Par Khider Mesloub
Plus que partout en Europe, en France il ne fait pas bon être basané ou noir. Manque de pot, à l’homme et la femme à l’épiderme basanée ou noire on lui fait visuellement la peau. À chaque coin de rue, on le fusille du regard xénophobe. On le toise. Et la police gauloise, instinctivement discourtoise, qu’il croise lui cherche souvent des noises.
La police française est régulièrement épinglée pour ses contrôles au faciès. Il s’agit de profilage ethnique, c’est-à-dire des contrôles visant systématiquement les mêmes membres de groupes raciaux, en particulier les personnes d’origine africaine et arabe.
En France, les contrôles policiers s’opèrent essentiellement sur des critères fondés sur l’apparence raciale. Cette pratique des contrôles au faciès est jugée discriminatoire par plusieurs associations de défense des minorités ségréguées.
Plusieurs études ont montré que les personnes perçues comme « noires » (d’origine subsaharienne) et celles perçues comme « arabes » (originaires du Maghreb ou du Moyen-Orient) sont contrôlées de manière disproportionnée par rapport aux personnes perçues comme « blanches ». En effet, par rapport au reste de la population française, les membres de la communauté noire et arabe font l’objet de contrôles d’identité plus fréquents et sont plus souvent interpellés par la police, interrogés et fouillés.
Cette pratique discriminatoire a été largement documentée et dénoncée depuis des années par des associations de défense des droits humains. Cette pratique discriminatoire a même été condamnée par plusieurs juridictions. Les associations considèrent que ces contrôles au faciès constituent une forme de racisme institutionnel, aboutissant dans de trop nombreux cas sur des violences physiques infligées par la police, voire la mort de certaines personnes car contrôlées « à bout portant », c’est-à-dire le pistolet pointé sur leur tête.
En France, un français d’origine africaine ou nord-africaine a vingt fois plus de risques d’être contrôlé qu’un Français blanc. Selon une enquête, 80% de ceux qui correspondent au profil de « jeune homme perçu comme noir ou arabe » ont été contrôlés ces cinq dernières années, contre 16% pour le reste des personnes interrogées. Cette enquête montre également que ces contrôles au faciès s’effectuent dans des conditions d’humiliation des jeunes : presque la moitié des personnes affirment être systématiquement tutoyées et rudoyées par les policiers.
Selon des stéréotypes xénophobes ethniques bien ancrées en France, la police française considère le fait d’appartenir à la communauté noire et arabe comme étroitement liés à une propension à commettre des infractions ou des crimes, appelant ainsi un contrôle d’identité. Ce racisme policier ne relève pas seulement de dérapages individuels. Il s’agit d’un racisme institutionnel bien ancré.
En tout cas, ces contrôles au faciès ont sur certaines personnes systématiquement ciblées des conséquences psychologiques graves, provoquées par les sentiments d’humiliation, d’infériorité, d’insécurité et de stigmatisation vécus quotidiennement.
Au vrai, cette pratique de contrôles au faciès est ancienne. Dès le début des années 1950, le MRAP, alarmé par les signalements, dénonçait déjà les « arrestations au faciès » dont étaient victimes les « Nord-Africains », en particulier les Algériens au cours de la guerre d’indépendance. Les ouvriers algériens de métropole étaient en effet victimes de contrôles d’identité répétés. Certains policiers, pour humilier ces « Français musulmans » contrôlés, déchiraient rageusement leurs papiers, manière xénophobe de leur rappeler qu’ils n’appartiennent pas à la communauté française, voire à la communauté humaine.
Pour conclure. Initiative inédite, ce jeudi 11 avril, cinq associations et ONG ont saisi l’ONU pour faire reconnaître la « nature systématique » des discriminations lors des contrôles des forces de l’ordre en France.
Pour autant, cette saisine est vaine. Car l’espoir d’endiguer par l’interpellation de l’ONU le racisme dans la police française est illusoire. À plus forte raison, à notre époque où le racisme tend à se répandre et à s’ancrer dans toutes les sphères de la société française.
Ces dernières années, nous assistons à la gazaouisation de la société française, en particulier de sa frange populaire pauvre, de sa jeunesse noire et arabe, victime de répressions policières, de relégation sociale, de paupérisation, de punitions collectives. Victime d’une guerre de classe que lui livre la bourgeoisie psychopathique et sadique française.
La France de Macron s’aligne non seulement sur la politique militariste génocidaire de l’Etat nazi d’Israël, mais adopte dorénavant sa gestion sécuritaire répressive et raciste menée contre les Palestiniens.
Aussi, en France, le racisme policier, produit d’une institution ancrée dans l’histoire coloniale et au service de la protection d’un système de plus en plus inégalitaire et totalitaire, n’est pas près de disparaître. À moins d’une transformation révolutionnaire de la société française.
1) Il ne s’agit pas d’un abus de langage. Le sociologue Ugo Palheta définit ainsi le fascisme : « La victoire du fascisme est le produit conjoint d’une radicalisation de pans entiers de la classe dominante, par peur que la situation politique leur échappe, et d’un enracinement social du mouvement, des idées et des affects fascistes. » N’est-ce pas ce à quoi nous assistons en France. Radicalisation de la classe dirigeante française, incarnée par le va-t-en-guerre Macron, et enracinement des idées et affects néofascistes dans toutes les strates de la société française.