Le conflit ukrainien aura ses secousses et répercussions en Afrique, plus précisément dans la région du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest . La menace terroriste pourrait atterrir Afrique dans le golfe de Guinée en 2023, prévient Oumar Traoré, journaliste malien spécialiste des questions de sécurité, dans une déclaration au média russe Sputnik.
Alors que l’année 2022 a marqué l’échec des forces françaises à éradiquer le terrorisme au Mali, 2023 ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices, ajoute le journaliste malien.
Du Sahel, la menace terroriste pourrait désormais descendre vers le golfe de Guinée. Le Niger, « pays très en retard » dans la lutte contre le terrorisme, semble particulièrement vulnérable.
« L’année 2023 s’annonce comme celle de la lutte contre le terrorisme en Afrique […] La conjugaison des efforts du Mali et du Burkina sur la zone des trois frontières a permis de pacifier un peu la situation. Les terroristes déplacent maintenant leurs points d’attaque vers le golfe de Guinée, où sont des pays qui n’avaient pas vraiment connu le terrorisme », explique Oumar Traoré.
Comme l’a bien révélé le président nigérian Muhammadu Buhari,il y a quelques semaines, la menace terroriste est d’ailleurs alimentée par le conflit ukrainien , puisque des flux d’armement sont désormais détournés vers l’Afrique. Des armes qui sont également vendues illégalement via le Darknet.
« Certaines parties d’Afrique (…) vont être embrasées par ce terrorisme, si nous n’en prenons pas acte. Récemment nous avons vu des déploiements massifs d’armes ayant quitté l’Ukraine, des armes occidentales qui se déplacent vers le Sahel et vers le golfe de Guinée », affirme Seydou Oumar Traoré.
Les opérations Serval, Barkhane et Takuba, une arnaque
Dix ans après son lancement, l’opération Serval menée par l’armée française au Mali, puis élargie à d’autres pays comme le Niger, et le Burkina Faso, via l’opération Barkhane, n’a rien réussi de probant en matière de lutte contre le terrorisme transfrontalier. Au contraire, les groupes terroristes se sont renforcées davantage, bénéficiant de l’argent des rançons de prise d’otages occidentaux et de trafic de drogue et d’armes en alliance avec les réseaux maffieux en activité dans la région. La France au même titre que certains pays européens qui formaient la Task Force ne s’intéressaient qu’aux richesses naturelles que recèlent cette région, au grand dam des populations africaines victimes d’arnaques occidentales.
« Aujourd’hui, l’Afrique souffre à cause de ses richesses, des richesses du sous-sol et des richesses humaines […] Mais le continent a compris que l’Occident et les pays du Golfe sont des envahisseurs, des États voyous qui cherchent à maintenir l’Afrique dans la pauvreté, dans la colonisation et la domination, tout en exploitant ses ressources au détriment des populations », poursuit le journaliste malien. Il convient de rappeler, que le directeur russe du centre d’études sécuritaires au Sahel Aly Tounkara avait déjà mis en garde contre le risque de création d’un « califat » en Afrique en raison de la relocalisation de terroristes du Moyen-Orient.
Dans une interview accordée à Sputnik , Aly Tounkara indique que « le retour vers l’Afrique de ces groupes [du Moyen-Orient] ne s’est pas forcément amplifié au courant de 2022 » .
Et d’ajouter « Le Sahel est devenu un champ de compétition entre les puissances militaires au nom de la lutte contre les groupes radicaux violents ».
En plus de cela, la situation s’aggrave par des processus internes qui varient d’un pays à l’autre. En 2022, la situation sécuritaire sur le continent africain a été marquée en 2022 par « les efforts des armées sahéliennes qui ont connu par moments ou par endroits des renforcements et d’interruptions ».
Par exemple, le Mali a acheté beaucoup d’équipements militaires, mais a aussi réalisé un nombre d’incursions qui « ont permis de déloger certains groupes radicaux violents ».
En plus de cela, les changements de relations avec les partenaires des pays du Sahel ont également joué leur rôle. C’est « le cas du Mali et de la France ». La France « constitue un exemple important en termes de rupture de logique sécuritaire », a précisé M.Tounkara.