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Experts de l’ONU: «le peuple palestinien court un grave risque de génocide»

Par Nora Abdelkrim

Dans un communiqué publié le 2 novembre, les experts du Haut Commissariat des Nations unies pour les Droits de l’Homme basé à Genève, exigent un cessez-le-feu. «Le temps presse pour empêcher un génocide et une catastrophe humanitaire à Gaza», ont-ils averti, exprimant leur profonde frustration face au refus d’Israël de mettre fin aux destructions de la bande de Gaza assiégée.

«Nous restons convaincus que le peuple palestinien court un grave risque de génocide», ont déclaré les experts ajoutant, « Il est temps d’agir. Les alliés d’Israël portent également une responsabilité et doivent agir maintenant pour empêcher son action désastreuse ».

Les experts ont exprimé leur « horreur grandissante » face aux frappes aériennes israéliennes contre le camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, dans la nuit de mardi à mercredi (31 octobre), qui auraient tué et blessé des centaines de Palestiniens. « La frappe aérienne israélienne sur un complexe résidentiel du camp de réfugiés de Jabalia constitue une violation éhontée du droit international et un crime de guerre. L’attaque d’un camp abritant des civils, dont des femmes et des enfants, constitue une violation totale des règles de proportionnalité et de distinction entre combattants et civils », ont déclaré les experts.

Les experts ont salué la résolution de l’Assemblée générale sur la protection des civils et le respect des obligations juridiques et humanitaires, approuvée par une majorité écrasante d’États membres le 27 octobre. « Nous avons reçu cette résolution avec espoir, mais c’est maintenant qu’il faut agir », ont-ils déclaré. Force est de constater que cette résolution n’a, cependant, eu aucun effet sur l’offensive génocidaire d’Israël ou sur le soutien persistant du président américain et son entourage.  

« Tous les signes indiquent que nous sommes arrivés à un point de rupture », ont averti les experts, rappelant les images de personnes s’emparant désespérément de farine et d’autres produits de première nécessité dans un entrepôt de l’ONU dimanche 29 octobre, les nouvelles alarmantes d’enfants contraints de boire de l’eau de mer en l’absence d’eau propre, les rapports affligeants de patients, y compris des enfants, subissant des opérations chirurgicales sans anesthésie, et les personnes handicapées et les personnes âgées déplacées et vivant dans des tentes parce que les maisons ont été réduites à l’état de ruines.

« La situation à Gaza a atteint un point de basculement catastrophique », ont-ils déclaré, mettant en garde contre le besoin urgent de nourriture, d’eau, de médicaments, de carburant et de fournitures essentielles, ainsi que contre les risques sanitaires qui se profilent.

L’absence de carburant et la perturbation des infrastructures d’approvisionnement en eau due aux bombardements incessants depuis trois semaines ont réduit à néant l’accès à l’eau potable pour la population de Gaza, ont indiqué les experts.

« L’eau est essentielle à la vie humaine et aujourd’hui, deux millions de Gazaouis luttent pour trouver de l’eau potable » ont-ils déclaré.

Les experts ont déclaré soutenir « fermement les efforts du secrétaire général des Nations unies pour permettre l’accès de l’aide humanitaire à la bande de Gaza ».

Ils ont également appelé à la libération immédiate de tous les civils retenus en captivité depuis que les militants du Hamas ont attaqué les colonies israéliennes le 7 octobre. Ils n’ont cependant pas demander la libération des milliers de Palestiniens emprisonnés sans procès, aux termes de la loi sur la « détention administrative » qui permet de détenir sans aucun délai toute personne soupçonnée d’agir contre les intérêts d’Israël que ce soit en Palestine occupée ou dans les territoires prétendument « israéliens ».

« Toutes les parties doivent respecter les obligations qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire et des droits de l’Homme. Nous exigeons un cessez-le-feu humanitaire afin que l’aide parvienne à ceux qui en ont le plus besoin. Un cessez-le-feu signifie également que les voies de communication peuvent être ouvertes pour assurer la libération des otages », ont déclaré les experts.

Ils ont exprimé leur vive inquiétude quant à la sécurité du personnel des Nations unies et des travailleurs humanitaires, ainsi que des hôpitaux et des écoles qui offrent un refuge et des services médicaux vitaux à la population de Gaza. Ils ont également tiré la sonnette d’alarme quant à la sécurité des journalistes, des membres des médias et de leur famille, tout en notant qu’internet et les communications ont été coupés, ce qui perturbe les communications essentielles et la diffusion d’informations sur la situation dans la bande de Gaza.

« Nous souhaitons rappeler à toutes les parties que le personnel et les installations humanitaires et médicales sont protégés par le droit international. Les États ont l’obligation d’assurer leur sécurité et leur protection en temps de guerre », ont déclaré les experts. « Comme le Secrétaire général l’a répété à maintes reprises, Israël et les groupes armés palestiniens doivent garder à l’esprit que même les guerres ont des règles. »

Il est estimé que 1,4 million de personnes sont déplacées à l’intérieur de la bande de Gaza et qu’environ 629 000 d’entre elles ont trouvé refuge dans 150 abris d’urgence de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). L’UNRWA signale que 70 travailleurs de l’ONU sont morts à la suite des bombardements israéliens à Gaza.

« La population palestinienne de Gaza, en particulier les femmes, les enfants, les personnes handicapées, les jeunes et les personnes âgées, a enduré des décennies de difficultés et de privations », ont déclaré les experts de l’ONU. « Nous appelons Israël et ses alliés à accepter un cessez-le-feu immédiat. Le temps presse. »

Les experts : M. Pedro Arrojo Agudo, Rapporteur spécial sur les droits de l’homme à l’eau potable et à l’assainissement ; M. Michael Fahri, Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation ; Mme Tlaleng Mofokeng, Rapporteur spécial sur le droit de toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale susceptible d’être atteint ; Mme Paula Gaviria Betancur, Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays ; Mme Irene Khan, Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression. Francesca Albanese, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans le territoire palestinien occupé depuis 1967 ; Mme Ashwini K.P. Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée.

Les rapporteurs spéciaux, les experts indépendants et les groupes de travail font partie de ce que l’on appelle les Procédures Spéciales du Conseil des Droits de l’Homme. Les Procédures Spéciales, qui constituent le plus grand groupe d’experts indépendants du système des droits de l’homme des Nations Unies. C’est le nom général des mécanismes indépendants d’enquête et de surveillance du Conseil qui traitent soit de situations nationales spécifiques, soit de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne font pas partie du personnel de l’ONU et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et servent à titre individuel.

Source https://www.ohchr.org/fr/press-releases/2023/11/gaza-running-out-time-un-experts-warn-demanding-ceasefire-prevent-genocide 

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