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ANALYSE, TRIBUNE

Sous le capitalisme européen, la barbarie n’est pas l’antipode de la civilisation mais sa seconde peau 

Sous le mode de production capitaliste d’essence européenne, la barbarie n'est pas l'antonyme de la civilisation mais son ombre portée avec un raffinement de dissimulation démocratique. 

Par Khider Mesloub

Sous le mode de production capitaliste d’essence européenne, la barbarie n’est pas l’antonyme de la civilisation mais son ombre portée avec un raffinement de dissimulation démocratique. 

En Europe, la démocratie est la feuille de vigne derrière laquelle se dissimule la dictature du capital. Ou, autrement dit, la dictature du capital peut revêtir les atours de la « civilité politique » pour dissimuler sa barbarie ontologique. 

Derrière chaque démocrate bourgeois européen se cache un barbare, sommeille un génocidaire. Israël comme les États-Unis, excroissances de l’Europe, en abritent des millions. 

Ce ne sont pas les Orientaux, les Asiatiques ou les Africains qui, au XXe siècle, en l’espace de 20 ans d’intervalle, ont déclenché deux Boucheries fratricides barbares et génocidaires (1914-1918 et 1939-1945), mais les Européens « civilisés » militairement anthropophages, décimant au total plus 80 millions d’hommes, femmes et enfants prolétaires, sacrifiés sur l’autel de l’impérialisme hégémonique. 

Les guerres permanentes modernes sont une preuve de l’anthropophagie militaire inhérente au mode de production capitaliste d’essence européenne en particulier et occidentale en général. 

L’anthropophagie est une pratique qui consiste à se nourrir d’êtres humains. Or le capital européen en particulier et occidental en général se nourrit, et de la chair-à-exploiter des travailleurs immolés lors de la production incessante des marchandises toxiques, et de la chair des prolétaires sacrifiés lors des guerres permanentes qu’il provoque pour assouvir son besoin insatiable de valorisation de ses profits. 

Aux siècles précédents, entre le XVe et le XIXe siècle, ce ne sont pas, encore une fois, les Orientaux, les Asiatiques ou les Africains qui avaient inauguré l’ère du capitalisme exploiteur de la force de travail dans les bagnes industriels, du capitalisme conquérant génocidaire des populations autochtones amérindiennes, du colonialisme, de l’esclavagisme, de l’impérialisme, du suprémacisme, du darwinisme social, du racisme, du sionisme, mais les Européens. Sans oublier au siècle suivant, le XXe siècle, le fascisme, le nazisme, le stalinisme.

Historiquement, l’Europe, de la France à la Russie en passant par l’Italie et l’Espagne, a vécu constamment sur le pied de guerre, depuis plusieurs siècles, bien avant la naissance du capitalisme. 

En effet, si l’Europe a démontré sa prééminence, son excellence, depuis l’époque antique à la période moderne en passant par le Moyen-Âge, c’est en matière de massacres intra-européens et extra-européens : par ses fratricides guerres, entreprises sur son sol chrétien, comme par ses massacres coloniaux, esclavagistes, impérialistes, opérés dans les autres continents. Sans oublier ses deux Boucheries mondiales de 1914/1918 et de 1939/1945 perpétrées en plein siècle de la démocratie (bourgeoise), sur le continent européen « civilisé ». 

En ces temps belliqueux génocidaires au sein de la pacotille société capitaliste européenne consumériste, le vocable civilisation est très en vogue. L’Europe, baptisée Occident, proclame batailler au nom de la défense de sa « civilisation » menacée. 

L’État d’Israël, colonie capitaliste européenne, fait ses guerres pour défendre la « civilisation occidentale ». À l’est de l’Europe, en Russie, l’autre pôle européen du désormais capitalisme pleinement développé, le trublion dissident européen Poutine mène sa politique guerrière au nom de la « civilisation orthodoxe slave », après avoir fidèlement servi dans sa jeunesse la « civilisation est-européenne soviétique » en sa qualité d’agent du KGB chargé de l’élimination des opposants accusés d’œuvrer au service de la « civilisation occidentale ». 

Certains comme Bush, Sarkozy, ne proclamaient-ils pas venue l’ère de la « guerre des civilisations » ? À nouveau remise à la mode par le chef d’État Macron, avec sa croisade lancée au nom du droit à la caricature anti-islamique et sa loi sur le séparatisme visant spécifiquement les Maghrébins et les Subsahariens. Et depuis le 9 octobre 2023 en se ralliant à la « croisade judéo-sioniste occidentalisée », génocidaire, menée par l’État nazi d’Israël, ce poste avancé de l’occident impérialiste, contre les Palestiniens. 

Décidément, ce sont les moins civilisés de la terre, les plus criminels de l’humanité, les plus abjects dirigeants de l’Europe en particulier, et de l’Occident en général, qui se drapent dans cette notion de civilisation, de civilité, de civisme, de « civilitude ». 

Or, comme l’a écrit l’écrivain Jack London, parlant de l’Europe : « Notre civilisation tant vantée est née dans le sang, est imbibée de sang, et ni vous, ni moi, ni personne ne pouvons échapper à cette tache écarlate ». 

On pourrait ajouter Israël, pays colonial suprémaciste, créé par des colons européens, juifs athées : il est né dans le sang, est imbibé de sang. 

Israël, cette tache écarlate, est la dernière survivance coloniale européenne implantée au Moyen-Orient.  

Ce Moyen-Orient, berceau de la civilisation et de l’invention de l’écriture, de la réflexion et de la littérature. C’est dans cette région du monde que s’est édifiée, dès le 6e millénaire avant notre ère, la civilisation, pendant que l’Europe pataugeait dans la barbarie. C’est dans cette région que l’humanité est passée de la préhistoire à l’histoire, que la civilisation s’est épanouie, propagée ensuite aux régions limitrophes, puis lointaines. 

Des Orientaux, fondateurs de la civilisation et des trois fondamentales religions monothéistes, les Européens n’auront emprunté que le système d’élaboration des États. Ils n’ont jamais adopté la sagesse orientale. 

Même le christianisme, d’essence orientale, à l’origine religion d’amour, populaire et révolutionnaire par ses fondements égalitaristes, les Européens l’ont perverti quand ils l’ont embrassée. Ce fut le baiser de la mort : de la trahison de l’esprit chrétien oriental. Adoptée par l’empereur Constantin, puis tous les rois d’Europe, la religion chrétienne est devenue une arme de guerre entre les mains des barbares nouvellement maîtres de l’Europe : Germains, Jutes, Angles, Saxons, Frisons, Francs, Alamans, Burgondes, Vandales, Suèves, Wisigoths, Ostrogoths, Alains, Huns, ces ancêtres des contemporains européens. La religion est devenue un moyen d’enrichissement, d’asservissement et d’avilissement entre les mains de ces barbares européens, fondateurs de la chevalerie, ordre militaire féodal chrétien, qui ont érigé la guerre en sacerdoce, en « sport seigneurial ».  

Un État chrétien, la papauté, une institution dominée et contrôlée par des parasites richissimes ecclésiastiques, a même été créée pour assouvir, non pas leur soif de spiritualité, mais de richesse et de somptuosité ; non pas de charité et de philanthropie, mais de domination et d’exploitation de leurs ouailles. 

De siècle en siècle, les classes dirigeantes européennes auront entraîné régulièrement leurs pays respectifs dans les guerres « fratricides », faisant reculer à plusieurs reprises leur « civilisation » belliqueuse, plonger leurs pays dans la barbarie, cette seconde nature formatrice de leur psyché belliqueuse. 

De même, depuis la création des États-Unis, pays fondé par des Européens, ses classes dirigeantes impérialistes auront transformé la planète en champs de guerres permanentes pour le grand profit de leurs industries de l’armement et du pétrole, parfois au nom de la défense de la « civilisation occidentale », comme le proclamait Georges Bush. 

Le capitalisme européen (occidental) est un système fondé sur l’anthropophagie militaire.  Il se nourrit de la chair des hommes, femmes et enfants qu’il sacrifie en permanence dans ses guerres génocidaires  déclenchées pour assouvir son insatiable appétence de valorisation de profit, de destruction – reconstruction lucrative d’infrastructures. 

En Europe, civilisation et barbarie se sont tant succédé qu’elles ont fini par se confondre, se fondre. Mais c’est la barbarie qui mène sa frénétique danse macabre. Impose le tempo avec sa sempiternelle triade : crise – guerre – reconstruction, crise – guerre – reconstruction, crise – guerre – reconstruction. Une funèbre triade rejouée à l’infini par les barbares dirigeants européens, ces génocidaires parés des atours de la civilisation pour abuser et user l’humanité.

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