Les artistes espagnols se mobilisent pour dénoncer le tournage du film “L’Odyssée” dans la ville occupée de Dakhla, dans les territoires du Sahara Occidental, des territoires considérés comme non autonomes par l’ONU.
Le réalisateur britannique du film à savoir Christopher Nolan est au centre d’acerbes critiques après avoir tourné des scènes de son nouveau blockbuster, “L’Odyssée” dans un territoire colonisé, et objet d’un plan onusien de décolonisation via l’organisation d’un référendum d’autodétermination dupeuple sahraoui.
Le Festival international du film du Sahara (FiSahara) a publié ce lundi 4 août une déclaration accusant le réalisateur britannique, Universal Pictures et les sociétés de production impliquées d’être des « complices involontaires » de l’occupation marocaine. Cette déclaration bénéficie déjà du soutien de plus de 100 artistes, cinéastes, militants et défenseurs des droits humains qui exigent un changement d’attitude public de la part du réalisateur Christopher Nolan.
Les signataires comprennent Javier Bardem, Rodrigo Sorogoyen, Icíar Bollaín, Juan Diego Botto, Carolina Yuste, Itziar Ituño, Luis Tosar, Javier Gutiérrez, Nathalie Poza, Aitana Sánchez Gijón, Amparo Sánchez et Eliseo Parra , ainsi que des cinéastes internationaux tels que Paul Laverty, David Riker et Lurdes Pires . La liste est complétée par des personnalités sahraouies comme la célèbre défenseure des droits humains ElGhalia Djimi , victime de disparition forcée pendant des années dans les prisons marocaines.
« Tant que Nolan et son équipe ne rompront pas le silence, le Maroc se fera le porte-parole de la production et les rendra complices de la répression contre le peuple sahraoui », dénonce María Carrión , directrice exécutive de FiSahara. L’organisation rappelle que, tandis qu’Hollywood garde le silence, le ministre marocain de la Culture a salué le tournage comme une étape vers la transformation de Dakhla en un lieu de tournage international.

La controverse s’est intensifiée après que le ministre lui-même s’est vanté sur les réseaux sociaux d’avoir rencontré Nolan et l’actrice Charlize Theron , ambassadrice de l’ONU pour l’élimination des violences faites aux femmes. « Je suis sûre que Charlize Theron ne soutiendrait pas les violences sexistes commises systématiquement par les forces d’occupation contre les femmes sahraouies », a souligné Carrión.
La déclaration de FiSahara appelle à trois actions concrètes : que Nolan et Universal Pictures reconnaissent publiquement qu’ils n’auraient pas dû filmer à Dakhla ; qu’ils n’utilisent pas les images dans le montage final de L’Odyssée ; ou, à défaut, qu’ils obtiennent le consentement du peuple sahraoui par l’intermédiaire de ses représentants légaux.
L’initiative bénéficie du soutien du mouvement international de solidarité avec le Sahara Occidental , qui demande à Nolan d’utiliser son influence pour mettre en lumière la situation d’un peuple qui souffre de l’occupation makhzenienne depuis un demi siècle .
« Si Nolan veut comprendre la réalité sahraouie, nous l’invitons à séjourner auprès d’une famille de réfugiés à Tindouf. Il n’y a pas de meilleur cadre pour comprendre ce que signifie vivre un demi-siècle dans l’attente d’un référendum qui n’a jamais lieu », conclut Carrión. .