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Europe. Confusions et divisions, hypocrisie et stupidité

Par Djeha

L’Europe se couche et se suicide avec panache et grandiloquence. Le cas du refus de visas aux voyageurs russes actuellement en débat à Bruxelles en témoigne.

1.- Confusions et divisions.

1.1.- Règle générale : Les Européens ne sont pas d’accord entre eux et il est peu probable qu’ils le soient un jour. Trop de rivalités dans un ensemble qui a fait croire qu’il pouvait échafauder une Union kantienne et continuer à participer d’un monde hobbesien. Les viandosaures, au sommet de la chaîne alimentaire, ont pris le dessus.

1.2.- L’Union ne tient que par le tiers inclus. Depuis 1945, c’est l’Oncle Sam qui réunit ce bric-à-brac de pays rivaux, occupés, dominés (et heureux de l’être) qui se toisent en chiens de faïence. Et c’est toujours l’Oncle Sam qui en tire parti. Sans lui tout s’écroule.

1.3.- Pour piloter cette Union de pacotille, Washington utilise ses nouveaux toutous de l’ex-Europe de l’Est. La Pologne est à la tête de ces supplétifs. C’est à partir de la Pologne que l’ensemble du monde soviétique s’est effondré. Qu’on songe au rôle joué par Jean-Paul II (après l’élimination de JP 1er) et ce pitoyable Gorbatchev qui a disparu hier (mais qui a disparu il y a très longtemps déjà).

1.4.- Conclusion : l’UE n’existe que par la grâce des États-Unis.

2.- Hypocrisie.

2.1.- L’Estonie, la Finlande, la Lettonie, la Lituanie et la Pologne demandent (et ont commencé à le faire), d’interdire l’accès à leurs pays aux voyageurs russes en leur refusant un visa.

Argument : les Russes soutiennent leur gouvernement dans son « invasion » de l’Ukraine.

Mais alors qu’ils cessent de prétendre que la Russie est une dictature, puisque leurs citoyens soutiennent leur gouvernement et ne le font pas sous la contrainte.

J’ai signalé cette contradiction dans un de mes derniers billets.

2.2.- La Belgique, la France, l’Allemagne, le Luxembourg ou l’Autriche… s’opposent à cette interdiction.

Argument (piqué dans le papier que je vous joins plus bas) :

Le ministre luxembourgeois des affaires étrangères, Jean Asselborn, a également protesté contre une mesure touchant les Russes ordinaires. « Nous ne devons pas avoir un nouveau rideau de fer en Europe », a-t-il souligné. « Nous avons tous convenu dès le départ qu’il s’agissait de la guerre du [président russe Vladimir] Poutine », a-t-il ajouté. Le ministre autrichien des affaires étrangères, Alexander Schallenberg, a estimé que l’UE ne devait pas « porter un jugement catégorique sur 140 millions de personnes » en Russie.

En réalité c’est plus compliqué et plus sordide.

L’Europe en voie d’éclatement. Nous allons de plus en plus vers des décisions à la carte. Et chacun fera ce qu’il voudra. Cela a commencé depuis bien longtemps, bien avant la crise ukrainienne.

L’Union sur ce plan tient surtout par le blabla bruxellois.

2.3.- Les pays qui refusent le visa sont les pays frontaliers de la Russie.

2.4.- Les pays qui refusent de refuser sont loin…

2.5.- Et comme il n’y a plus de trafic aérien entre Union et Russie et que la seule voie est terrestre passant par les pays qui veulent refuser, ce sont ces derniers qui tiennent la clé du problème.

Si ces pays refusent l’entrée sur leur territoire des voyageurs russes, alors même si les autres veulent bien les recevoir, les Russes ne pourront voyager en Europe même dans les pays qui voudraient bien les accepter.

3.- Stupidité et crétinisme aggravé

L’érection des Murs, c’est la seule politique étrangère que parviennent à réussir les membres d’une étrange Union schizophrénique.

La Russie rejoint le sort de nombreux pays du sud privé de visas depuis longtemps.

En érigeant, sur ordre de Washington, un nouveau MUR (alors que le premier en août 1961 l’a été par les Soviétiques), les Occidentaux rapprochent davantage la Russie des pays du Sud.

Ces pays ont refusé de condamner la Russie en votant à l’ONU (en février et en mars dernier).

Ils le feront encore moins aujourd’hui.

Où vont donc les touristes russes ? La plupart d’entre eux au Proche Orient, en Asie Centrale (Turkménistan, Ouzbékistan, Kazakhstan…) et surtout en Turquie rejoindre le flot des autres touristes nord-africains et asiatiques.

C’est plus intéressant, on y est très bien reçu et c’est moins cher.

Notons au passage que le régime turc offre aux Russes la nationalité pour peu qu’ils se portent acquéreurs d’un bien immobilier en Turquie. Cela leur permet de créer une entreprise de droit turc, d’acheter ce qu’ils veulent sur le marché international, d’expédier ces produits en Russie en contournant ainsi les sanctions occidentales.

Naturellement, les Occidentaux ne sont pas ignorants du subterfuge. Mais leurs entreprises sont assez cupides pour donner un coup de main aux Turcs et aux Russes dès lors qu’elles en tire profit. Et vive le capitalisme mondialisé !

Ce qui fait leurs richesses fera leurs pertes…

Laissons donc ces gueules d’enfarinés aller se battre pour quelques centimètre carrés de sable et s’entasser sur des littoraux encombrés et pollués avec des prestations qui coûtent la peau des f…

Un autre monde est en train de se bâtir sans que les médias occidentaux autistes ne semblent se rendre compte et surtout éclairer leurs lecteurs-auditeurs-téléspectateurs-consommateurs-chômeurs-électeurs-contribuables…

Quels ploucs ! Comment peut-on être c… à ce point ?

L’Union européenne divisée concernant la restriction des voyages des citoyens russes

Le Monde, le mardi 30 août 2022

La République tchèque, qui assure actuellement la présidence de l’Union européenne (UE), s’est heurtée, mardi, à une forte résistance de la part de certains États de l’UE concernant les mesures visant à limiter les déplacements des Russes à la suite de l’invasion de l’Ukraine.

Les Tchèques, qui ont cessé de délivrer des visas aux Russes, à quelques exceptions près, le 25 février, veulent suspendre l’accord de 2007 qui facilite les demandes de visa pour les touristes russes, tandis que d’autres membres ont demandé une interdiction pure et simple des visas. « Il n’y a pas de place pour le tourisme », a déclaré le ministre tchèque des affaires étrangères, Jan Lipavsky, ajoutant que cette mesure « enverrait un signal à l’élite de Moscou et de Saint-Pétersbourg », qui est désormais libre de voyager.

  • Mais d’autres membres de l’UE, dont la Hongrie, le Luxembourg ou l’Autriche, se sont élevés contre cette mesure. « Je ne pense pas que l’interdiction de visa soit une décision appropriée dans les circonstances actuelles », a déclaré le ministre hongrois des affaires étrangères, Peter Szijjarto, dont le pays a conservé des liens étroits avec le Kremlin. Le ministre luxembourgeois des affaires étrangères, Jean Asselborn, a également protesté contre une mesure touchant les Russes ordinaires. «Nous ne devons pas avoir un nouveau rideau de fer en Europe », a-t-il souligné. « Nous avons tous convenu dès le départ qu’il s’agissait de la guerre du [président russe Vladimir] Poutine », a-t-il ajouté. Le ministre autrichien des affaires étrangères, Alexander Schallenberg, a estimé que l’UE ne devait pas « porter un jugement catégorique sur 140 millions de personnes » en Russie.
  • Les voisins de la Russie, l’Estonie, la Finlande, la Lettonie, la Lituanie et la Pologne ont exhorté Bruxelles à interdire de délivrer aux touristes russes des visas pour l’espace Schengen. Selon le ministre des affaires étrangères estonien, Urmas Reinsalu, il est temps de cibler les Russes ordinaires, après la suspension de l’octroi de visas aux délégations officielles et aux chefs d’entreprise russes imposée précédemment. « Ces personnes privées silencieuses devraient également comprendre qu’il y a des conséquences à la guerre », a-t-il déclaré. « Ce qui est littéralement payé par l’argent de leurs impôts, ce sont les bombes qui, maintenant, littéralement, en ce moment, tuent des enfants ukrainiens et bombardent (…) des hôpitaux, des jardins d’enfants, des écoles », a-t-il ajouté.
    • La ministre des affaires étrangères française, Catherine Colonna, a proposé de « distinguer entre les fauteurs de guerre, au premier rang desquels le président russe, son entourage et tous ceux qui soutiennent son effort de guerre, et les citoyens russes, les artistes, les étudiants, les journalistes par exemple ». « Et ceux-là, nous souhaitons, et nous devons, continuer à avoir des liens avec eux », a-t-elle ajouté, rappelant que les oligarques russes, sous sanctions individuelles, ne viendront pas « faire leurs courses ni en France ni en Europe ».
    • Le gouvernement allemand a proposé, mardi, un compromis quant à la question des visas européens accordés aux Russes, limitant la suspension à l’accord sur la facilitation des visas et aux visas à entrées multiples. « Je pense que cela peut être une très bonne voie de dire clairement que nous suspendons les accords sur la facilitation des visas, que nous ne délivrons plus de visas multiples ou de visas de plusieurs années », a expliqué la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, en marge d’un séminaire gouvernemental à Meseberg (dans le Brandebourg), au nord de Berlin.

 

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