Contribution, Économie

DÉCRYPTAGE

Comment distinguer la rente (les revenus non gagnés et l’enrichissement sans cause) des revenus de production ?

« Cette histoire de rente met le monde politique mal à l'aise. Le calcul de la rente des terres se réduit à la déduction de la rente du sol à l’aide d’une formule qui prend en compte la part du revenu cadastral (RC) des terres dont l’exploitant est propriétaire, par rapport au revenu cadastral de l’ensemble des terres exploitées, tout en sachant que la loi est absente et ne dit jamais ce qu’il faut faire. ».  Thorstein Veblen

Par Mohammed Belhoucine*

« Cette histoire de rente met le monde politique mal à l’aise. Le calcul de la rente des terres se réduit à la déduction de la rente du sol à l’aide d’une formule qui prend en compte la part du revenu cadastral (RC) des terres dont l’exploitant est propriétaire, par rapport au revenu cadastral de l’ensemble des terres exploitées, tout en sachant que la loi est absente et ne dit jamais ce qu’il faut faire. ».  Thorstein Veblen

Abstract :

Ce que nous tirons comme leçon, c’est que le capital marchand rentier avec ses propres mécanismes d’appropriations des richesses, est en train de prendre des dimensions énormes et va agir comme un centre de pouvoir majeur par rapport au capital de production industrielle ou agricole. En ce sens, le capitalisme industriel s’est de plus en plus subordonné au capitalisme marchand et à son modèle rentier. Leurs mécanismes relèvent de plus en plus de l’appropriation et de l’accumulation par dépossession, plutôt que de l’organisation de la production et de l’exploitation du travail vivant pour la production. L’accumulation du capital s’oriente de plus en plus vers la dépossession, aux dépens de la création de valeurs par l’emploi et l’exploitation du travail dans l’appareil de production. C’est le type même de société capitaliste vers laquelle nous sommes en train d’évoluer, et qui ne se laissera pas dompter par les stratégies classiques d’organisation de la gauche. On doit la maitriser grâce à un projet politique basé sur l’hégémonie et l’antagonisme totalement différent, et la ranimer par des formes de contestation inédites.

La théorie économique classique classe la rente dans 4 catégories générales, que nous détaillerons :

  • Les « surprix » (ou les frais extras, en « plus » d’un bénéfice normal) tout ce qui est vendu au-dessus du coût de production augmenté d’un bénéfice ‘’normal’’ (il faut bien noter le distinguo suivant : un bénéfice normal est un profit gagné par le travail, par le risque, l’inventivité ou l’innovation (Les économètres et les comptables peuvent le mettre en évidence et le calculer). Il faut ajouter la rente de monopole, la rente sur les ressources naturelles etc…
  • Les ‘’sous-taxations’’, les gains qui résultent de l’échappement à l’impôt (fraude fiscale et fuite des capitaux) et tous les gains de l’économie informelle qui échappent à l’impôt.
  • Les ‘’gains en capital’’ résultant d’une logique purement financière et spéculative, de rachat et revente (taux d’intérêts, plus-value financière, plus-value immobilière, plus-value mobilière etc..). 
  • Le transfert de rente bénéficie aux industries étrangères énergivores installées en Algérie (Tosyali, Lafarge, Saint-Gobain, les câbleries etc..) consiste à acheter le gaz algérien au prix intérieur et revendre cette part du gaz, contenue dans les produits exportés, au prix international, (un rapport de 1 à 8 voire de 1 à 11). Il faut savoir qu’aucune mesure fiscale rigoureuse en Algérie n’a été prise pour récupérer intégralement cet énorme indu différentiel, entre le prix intérieur et le prix international du gaz algérien, s’agissant de produits destinés à l’exportation.

La rente dans la comptabilité nationale et fiscale est facilement et aisément appréhendable mathématiquement que ce soit par les liasses de saisie (ex : la plus-value générée par la vente d’un bien immobilier ou mobilier) ou le calcul. 

Toutefois une décision politique et législative est nécessaire pour déterminer la règle de calcul de la rente qui doit être inscrite dans le plan comptable national.

Le Produit Intérieur Brut, dans sa forme actuelle ne nous permet pas de distinguer, ni d’extraire, les revenus liés aux rentes ni ceux générées par l’économie de production ou création de richesses.

Cette différenciation comptable entre les revenus liés à la rente et ceux générés par l’économie de production est capitale, permettra au personnel politique de juger et jauger si l’économie nationale tend vers une économie parasitaire rentière ou à contrario évolue vers une réelle économie de création de richesses et d’emplois. Cette alerte a postériori est indissociable de l’impératif de sécurité nationale et de la stabilité sociale, donne matière et visibilité aux décideurs à apporter les correctifs et ajustements nécessaires sur les plans politiques, législatifs et économiques.

La catégorie des ‘’surprix’’.

Dans cette catégorie on trouve évidemment tous ceux qui résultent d’une position de monopole, monopole des produits de première nécessité (sucre, l’huile, céréales, lait, etc.), monopole sur les ressources naturelles (eau, les mines, le pool génétique (cheptel, végétaux (ex les dattes) etc..), sur des logiciels (Microsoft ou Google) ou sur des infrastructures immobilières et autres. Un exemple parlant est la cession projetée par l’Etat des droits de péage sur les autoroutes et les stations-service de Naftal à des privés nationaux ou étrangers, une décision catastrophique pour l’économie nationale car les repreneurs vont facturer à des prix supérieurs à ceux que l’Etat aurait pratiqués (à moins qu’il n’ait récupéré la rente sous forme d’impôts, et pour ce faire, il faut que l’Etat arrive à identifier et neutraliser par des lois très contraignantes les lobbyings des intérêts d’affaires au niveau du parlement (les députés corrompus ont pour mission d’effacer les lourdes ardoises fiscales des puissants sous couvert d’une décision politique). Mais on trouve également dans cette catégorie tous les coûts imputés par les banques à leurs clients sous forme de majorations des taux d’intérêt, de frais de gestion plus ou moins imaginaires, des sur-agios, de lourdes pénalités pour retard de paiement, etc.

La catégorie des ‘’sous-taxations’’

Les sous-taxations sont désormais bien connues. On pourrait leur donner un nom générique : paradis fiscaux et fuites des capitaux via les surfacturations bancaires, au regard d’un dispositif incomplet et tronqué voir complaisant dit contrôle des changes. Donnant La possibilité aux grands groupes étrangers opérants en Algérie d’enregistrer leurs profits dans des pays qui pratiquent des taux d’imposition très bas, voire nuls. Ce système est dévastateur pour nos petites ou moyennes entreprises qui acquittent des impôts beaucoup plus élevés (voir la catastrophe de la convention fiscale algéro-émiratie (et aussi Qatarie) cette mauvaise expérience doit être passée au crible et au peigne fin pour savoir comment ces 2 investisseurs prédateurs ont réussi à identifier et tiré profit des nodules de rentes contenus dans notre tissu économique). Quant à la convention fiscale léonine algéro-française, elle a juste un rôle de banque de données qui seront exploitées  savamment à des fins d’espionnage économique pour remonter et identifier les filières décisionnelles algériennes au profit de la France (voir l’excellent papier d’ Algerie54, sur le détournement par la France des conventions fiscales). A contrario la législation française sauvegarde jalousement à travers ses 04 lois le secret des affaires, c’est-à-dire que les informations sur un contribuable français ne seront jamais communiquées aux services fiscaux algériens. A cela s’ajoute la corruption des magistrats français (la république des juges corrompus a fait disparaitre l’Etat de droit en France) où la loi et la jurisprudence sont pratiquement bafouées et éludées sous les injonctions du parquet français. 

En Algérie les plus riches qui ont bâti des fortunes colossales et invisibles à travers l’informel, payent proportionnellement beaucoup moins d’impôts (voir pas du tout) que les salariés, les petits fonctionnaires ou les classes moyennes. L’impôt n’y est plus progressif mais régressif. Un exemple non exhaustif concerne les 5000 et 6000 revendeurs de voitures en Algérie non enregistrés au registre de commerce, gagnent individuellement entre 1 à 3 millions d’euros/an chacun grâce à la complicité et la couverture active d’un corps chargé de la sécurité intérieur. Soit un pactole de 5 à 15 milliards d’euros qui échappent à l’impôt.

La catégorie des ‘’gains en capital’’.

L’autre grand facteur d’enrichissement est représenté par les plus-values en capital. Le ‘’krach’’ de 2008, la crise des subprimes, tout le monde le sait, est le résultat d’un surinvestissement dans le secteur immobilier (qui, aux USA, représente 80% des gains en capital). Le mécanisme est simple, les banques poussent les particuliers à emprunter et à s’endetter au-delà de leurs capacités effectives de remboursement en leur faisant miroiter des gains en capital qui leur permettront de payer les mensualités qu’elles n’auraient pas pu verser sur leurs revenus ordinaires (ce qui est communément appelé, la ‘’dette frauduleuse’’, système sur lequel est bâti tout l’appareil financier mondial (FMI, Banque Mondiale, les grandes banques internationales, fonds d’investissements, fonds souverains etc..). Et en retour ce sont les banques qui empochent les intérêts. Suite au krach de 2008, le gouvernement américain n’a pas aidé les petits propriétaires en défaut de paiement. Il a renfloué les banques pour leur permettre de relancer la machine spéculative, et de demander d’autres intérêts sur les retards de paiement. 

L’autre grande forme d’enrichissement en capital est celle du rachat d’entreprises via le mécanisme de ‘’leverage buy out’’ (rachat d’entreprise par effet de levier) c’est un montage financier (une escroquerie) permettant le rachat d’une entreprise en ayant recours à beaucoup d’endettement, ce que font les Emiratis, les Qataris et les escrocs compradores algériens avec la complicité de nos pouvoirs publics. C’est un montage financier frauduleux dit pyramide de Ponzi qui consiste à rémunérer les investissements des clients essentiellement par les fonds procurés par les nouveaux entrants qui peuvent être les banques publiques comme cela a été le cas en Algérie.

Les raiders (individus qui achètent des titres en bourse pour prendre le contrôle d’une entreprise) empruntent de quoi leur permettre de racheter des entreprises en plus ou moins bonne santé (pas nécessairement mauvaises, exemple les cas de Ngaous, de Sogedia, Enasucre, Brasserie d’Oran achetée au dinar symbolique, à titre d’exemple cette dernière dégage actuellement un bénéfice de 3 à 4 milliards de dinars/an, un trésor de guerre servant à cannibaliser tout le foncier de Canastel sous le prétexte fallacieux de construction de centres ou écoles de formation et sous le regard et la complicité des pouvoirs publics etc…ces cas tendent à se multiplier en Algérie. Tout une catégorie de prédateurs sont nés, spécialisés dans le dépeçage des entreprises qui revendent à profit les parties et les secteurs les plus rentables de manière à rembourser l’emprunt concocté en réalisant une plus-value. Ces plus-values, si elles sont réinvesties, ne sont pas taxées (détournement par l’optimisation fiscale), ce qui aliment indéfiniment la machinerie spéculative (les intérêts payés sur les emprunts productifs, qui servent à financer des rachats d’entreprises, par exemple, sont exonérés d’impôts).

La rente, les revenus non gagnés et l’enrichissement sans cause ne sont pas mis en évidence ni par le plan comptable national, ni par les statistiques ni par les économistes néoclassiques de la science économique standard. L’opacité est totale.

Beaucoup d’économistes de par leur formation universitaire en économie et de leur pratique dans le secteur bancaire ou la bourse, ont parfaitement compris que les économistes académiques formés au paradigme néoclassique de la science économique standard pour lequel il n’y a pas de rente, ne voient pas ou ne veulent pas voir.Et, de même, les statistiques fournies par la comptabilité nationale n’opèrent elles aussi aucune distinction entre ce qui concerne le secteur réel et le secteur rentier et spéculatif qui apparait ainsi comme aussi « productif », aussi « réel » que l’économie matérielle.

Enrichissement et l’endettement sont cumulatifs, c’est pourquoi les dettes ne peuvent pas être remboursées. Cette attitude de démesure des créanciers envers les débiteurs, les Grecs l’appelaient Pléonexie (El’laht en Arabe), qu’ils assimilaient à une déviance de vouloir plus que sa part.

Les chiffres d’Oxfam 2022 sont accablants, dévoilent la réalité centrale de notre temps, celle de l’enrichissement des 0,1% par l’endettement des 99,9%. Et cet enrichissement et cet endettement sont cumulatifs puisque les dettes ne peuvent pas être remboursées. Elles le peuvent d’autant moins que sous prétexte de rendre le remboursement possible, les Etats néolibéraux, l’Etat américain, l’Union européenne, le FMI et les banques imposent aux Etats endettés des cures d’austérité qui en baissant, prestations sociales et pouvoir d’achat dépriment l’économie et empêchent précisément d’avoir de quoi rembourser. Pour seulement payer les intérêts des dettes il faut emprunter à nouveau. Il y a là un cercle délétère vicieux qui se solde par l’obligation dans laquelle se trouvent les nations endettées de vendre tout ou partie de leur patrimoine comme les terres, les voies ferrées, les ports, les aéroports, les autoroutes etc. (voir les 2 cas, Maroc et Egypte). C’est l’accumulation du capital par dépossession au profit des créanciers internationaux.

La frénésie de richesse des capitalistes rentiers et spéculatifs  

C’est ainsi que la boucle se referme. Dans mon prochain papier, je vous montre comment les théocraties de Palestine et de la Mésopotamie vers 1000 ans av J.C avaient réussi à contrecarrer l’aspiration à la toute-puissance des rentiers créanciers. L’empire romain l’avait au contraire libérée et en est mort. Le christianisme a su la brider pendant tout un temps. Mais, désormais toutes les digues ont sauté. Plus rien n’arrive à arrêter la frénésie de richesse des capitalistes rentiers et spéculatifs, ce que les Grecs appelaient la Pléonexie. 

La règle cardinale qui doit être suivie est que les dettes qui ne peuvent pas être remboursées ne le seront pas.

Il faut sortir de cette nasse.

Comment desserrer l’étau, sortir de la nasse, se débarrasser de la tunique de Nessus qui nous colle à la peau, que l’endettement exponentiel nous inflige ? Il existe tout un ensemble de réformes nécessaires et possibles (que j’ai explicités dans mes 6 papiers rentes et revenus immérités et mes 6 papiers concernant les 30 réformes à entreprendre). Deux d’entre elles, les plus générales s’imposent tout particulièrement. Tout d’abord il faut redonner à l’Etat le pouvoir de financer les dépenses sociales et les grands travaux indispensables. La Nouvelle Théorie Monétaire (impulsée par Hyman Minsky, Randy Wray et Steeve Keene) montre comment et dans quelle mesure c’est possible. Et puis, surtout, il va nous falloir renouer avec l’esprit des jubilés et faire en sorte que les dettes illégitimes et odieuses soient annulées. L’annulation de la dette de l’Allemagne par les alliés en 1947 a permis à celle-ci de connaitre le succès économique que l’on sait. Voilà de quoi servir d’exemple. C’est la spirale descendante de l’austérité et des restrictions budgétaires qui condamne à l’appauvrissement du plus grand nombre et au déclin économique, pas la restructuration des dettes.

Karl Polanyi nous dresse un tableau saisissant sur 3000 à 4000 ans d’histoire.

Karl Marx nous rappelle déjà que : « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours, c’est l’histoire de la lutte des classes ». Bien sûr, dans l’histoire il y a eu les conquêtes militaires, la domination des aristocrates belliqueux ou celle de clergés tout-puissants (c’est l’église romaine qui est à l’origine de toutes les guerres dans le monde…), mais, subsumant toutes ces oppositions de classes particulières, les traversant, on trouve la lutte toujours renaissante entre créanciers (rentiers) et débiteurs. Marx avait vu et a analysé l’exploitation du travail salarié dans la sphère de la production, mais il n’avait nullement envisagé et prédit qu’à cette exploitation du travail viendrait se surajouter l’assujettissement à la dette, formidable machine à ruiner peuples et individus. 

Comment briser cette machine ? Stopper le rouleau compresseur ? C’est là un des enjeux cruciaux d’aujourd’hui et de demain. 

Les 0,1% et les 40%.

Les 0,1% qui détiennent 95% de la richesse mondiale, OXFAM 2021 (qui sont d’ailleurs plus particulièrement les 0,1% selon les projections récentes les plus sérieuses) ne tiendraient pas s’ils ne faisaient pas bénéficier de leurs rentes, sous une forme ou sous une autre, tout un ensemble de groupes dépendants, en majorité la classe moyenne occidentale, qui trouve intérêt à les soutenir. Quel pourcentage de la population représentent-ils ? Un pourcentage très vraisemblablement variable selon les régions du monde. Très faible en Afrique, mais dans les pays les plus riches en occident, le chiffre se rapproche des 40%, c’est-à-dire ceux qui détiennent 10% de la richesse mondiale qui ne veulent pas la partager avec les 50% de l’humanité qui n’ont rien du tout, 50 % de la population mondiale, ne sont ni salariés ni consommateurs, et, qui sont en train de frapper aux portes de l’occident quitte à mettre leur vie en danger. 

C’est de là, où se nourrissent, la xénophobie, le racisme et l’islamophobie, parce que cette classe moyenne a peur et a honte de ressembler aux 50% qui n’ont rien du tout. Les 40% représentent en gros la classe moyenne occidentale, alliée objective du capitalisme – l’histrion Pascal Bruckner ne cesse de s’égosiller toute l’année, que ‘’ le mode de vie occidental est non négociable’’, interprétez, les 40% ne partageront rien avec les 50% de l’humanité qui n’ont rien du tout, donc ces derniers doivent mourir, c’est çà ce qu’ils veulent. 

Cette classe moyenne par sa soumission, son obéissance et sa trahison a soutenu la duperie de la politique occidentale liée à la pandémie du Covid 19, parce qu’elle a peur de partager ces 10% de la richesse mondiale (selon Oxfam) avec les 50% de l’humanité qui n’ont rien du tout, qui ne sont ni salariés ni consommateurs. Une vaste supercherie contraignante pour la classe moyenne occidentale, une pandémie artificielle créée dans les laboratoires militaires américains et entretenue par des lois liberticides, ne nécessitait pas des vaccins pour être jugulée (pardon, les traitements géniques visant à éliminer l’immunité des vaccinés pour déshumaniser l’humanité). Seuls les traitements existants — que les gouvernements occidentaux ont interdit aux médecins généralistes de prescrire– étaient efficaces et qui sont à l’heure actuelle en train de faire leurs preuves un peu partout dans le monde. Deux ans de perdus et 9.000 milliards de dettes dans le monde occidental pour le bon plaisir de la finance khazar, des rentiers, qui ne produisent rien du tout, des revenus non gagnés, seulement par la spéculation, la rente, les jeux boursiers et la finance sans contrepartie de richesses réellement produite.

Il faut dénoncer le format actuel des comptabilités nationales qui empêchent le calcul de la rente et des revenus non gagnés.

La science économique néoclassique, ou science économique standard est une science frauduleuse car elle ne donne pas une évaluation de la part comptée comme entrant dans le PIB des revenus non gagnés et de la rente qui relèvent en réalité de revenus de la prédation. Beaucoup d’économistes a raison de dénoncer le format actuel des comptabilités nationales qui semble fait, en effet, pour empêcher un tel calcul. Les rentiers cherchent à limiter la portée de l’analyse économique pour se rendre invisible. Il est urgent d’élaborer le concept de rente économique pour mettre l’accent sur les fortunes non gagnées.

Il ne suffit pas d’indiquer les remèdes possibles à la prédation économique par la dette ou la rente, il faut encore se demander qui pourrait être capable de les administrer, quels groupes sociaux sont susceptibles de se dresser efficacement contre l’accaparement de la richesse par les classes rentières. Il faut revenir au (le) politique (ami/ennemi, la caste/le peuple, dominé/dominant) et non à (la) politique. Concentrer les luttes sociales et politiques (le) selon les dipôles suivants, ami/adversaire, ami/ennemi, caste/peuple, dominés/dominants, revenir à la vraie (le) politique et en conséquence établir une réforme radicale du mode de représentation et en filigrane abandonner le modèle Montesquien qui n’a aucune portée pratique, une construction heuristique et théorique qui est inapplicable depuis sa création (séparation des 03 pouvoirs, législatif, l’exécutif et le judiciaire, un leurre trompeur). 

Si on reste aux chiffres d’Oxfam dans son rapport de 2021 et aux analyses, on pourrait croire que, sinon les 99%, au moins une forte majorité de la population aurait intérêt à une telle insurrection. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle n’en pas conscience. Voilà qui montre qu’outre les facteurs proprement économiques, de multiples autres dimensions, sociales et symboliques, entrent également en jeu dans la domination des classes rentières. Mais la plus grande raison de notre impuissance face à elles, est à rechercher dans l’absence d’une vision mondialement partageable de ce que à quoi pourrait effectivement ressembler une société post-rentière. Comment mobiliser contre l’aspiration à la toute-puissance, contre l’hubris, des plus riches. Et, sur ce plan, toutes les analyses de M. Sergey Glazyev sont particulièrement précieuses, nous offre tout un ensemble de cartes et de repères indispensables. Mais faut tenir compte de la dette écologique, de l’érosion des valeurs démocratiques, de l’insurrection des peuples autrefois dominés ou colonisés etc.

*Docteur en Physique et DEA en économie

Partager cet article sur :

publicité

Dessin de la semaine

Articles similaires