Par Houria Ait Kaci
Les déclarations des deux écrivains Boualem Sansal et Kamel Daoud qui se sont auto exilés en France et naturalisés français, ont de quoi interpellé l’opinion. Ils ont choisi de vivre dans leur nouveau pays d’adoption, mais passent leur temps à « tirer » sur l’Algérie, ses fondements historiques, sa guerre de libération nationale, son unité territoriale.
A suivre leur raisonnement, nous devrions demander des excuses à l’ancien colonisateur pour nous être trompés en le chassant et le supplier de revenir et de renier le serment prêté à nos martyrs de la guerre d’indépendance?
Leurs écrits interpellent car ils ne se consistent pas à émettre des opinions, des éclairages, à critiquer la politique du Gouvernement, ce que tous les citoyens ont le droit et le devoir de faire pour montrer du doigt ce qui ne va pas, pour améliorer la situation du pays et les conditions de vie et de travail des Algériens, pour mieux construire et non pas détruire.
Ce qui est inédit et pas anodin, est qu’ils s’attaquent aux valeurs historiques et spirituelles du Peuple algérien avec lequel ils ont portant décidé de se séparer et d’épouser les causes d’autres pays dont les intérêts s’opposent à ceux de l’Algérie, comme Israël, la France et le Maroc.
Selon leurs propres déclarations, ils ont pris fait et cause, de façon outrancière et tapageuse, pour ces pays qui mènent une « guerre hybride », une « guerre médiatique » qui font partie des guerres dites de 4ème Génération. Les auto- exilés parisiens prennent ainsi, une part active à cette « guerre médiatique » financée par des lobbys puissants cherchant à nuire aux intérêts de l’Algérie.
Et le plus inquiétant est que « l’activisme littéraire » de ces auto- exilés parisiens, coïncide avec d’autres déclarations de ce lobby anti -algérien et d’autres évènements dans la région, qui ciblent notre pays.
Ces deux écrivains auto- exilés font t-ils partie de ces réseaux de lobbying payés par des pays et des parties qui usent de cette stratégie de tension et de déstabilisation pour amener le Président actuel Abdelmadjid Tebboune, à renoncer à ses choix politiques et économiques souverains, à ses positions et sa politique économique souveraine, anti –colonialiste et anti- sioniste ?
Pendant que de nombreux intellectuels, écrivains, diplomates, observateurs militaires français et autres, dénoncent le génocide de l’armée sioniste à Gaza, nous n’avons pas lu de déclarations de Sansal ni de Daoud dénonçant et condamnant les crimes de guerre commis par Israël en Palestine occupée alors que l’Etat sioniste est au banc des accusés pour crimes contre l’Humanité, pires que l’holocauste.
Il faut rappeler qu’en Juin 2012, relate l’auteur Abdellali Merdaci, Sansal, au cours de son « périple israélien », répétait : « Il n’y a pas eu et il n’y a pas d’entreprise coloniale en Palestine ». Et « à Jérusalem, sur l’esplanade des Mosquées, en Juif asserté » il a déclaré que les Palestiniens, sont « un peuple fictif inventé par des pays arabes haineux pour envenimer la paisible existence d’Israël ». Ce qui lui avait valu « les félicitations et l’appui du gouvernement Netanyahu… ».
Voir :
Daoud quant à lui, Il a dénié le droit au Peuple algérien de lutter pour sa libération du colonialisme français et a préféré le camp des « harkis », (collabos, 5ème Colonne), des partisans de « l’Algérie française). Pour lui, c’est la guerre de libération nationale, « qui a donné de la légitimité à la pratique de la violence en Algérie. Jusqu’à la guerre civile, qui a repris « les mêmes barbaries, les mêmes monstruosités, parce que, je pense, nous avons donné une valeur positive à la violence ». Comme un poison ayant infiltré la société ». Pour lui : « Dans la mythologie, le 1er novembre est le point zéro. Épique, glorieux, enseigné comme mythe fondateur et comme épopée du martyre sans fin. Mais les Algériens le considèrent aussi et surtout comme le compte à rebours du désenchantement ». Il dévalorise le 1ER Novembre et l’assimile au mythe, à la désillusion et à la déception!
Source :
Daoud qui se revendique « plus Français que les Français », estime que l’identité ne « peut se construire contre l’autre, dans le déni de l’autre, dans ce manque de souveraineté affective, ce besoin obsessionnel de la France » […] La France, c’est le reste du monde et la part cachée de soi. Tant qu’on déteste la France, on déteste une partie de soi-même, une partie du reste du monde ».
Ce n’est pas étonnant que ces deux écrivains qui ont « un besoin obsessionnel de la France et de l’entité sioniste » avec autant de reniements, se retrouvent dans le camp opposé aux véritables valeurs de liberté, d’égalité, de justice, d’indépendance, de décolonisation, des Droits des Peuples, de la dignité humaine, qui sont des valeurs universelles.
Un écrivain ne peut détester son peuple, dont il est l’émanation, l’âme, la conscience. Ce sont les luttes et les espoirs de son peuple qui le motivent, la lumière qui l’éclaire au milieu des ténèbres. Il est sa première source d’inspiration.
Un écrivain ne peut que défendre l’Humain, l’Humanité. Et cette humanité est aujourd’hui assassinée à Gaza. Des bébés ensanglantés sont enveloppés dans des sacs en plastique blanc faute de linceuls, des cadavres jonchent le sol et servent de nourriture aux chiens. Tout est détruit, même les hôpitaux, les écoles, les mosquées et les églises ! Même Hitler ne l’a pas fait !
Si ces deux écrivains renient leur peuple, leur nation, ne défendent pas ces valeurs universelles, peut –on alors les considérer comme écrivains algériens ? La littérature a rarement soutenu des causes infâmes et tourné le dos aux causes justes.
Pensent-t-ils qu’en humiliant les Algériens, en dévalorisant leurs combats d’hier et d’aujourd’hui, ils feront meilleure figure auprès de ceux qu’ils courtisent ? S’ils ont renié leur peuple, leur pays comment auront-ils droit au respect et à la considération des autres ? On a vu comment la France a traité ses « harkis » qui ont trahi la guerre de libération nationale et qui sont partis en France après l’indépendance. Ils n’ont jamais été traités comme des français ! Ils ont été parqués comme des animaux, perdu leur dignité mais sont toujours considérés comme des bougnouls ».
Houria Ait Kaci , journaliste indépendante