L’ancien Secrétaire d’État Américain et ancien envoyé spécial du SG de l’ONU pour le Sahara Occidental a accusé le roi Mohamed VI d’avoir entravé le travail de la mission onusienne dans une lettre adressée à l’actuel Secrétaire d’État américain Antony Blinken, diffusée par le site Bluepass.
Dans cette missive, Christopher Ross évoque son témoignage et ses conclusions comme ancien envoyé du SG de l’ONU, faisant porter le chapeau de l’échec de sa mission et celle de ses successeurs au roi du Maroc, insistant sur la nécessité de changer le modus operandi des envoyés spéciaux pour le Sahara Occidental, au même titre que celui de la Minurso en élargissant ses prérogatives, en lui permettant de contrôler le respect des droits de l’homme. Par ailleurs, il faut noter, que 10 membres du Sénat Américain démocrates et républicains avaient écrit à Antony Blinken, lui suggérant la nécessité d’élargir la mission de la délégation onusienne pour le référendum au Sahara Occidental, pour qu’elle puisse contrôler le respect des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés, dernière colonie en Afrique à la recherche d’un référendum d’autodétermination, depuis 1991, date du cessez-Le Feu entre le Front Polisario et l’occupant marocain. Un cessez- Le Feu violé par le Maroc en novembre dernier, à l’occasion de l’agression marocaine de la zone tampon de Guerguerat, occupée jusqu’à ce jour par le Minurso.
« Depuis ma désignation en 2009, en tant qu’envoyé spécial du SG de l’ONU, et jusqu’au 2017, j’ai opéré avec assiduité à rapprocher les divergences des deux belligérants à savoir le Polisario et le Maroc, en vue d’arriver à une solution juste et durable, acceptée par les deux parties, permettant au peuple sahraoui d’exercer son droit d’autodétermination. Les propositions présentées par les deux parties en 2007, étaient divergentes et éloignées, et ont été un réel écueil menant à une impasse, à l’occasion des différents rounds des négociations, que j’ai dirigé, me contraignant à faire des navettes permanentes pour arriver à obtenir des avancées. Face à l’absence de résultats probants, la question du respect des droits de l’homme et l’échange des accusations de violation des droits de l’homme est devenue le nouveau champ de bataille entre les deux parties, il était nécessaire de constituer une commission internationale indépendante des droits de l’homme. Une proposition acceptée par le Polisario et rejetée par le Maroc » écrit Christopher Ross.
Il convient de rappeler, que ce n’est pas la premier sortie de ce dernier accusant le Maroc d’avoir entraver le travail des envoyés spéciaux du SG de l’ONU et de la mission de la Minurso. Au mois de décembre dernier, Christopher Ross avait posté une publication sur sa page Facebook, accusant Rabat d’un « manque de respect » et a entravé le travail des émissaires de l’ONU.
Le diplomate américain avait souligné que l’autre ancien émissaire de l’ONU, Horst Kohler n’aurait pas démissionné de son poste pour des raisons de santé mais plutôt « parce qu’il était dégoûté par le manque de respect du côté marocain et les efforts déployés pour entraver son travail comme cela a été le cas pour moi ».
Christopher Ross critique en effet l’attitude du Maroc qui, selon lui, a poussé plusieurs émissaires de l’ONU à jeter l’éponge dont James Baker. Ce dernier a démissionné en 2004 lorsque Rabat avait annoncé qu’une solution impliquant un référendum pour l’autodétermination du peuple sahraoui était une atteinte à sa souveraineté (supposée). Le Maroc avait pourtant accepté la solution du référendum en 1991, rappelle Christopher Ross