Les éditions Hibr viennent de publier un nouveau roman de l’écrivain Ahmed Benzelikha (Constantine, le voyage extraordinaire). Ce nouveau livre à l’actif de cet auteur prolifique et iconoclaste porte le titre ô combien évocateur de Constantine, le voyage extraordinaire. Le roman peut être lu de différentes manières.
Comme un récit d’aventures d’abord, avec un voyage au centre de la terre, dans les souterrains et grottes de Constantine, plein de suspense, avec une énigme à déchiffrer, un programme secret et un trésor, celui des rois numides, à retrouver malgré les embûches et un groupe rival.
Ensuite comme un abécédaire didactique et complet de la ville, du A de l’antiquité au Z de la danse Zendali. Cet abécédaire passe par tout ce qui concerne la ville : Bou-Saadia, Sidi M’cid, Sidi M’Hamed Loghrab, les chansons comme Ya Dhalma,Ya bahi el djamel, Men djat forgtek fi bali, le Zdjel, les Boukhalfia, les Écoles comme Arago ou Jules Ferry, les lycées comme Houhou, Khaznadar ou El-Houria, les Khouan Aissaoua, les Wacfen de Dar Bahri, la Nachra, les mosquées, les quartiers, les anciennes rues, les marchés, le bol de soupe de pois chiches, les cinémas comme le Colisée détruit avec le Casino, l’U.P, les ponts, les cafés, de Nedjma au Royal, les Piscines, le chemin des touristes, le CSC et le MOC, le cycliste Boufama, le facétieux Ribouh El-Feinteur, les écrivains, comme Haddad, les journalistes, comme Ali-Bouacida, le théâtre, les plats de cuisine, les Moudjahidines et Moudjahidates, la bataille de Constantine, le Rhummel, les cimetières, Salah-Bey, Ahmed-Bey, les librairies, comme Benzernadji, les disquaires comme Boulila, les communautés religieuses, les combats sociaux, le syndicalisme, le savoir-vivre citadin, les mets et pâtisseries, les tenues, la gandoura qatifa, les universités, les jardins publics, les figures de
Praecilius, Sidi-Aty, Ben Badis, Hamlaoui et des sœurs Saadane, la sinistre Ferme Ameziane, les corporations comme les Chbarliyines, les Debbaghines et les Nhahssiya, les associations des années 30, Si Brahim Ammouchi, Si Cherif Chouaieb, les Zaouias, l’accent et les mots perdus comme “boukoul” remplacé par “Kamel”.
Tous ces éléments et beaucoup d’autres, parcourant l’histoire et les anecdotes, se retrouvent insérés dans la trame, sans aucune lourdeur. Bien au contraire, ces données servent la construction romanesque et lui confèrent une identité propre, qui fait de ce roman une œuvre incontestablement constantinoise, dans la forme et le contenu. Tout en suscitant l’intérêt et la curiosité des lecteurs de tous les horizons.
Enfin, le livre se lit comme un appel à la sauvegarde de Constantine, de ses racines, de son patrimoine et de son avenir. Puisque le narrateur, un architecte très observateur, qui tombe amoureux d’une femme aussi belle que disputée, qu’il assimile à l’immeuble Nedjma (Kateb Yacine n’est pas bien loin, ici), relève les outrages fait à la grande cité, sans jamais être aigri ou véhément, tout en étant confiant en l’avenir.
Aussi, Constantine est comparée au cyprès multiséculaire, qui domine la vieille ville, comme un repère du passé pour le futur. Et l’auteur de conclure : “ A cet égard, le plus ancien arbre de Constantine, est là pour nous rappeler que si on ne peut pas planter un arbre, il nous faut au moins, ne pas l’arracher”.
Il convient de rappeler, qu’Ahmed Benzelikha est né à Constantine en 1967, il est linguiste et économiste, spécialiste en communication, auteur de plusieurs romans et essais.
Constantine, le voyage extraordinaire. Éditions Hibr, octobre 2025. 850 DA.
