalistes.

On va mettre à profit tout ce qu’on apprend à l’époque dans les grandes écoles de la nouvelle société, c’est-à-dire, ce qui s’appellera bientôt le néomanagement : l’application aux appareils d’état de la restructuration néolibérale dans les entreprises en quelques sortes. D’ailleurs, la doctrine de la guerre contre-révolutionnaire va elle-même être transposée dans les théories néolibérales et on parlera de doctrines de « guerre économique » par exemple. Il s’agit de détruire l’entreprise ennemie, en l’empoisonnant, en quadrillant son marché, en utilisant des agents de renseignement, tout ça nait au cours des années 1970, notons que ne nouveau ambassadeur de France en Algérie a été élevé dans cette culture.

La BAC va influencer la naissance d’autres unités sur le même mode dans différente villes et on va ainsi appliquer aux quartiers populaires des méthodes de gestion endocoloniales ce qui va mener aux premières grandes révoltes contre les violences policières dans les cités.

Il apparait également une nouvelle logique comptable qu’on va appeler aujourd’hui « la politique du chiffre » qui consiste à optimiser le rendement, la productivité de la machine policière. Faire du chiffre, ça veut dire faire le plus possible de « bâtons », c’est-à-dire des « mises-à-disposition ». Ils appellent ça « faire une affaire » ; une affaire, c’est ramener quelqu’un et une histoire à traiter pour l’Officier de Police Judiciaire (OPJ) et si cette histoire est suffisamment utilisable pour en faire une affaire auprès du procureur et du coup aller jusqu’en justice et mettre cette personne en prison ou en tout cas essayer, ça fera un « bâton ». Ces bâtons gonflent une carrière et donc par exemple un commissaire qui veut « grimper », devenir préfet ou je ne sais quoi, il a tout intérêt à développer des unités de BAC dans son commissariat parce que celles-ci font beaucoup de mises-à-disposition puisqu’elles fonctionnent sur le principe du flagrant délit – les Brigades Nord-Africaines fonctionnaient déjà sur cette idée.

Le principe du flagrant délit, c’est un principe de pro-action. On va laisser faire l’acte illégal, on va l’encadrer, voire l’alimenter, voire même le suggérer ou le produire complétement pour pouvoir se saisir du « délinquant » au moment où il passe à l’action. La BAC est donc un appareil qui tourne beaucoup autour de la production de ses propres conditions d’extension.

Cette logique de fond, c’est notamment ça qui va faire que les BAC vont se développer dans l’ère sécuritaire, c’est parce qu’elles font beaucoup de chiffre et qu’elles produisent également beaucoup de domination socio-raciste, dont l’Etat a besoin pour contenir le socio-apartheid.

Ceci se trouve dans le fait que le plus facile pour faire des mises-à-disposition et remplir ainsi cette mission néolibérale consiste à « faire » des ILS et des ILE : des Infractions à la Législation sur les Stupéfiants – des mecs qui fument des joints – et des Infractions à la Législation sur les Étrangers – des sans-papiers. Comment on trouve du shit et des gens qui n’ont pas de papiers ? Eh bien on arrête les noirs et les arabes. On traine donc autour des quartiers populaires pour faire des arrestations au faciès sur les classes populaires de couleur.

Voilà comment nait en gros la BAC dans les années 1970 ; elle s’est ensuite développée tout au long des années 1980, d’abord par l’intermédiaire des BAC de Surveillance de Nuit (BSN) et au début des années 1990 et l’avènement de Charles Pasqua – le symbole le plus caricaturale des logiques politiques, policières et militaires de la guerre d’Algérie et dont la carrière politique est structurée autour de la chasse à l’ennemi intérieur – au Ministère de l’Intérieur, il va intensifier cette utilisation des répertoires de contre-insurrection et va être à la pointe de la genèse du système sécuritaire français.

C’est Charles Pasqua notamment qui va rendre possible que toutes les villes de France puissent développer des BAC. Ce qui est à nouveau très intéressant du point de vue du capitalisme sécuritaire c’est que les BAC sont des unités qui utilisent beaucoup de matériel, et qui en revendiquent beaucoup, qui « gueulent » pour être de plus en plus armées. Ça c’est très intéressant pour les industriels de la sécurité. Pour les flashballs par exemple ; les BAC ont demandé à en être armées très vite, elles veulent les nouveaux modèles et elles participent avec les industriels à créer les nouveaux modèles et, bien-sûr, c’est elles qui utilisent le plus de munitions : le flashball est utilisé tous les soirs pour tirer dans les quartiers populaires de France.

C’est la même chose pour les grenades lacrymogènes ; on en voit beaucoup dans le maintien de l’ordre des manifestations de mouvements sociaux dans les centre-villes mais les gaz sont utilisés quotidiennement dans les quartiers populaires.

Le phénomène continue de se développer dans les dix dernières années. La BAC semble vraiment caractéristique de ce capitalisme sécuritaire, notamment par sa férocité mais aussi par son aspect ultralibéral, ultraproductif, ultraoptimisé, ultraviril, ultramédiatique : la BAC se met en scène, les agents s’inspirent énormément de ce qu’ils voient à la télévision…

Toute cette logique va activer au cours des années 1970 la reconnaissance par les pouvoirs publics et par le capital industriel et financier du fait que lorsqu’on est capable de désigner un quartier populaire comme infâme, on va pouvoir activer un circuit de capitaux financiers d’abord, puis industriels, liés à ce qu’on va appeler de manière publicitaire « la rénovation urbaine », c’est-à-dire un protocole de restructuration de ce quartier qui peut aller jusqu’à sa destruction complète. Il va ainsi apparaitre beaucoup de régimes de restructuration : certains consistent à éloigner les populations les plus pauvres ou les moins gouvernables, d’autres vont organiser l’évacuation totale de ces populations, d’autre encore qu’on observe beaucoup depuis le début des années 2000 à travers la mystification de la mixité sociale consistent à parler de réhabilitation mais à en fait déplacer les plus pauvres, sans détruire le quartier. On fait ça à la fois avec de la police et de la prison, mais aussi avec la hausse des loyers provoquée par l’arrivée de nœuds de transports en commun qui permet de faire venir des cadres qui ne se seraient pas déplacés jusque-là ; la petite bourgeoisie à laquelle on veut permettre de venir s’installer à la place des quartiers populaires. Bref, à travers tout ce programme publicitaire qu’est la rénovation urbaine, la transformation des quartiers populaires en quartiers petits-bourgeois va attirer des flux de capitaux gigantesques, notamment liés au fait que depuis le début des années 2000, l’État investit énormément pour appuyer les pouvoirs locaux dans leurs politiques de restructurations urbaines. C’est de l’argent qui va retomber immédiatement dans les poches des industriels du bâtiment et aussi dans celles des industriels de la sécurité, encore une fois, parce qu’on voit qu’une fois que la police, les média, la prison et les autorités municipales ont réussi à « déblayer le terrain », le réaménagement des quartiers se fait en partenariat avec tous les industriels du bâtiment mais aussi des technologies de surveillance, de design – les cliques du néo-urbanisme – les publicitaires, les commerces, bref tout un système d’entreprises qui vivent autour de ça. La logique de fond est à la fois le renforcement du socio-apartheid, mais aussi une forme de colonisation interne à travers l’expansion de la ville capitaliste et l’invention de nouvelles formes d’encadrement de la vie sociale.

L’état d’urgence promulgué par Macron, pour les francais-e-s blanc-he-s de classe moyenne ou riches, cela ne représente qu’une nuisance négligeable mais pour la population racisée française, en particulier ceux et celles que l’on nomme pudiquement « musulman-ne-s d’apparence » (post-colonisés) ce régime légal donnant une latitude encore plus importante à la police insiste encore d’avantage sur l’existence d’une sous-citoyenneté qui ne dit pas son nom.

l’état d’urgence a permis une intensification de la ségrégation mais aussi de mécanismes d’oppression contre les quartiers populaires, ce qui peut rester complétement invisible pour le reste de la population. L’angle d’attaque, c’est l’Islam et les violences, ce sont des perquisitions fracassantes : explosion de la porte, on met tout le monde a terre et en joue, parfois on gaze à l’intérieur des appartements, parfois on tabasse. Ca provoque des traumatismes très forts dans les familles ; on a des récits de perquisitions en pleine nuit et les enfants, la maman, la grand-mère, plusieurs mois après, cherchent à être suivis par des psychologues. À l’école, c’est dramatique, les enfants n’y arrivent pas, après que des unités militaro-policières ont débarqué chez eux en mode anti-terrorisme. Les violences, ce sont aussi des assignations à résidence ; on a du mal à le saisir lorsqu’on ne le vit pas, mais il s’agit d’un système d’encadrement très dur car il faut aller pointer régulièrement. La plupart de ces histoires, je tiens à le dire, se dégonflent après ; il y a déjà des victoires dans les tribunaux parce que l’immense majorité de ces assignations à résidence sont fondées sur rien du tout, surtout par le fait que la personne a été désignée par quelqu’un comme étant « très pratiquante », possiblement « radicalisée », c’est de l’ordre de la délation. Ce sont donc des violences très fortes et très profondes dans les familles, principalement musulmanes à travers ces perquisitions, ces assignations à résidence et ces procédures judiciaires qui durent bien-sûr et qui épuisent. Les noms des gens sont lâchés dans la presse, toute une ville peut d’un seul coup vous considérer comme un probable terroriste.

Donc voilà, l’état d’urgence permet l’intensification du socio-apartheid, de l’islamophobie et des racismes d’état, ce qui se conjugue assez bien à la gestion quotidienne des quartiers populaires dans la France impérialiste.

*Dr en Physique, DEA en économie

Lire: La férocité de l’appareil sécuritaire français (5ème partie)

La férocité de l’appareil sécuritaire français (4ème partie)

La férocité de l’appareil sécuritaire français (3ème partie)

La férocité de l’appareil sécuritaire français (2ème partie)

La férocité de l’appareil sécuritaire français (1ère partie)

 

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