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December 8, 2025

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«Déclaration de Nairobi»: Les Africains se mettent d’accord sur une stratégie environnementale

Par Nora Abdelkrim

Il n’était pas question pour les participants au premier Sommet africain pour le climat de sortir de ces trois jours de réunion sans acte concret. Une vingtaine de chef d’État ou de gouvernement africains et près de 20000 membres de délégations du monde entier se sont retrouvés du 4 au 6 septembre, à Nairobi, en présence du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres,   pour poser les bases d’une stratégie commune environnementale en Afrique, par les Africains qui subissent plus que d’autres les dérèglements climatiques alors qu’ils contribuent de manière marginale au réchauffement de la planète.

Croissance verte, financements de l’action climatique, énergies renouvelables, mais aussi restructuration de la dette – sujet qui sera aussi inscrite à l’agenda de la réunion du G20, les 9 et 10 septembre, en Inde –  ou mise en place de taxes sur les énergies fossiles et les industries polluantes telles que les transports aériens ou maritimes, autant de sujets qui ont été discutés au cours de ces trois jours. Ce sommet était organisé, également, dans la perspective de la COP28 qui débute fin novembre à Dubaï, avec la volonté d’y défendre une position africaine commune.

L’adoption d’une « Déclaration de Nairobi », objet de longues négociations entre les chefs d’État et de gouvernement,  a montré, à l’issue du sommet,  cette volonté des participants d’avancer au-delà des grands discours sans suite. Forte d’un énorme potentiel en énergies renouvelables – solaire, éolien, géothermie..), le continent possède, également, 40 % des réserves mondiales des métaux stratégiques, comme le cobalt, le manganèse, le coltan ou le platine, dont certains sont essentiels pour l’industrie électronique, les batteries et les piles à hydrogène. Un continent où environ  600 millions de personnes (soit 43 % de la population africaine ) vivent encore sans électricité.

Concernant le financement, la Déclaration de Nairobi appelle, entre autres, à la mise en place d’une large taxation mondiale du carbone. Présente au Sommet, la Commissaire européenne, Ursula von der Leyen a affirmé, en outre,  la volonté de l’Union européenne d’investir massivement dans la transition en Afrique. La moitié des fonds du programme d’investissement à l’étranger  Global Gateway »,  soit environ 300 milliards d’euros jusqu’en 2027, serait dirigée vers l’Afrique. Les Émirats arabe unis, ont, également, annoncé des investissements à hauteur de 4,5 milliards d’euros dans les énergies renouvelables. Des représentants du secteur privé émirati se sont, en outre, engagés à acheter pour 450 millions de crédits carbone africains d’ici 2030.

La question du financement de la transition est d’autant plus cruciale que les besoins en investissements en Afrique sont massifs dans un contexte d’emprunt limité auprès des institutions internationales (FMI, Banque mondiale) et des prêteurs privés et marqué par un service de la dette budgétivore qui entrave  développement économique du continent. « L’Afrique possède à la fois le potentiel et l’ambition d’être un élément essentiel de la solution mondiale au changement climatique », dit la Déclaration. Pour cela, les signataires demandent « une nouvelle architecture de financement adaptée aux besoins de l’Afrique y compris la restructuration et l’allègement de la dette ». Exploiter les immenses ressources en énergie renouvelables doit permettre à ces pays de se développer à condition d’en avoir les moyens. Ainsi, la Déclaration de Nairobi demande-t-elle à la communauté internationale de contribuer à l’effort de l’Afrique pour augmenter la capacité de production des énergies renouvelables de 56 gigawatts en 2022 à un minimum de 300 gigawatts d’ici 2030.

Fatih Birol, président de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a, dans une interview accordée au journal Le Monde, appelé les pays occidentaux à ne pas s’opposer à l’exploitation des réserves de gaz à des fins domestiques, ce qui freinerait l’industrialisation et le développement de l’Afrique, estimant que l’impact sur les émissions à effet de serre serait insignifiant.  « L’énergie produite à partir du solaire sur un continent de plus d’1 milliard d’habitants est deux fois moins importante que celle produite aux Pays Bas », note-t-il, ajoutant «  C’est une des plus grandes injustices économiques que j’ai jamais observées ».

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