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Sa majesté Jupiter boude

Par Djeha

Un sommet qui réunit les pays d’Amazonie débute mardi 8 août, dans la ville brésilienne de Belém (nord), avec des enjeux qui transcendent la région, dans l’espoir de trouver des solutions concrètes contre le réchauffement climatique.

Il s’agit notamment de débattre des stratégies communes pour lutter contre la déforestation et promouvoir le développement durable dans cette vaste région qui abrite environ 10% de la biodiversité de la planète.

Le sommet, qui se poursuivra jusqu’à mercredi, rassemble des représentants des huit pays membres de l’Organisation du traité de coopération amazonienne (OTCA), créée en 1995 pour protéger la forêt tropicale.

Le président de gauche du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, reçoit ses homologues de la Bolivie, de la Colombie, du Guyana, du Pérou et du Venezuela ainsi que l’Equateur et le Suriname.

Le président français était aussi invité car la France possède un territoire amazonien avec la Guyane.

Malheureusement, elle ne sera représentée que par son ambassadrice à Brasília, Brigitte Collet.

Pourquoi cela ?

Parce que le Brésil, membre des BRICS, ne condamne pas la Russie ?

Peut-être…

En fait, Sa Majesté Boudboud est vexée, fâchée. Fâchée par qui et pourquoi ?

En juin dernier, l’Elysée a proposé aux BRICS de l’inviter à participer à leur Sommet qui doit se tenir les 22 au 24 août à Johannesburg.

Personne n’ignore l’état de la popularité du président français.

Il ne peut quitter l’Elysée sans craindre de recevoir des tomates ou des œufs pourris.

Briller à l’étranger c’est tout ce qui lui reste pour tenter de redorer son image et faire baver de jalousie ses homologues européens et le vieillard gâteux qui trône à Washington.

Mardi 20 juin, la ministre française des Affaires étrangères a fait connaître à Pretoria « la disponibilité et l’intérêt du président Macron » à rejoindre pour ce sommet, les autres membres des Brics (le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud).

« J’ai fait état à mon homologue Mme Pandor (…) de la disponibilité du président et de son intérêt à poursuivre le dialogue que la France entretient avec les Brics », a déclaré Catherine Colonna à la presse au terme d’une visite officielle en Afrique du Sud. La française ne s’est pas contentée de proposer son président.

Elle s’est même permise de suggérer de le proposer à la place de V. Poutine. Rien que ça.

La veille, lors d’une conférence de presse conjointe avec la cheffe de la diplomatie sud-africaine, Naledi Pandor, Mme Colonna avait précisé qu’une telle invitation devrait se faire « dans le plein respect du droit international », en référence à la possible venue au sommet de Vladimir Poutine. Le président russe est visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour le crime de guerre de « déportation » d’enfants ukrainiens dans le cadre de l’offensive de Moscou contre l’Ukraine. (AFP, mercredi 21 juin 2023 à 10h35)

« On ne s’invite pas. On est invité » Et en l’occurrence, on ne l’est pas.

La réponse de l’Afrique du sud a été une véritable gifle au point que tout a été fait pour l’étouffer et d’en effacer les traces.

Réponse cinglante de l’Afrique du sud.

« La participation du président Macron, si elle devait avoir lieu, constituerait une première dans les pratiques adoptées jusqu’ici aux sommets des Brics », a pour sa part souligné lundi Mme Pandor. « C’est l’hôte qui détermine qui doit être invité », a-t-elle ajouté, précisant que la décision appartient au président sud-africain, Cyril Ramaphosa.

Personne ne connaît la position des autres membres des BRICS. Il semblerait cependant que c’est I. Lula a tenu à opposer son veto à une telle hypothèse.

C’est cette opposition brésilienne qui expliquerait le refus du président français de participer au Sommet pour la défense de l’Amazonie.

Résumons-nous.

La position internationale de la France s’est beaucoup dégradée ces dernières années, notamment depuis l’insortable Sarkozy.

Au point que 94 parlementaires issus de plusieurs bords politiques (surtout LR) ont adressé une lettre ouverte à l’Elysée (Le Figaro du lundi 07 août 2023), aussi angoissée que complètement à côté de la plaque sur le naufrage de la politique extérieure de leur pays.

Ces braves parlementaires ne semblent pas se rendre compte des causes et conséquences d’un effondrement auquel ils participent largement.

Interrogeons-nous : au moment où la France est chassée d’un peu partout en Afrique (et Paris fait tout en accélérer le processus), où elle a disparu des principaux tours de table internationaux (on se demande ce que bricole l’ancien VRP de l’armement, ex-ministre français des AE missionné au Liban) était-il intelligent et opportun de refuser une invitation brésilienne à participer à un Sommet, (très utile par ailleurs) où aucun pays développé n’y a été invité ?

Et cela pour une simple question d’amour propre ?

À moins de se croire monarque de droit divin, ne serait-il pas sage de se départir de toutes considérations ou vanité personnelle quand on est censé être au seul et unique service de son pays ?

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