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Sahel: L’approche sécuritaire de l’Algérie face à la prédation néocoloniale

Au moment ou les chefs des armées de la CEDEAO, se rencontrent à Accra, au Ghana, pour finaliser une éventuelle intervention militaire au Niger, pour rétablir le président nigérien déchu Mohamed Bazoum dans ses fonctions, des informations font état d’intenses préparatifs de la France pour intervenir militairement au Niger, après que les nouveaux dirigeants nigériens aient accordé un ultimatum d’un mois à la France pour retirer son contingent installé sur le sol nigérien.

La France se prépare militairement en Libye

Selon certaines sources, les forces  françaises ont transféré leur présence sur la base aérienne d’Al Wigh, dans le sud de la Libye à environ 500 kilomètres de la frontière entre le Niger et le Tchad. une base libyenne qui compte environ 400 personnes et qui pourrait être renforcée pour atteindre leur nombre à 1000 personnes. L’objectif de ces préparatifs militaires est d’entrer dans Niamey, la capitale du Niger. Parallèlement à l’éventuel mouvement des forces militaires de la CEDEAO dans le sud, la France prépare l’offensive à partir du nord du Niger.

Lâchée par les USA, favorables à l’option politique et diplomatique et qui viennent de nommer une nouvelle ambassadrice à Niamey, la France , grand perdant de la chute de Bazoum, dans la foulée de ses échecs au Mali, Burkina Faso, et RCA, utilise divers moyens pour ne pas perdre la face et la présence au Niger,(une traditionnelle mamelle) car Paris détient un large réseau d’intérêts économiques et stratégiques, au premier rang desquels figure l’exploitation des ressources naturelles énergétiques et minérales du pays sahélien dont le peuple s’enfonce davantage dans la pauvreté.

Le Niger revêt une grande importance pour son ancien colonisateur, la France, qui considère ce pays africain comme son principal allié dans la région du Sahel. Cette importance s’est accrue avec les transformations radicales de la région, c’est-à-dire après le déclin de l’influence française et son expulsion du Mali et du Burkina Faso.

Les Français ne veulent pas perdre le Niger, car cela renforcerait considérablement l’alliance des pays libres du Sahel, tant sur le plan militaire que stratégique. Depuis lors, le Niger est le seul point de convergence des forces françaises au Sahel, après avoir été expulsé du Mali et du Burkina Faso. Aujourd’hui, la France va perdre définitivement l’Afrique.

L’échec total de l’intervention militaire de la France au Sahel

Le renversement sanguinaire du leader libyen Mouammar Kadhafi en 2011, par la France et son ancien atlantiste président Sarkozy( qui revient aujourd’hui donner de leçons, au lieu de se présenter à la CPI, comme criminel de guerre) est à l’origine de cette instabilité politique et sécuritaire de  toute la région. Et si la France se soucie aujourd’hui de la préservation de l’ordre constitutionnel, pourquoi elle l’avait violé avec la Libye de Mouammar Kadhafi? Et si la France défendait la population libyenne qui serait persécutée par le leader libyen froidement assassiné, pourquoi elle critique l’intervention militaire russe pour protéger la population russe persécutée dans le Donbass par le régime ukrainien de Kiev.
La France a été pris à son propre piège en Ukraine et aussi dans le Sahel, puisque sa présence militaire au Mali, Niger, Burkina Faso et la RCA, étaient liée à l’affaiblissement des armées de ses pays, ne disposant pas d’équipements militaires et de formation spécifique pour combattre les groupes terroristes en activité,dans la région. Pire encore, la France continuait à payer les rançons d’otages aux groupes terroristes, en violation d’une résolution adoptée par le Conseil de Sécurité de l’ONU, condamnant le payement des rançons aux organisations terroristes. Sur ce registre, il faut souligner, que l’Algérie forte de sa longue expérience en matière de lutte contre le terrorisme transfrontalier et transnational, n’a pas cessé de plaidé durant de longues années devant les instances internationales, l’interdiction de payement des rançons d’otages,(source de financement du terrorisme).

Les opérations Barkhane,Sabre et Sangaris, un trompe-oeil

Depuis plus d’une décennie, les opérations militaires de la France au Mali, Niger, Burkina Faso, et en République centrafricaine RCA, à savoir Barkhane, Sabre et Sangaris, s’avèrent un à la fois trompe-oeil et faux-argument de lutte contre le terrorisme, pour justifier cette présence sur des territoires étrangers, pour renforcer les opérations de pillage des richesses naturelles de ces pays par les multinationales comme Orano (anciennement Areva) au Niger.

Dans une récente déclaration , l’actuel ministre malien des affaires étrangères Abdoulay Diop déclara à propos du départ des forces françaises « L’opération Barkhane, c’était 2 million d’euros par jour…. Pendant 9 ans, la France n’a pas donné un seul hélicoptère. Aujourd’hui, vous voyez le nombre des aéronefs que nous avons pu acquérir en moins de deux ans ? ».

L’approche algérienne obtient gain de cause

Depuis, l’instabilité programmée et matérialisée dans la région du Sahel, dans la foulée du renversement du leader libyen Mouammar Kadhafi par l’Otan et la France dirigée par Sarkozy, l’Algérie n’a cessé de condamner les ingérences étrangères et le renversement des pouvoirs par la force. L’Algérie était et est encore favorable au renforcement des capacités militaires et de renseignements des pays de la région pour lutter contre les groupes terroristes comme l’AQMI, Ansar Dine, le FLM, Al-Mourabitoune,(coalition JNIM) relevant d’Al Qaida, Daesch ou Bokou Haram. L’Algérie soutenait la coordination des actions menées par le Comité d’Etat-Major Opérationnel Conjoint (CEMOC) dont la création visait  la stabilité politique et sécuritaire dans la sous-région.

Cet ensemble dérangeait les puissances occidentales néocoloniales et sera concurrencé par ce qui est appelé G5 Sahel, dont l’éclatement viendra avec le sursaut des forces anti-coloniales, qui renversaient les régimes fantoches au Mali et Burkina Faso.
Par contre, l’approche objective et réaliste de l’Algérie en matière de lutte contre le terrorisme se concrétise sur le terrain, et ce n’est pas fortuit si le Chef d’état-major de l’ANP, le général  d’armée, Said Chanegriha, plaida mardi dernier 15 août 2023, à l’occasion de son intervention par visioconférence devant les participants pour la 11 ème conférence sur la sécurité internationale à Moscou, pour la création d’un fonds africain contre le terrorisme.

Selon Said Chanrgriha, l’Algérie compte participer à ce fonds africain avec un milliard de dollars  pour soutenir le développement d’autres pays en Afrique .
Ceci dit, l’approche algérienne ne se limite nullement à son volet sécuritaire , mais aussi au développement de cette région, via une intervention »ration régionale. Sur ce registre, il faut noter, que l’Algérie avait déjà lancé d’importants projets structurants comme la route transsaharienne, la Dorsale de la fibre optique pour relier en Internet, plusieurs pays voisins comme le Mali, le Niger, laMauritanie, la Libye, la Tunisie et aussi le Tchad, en plus du mégaprojet gazier, reliant le Nigeria à l’Europe via le Niger et l’Algérie, et aussi la route Tindouf- Zouirette en Mauritanie et les dessertes maritimes reliant Alger à Nouakchott et Dakar, en attendant la concrétisation des voies ferrées reliant le nord au sud de l’Algérie. Ces projets structurants visent en premier lieu à la stabilisation des populations sahéliennes, au renforcement des échanges commerciaux entre les régions frontalières et à assoir une réelle politique de développement socio-économique pour la consolidations des liens entre les peuples d’Afrique.
D’ailleurs, ce n’est pas un hasard, si le président Tebboune s’est engagé devant ses pairs africains au lancement de l’Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement  dotée d’un milliard de dollars.
Sur ce registre, il est primordial de souligner, que la réussite de cette agence est liée à la création de zones-franches au niveau des frontières de l’Algérie avec ses voisins africains, dans le but de capter des investissements d’opérateurs économiques africains. Cette opération permettra de juguler les flux migratoires, lancer de grandes opérations de lutte contre la pauvreté et la précarité, et de lutter contre le terrorisme et le trafic de drogue dont les terreaux sont l’absence de programmes de développement. La concrétisation d’un corridor sécuritaire avec des partenaires africains allant de l’Atlantique à la Corne d’Afrique, permettra de se débarrasser de l’intervention étrangère, et augurera une nouvelle ére en matière du progrès et de prospérité pour l’Afrique et ses peuples.

 

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