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Atika Boutaleb,arrière-petite nièce de l’Émir Abdelkader à Algérie54: l’Émir Abdelkader, Messali Hadj et Houari Boumediene appartiennent au peuple Algérien

Les déclarations de l’ancien député Nouredine Ait Hamouda, caractérisées par des atteintes aux symboles de l’État Algérien, ont suscité l’indignation non seulement en Algérie, mais dans les quatre coins de la planète. Parmi ces symboles, le fondateur de l’État Algérien, l’Émir Abdelkader, que son arrière  petite nièce Atika Boutaleb, ait bien voulu répondre aux questions d’Algérie54

Algérie54 :Les déclarations de Nouredine Ait Hamouda sur les symboles de l’État Algérien, ont suscité l’indignation des Algériens, non seulement en Algérie et dans les quatre coins de la planète, selon vous, quelles sont les causes qui ont poussé l’invité de la Chaîne El Hayet à faire de telles déclarations ?

Atika Boutaleb :Je pense que c’est la suite de nombreuses déclarations du même style, qui pour moi font partie d’un complot contre la souveraineté de l’État national  et l’unité nationale, l’Algérie dans son ensemble.

C’est une machine qui est mise en place depuis déjà un moment, on l’a vu à différentes périodes, notamment lors de l’apparition de la petite-fille de Bengana qui a blanchi son grand-père en direct dans une émission sur la télévision nationale en 2017, puis cette même personne s’était attaquée à l’Émir sur les réseaux sociaux, ça s’est vite retourné contre elle et ses instigateurs grâce aux lanceurs d’alerte et à la mobilisation du peuple algérien face à ce flagrant délit de tentative de révisionnisme.

Pour en revenir à Ait Hamouda, je pense que s’il ne fait pas déjà partie de ce complot, il lui a rendu un grand service avec ses déclarations.
La propagande contre les symboles de notre nation; non seulement sur la personne de l’Émir, mais tout symbole de l’Algérie, tout ce qui représente l’État national, tout ce qui représente une identification possible de notre jeunesse à un passé glorieux, révolutionnaire, est une façon de faire remettre en question directement et indirectement la lutte de notre peuple contre l’occupation française, l’idée même de notre indépendance et notre souveraineté.

Algérie54 : En plus des membres de la famille de l’Emir Abdelkader, des collectifs d’algériens viennent de déposer plainte auprès des instances judiciaires à l’encontre de Nouredine Ait Hamouda, pour mettre un terme aux atteintes aux symboles de l’État Algérien, qu’en est-t-il avec la plainte et avec cette pétition de condamnation d’Ait Hamouda qui circule actuellement ?

Atika Boutaleb :Un collectif d’avocats, et d’intellectuels s’est constitué, j’ai bien évidemment rejoint les plaignants et ai de suite contacté ma tante Badia El Hassani, à Damas, qui a immédiatement accepté de prendre part à l’action en justice, une action citoyenne nationale car l’Emir Abdelkader, Messali Hadj et Houari Boumediene n’appartiennent pas uniquement à leurs famille mais au peuple algérien.

Algérie54 :Beaucoup d’algériens sont unanimes selon les informations en notre possession, que les déclarations scandaleuses et mensongères de Nordine Ait Hamouda, interviennent dans le sillage du rapport de Benjamin Stora, dans l’objectif de ternir l’image du fondateur de l’Etat Algérien, qu’en pense Atika Boutaleb ?

Atika Boutaleb : Je pense qu’il faut laisser l’histoire aux historiens, et en ce qui concerne les déclarations fallacieuses d’Ait Hammouda, j’ai mis à la disposition de Beur TV une vidéo de Mme Badia El Hassani, arrière-petite-fille de l’Émir mais également et surtout historienne de profession, y répondant point par point par les faits et la vérité historique; la vidéo a été diffusée samedi soir.
Pour ce qui est du rapport Stora, c’est un rapport qui sert les intérêts du régime français et destiné à lui donner bonne conscience sur les crimes contre l’humanité commis par la France coloniale, et de ce fait il ne représente que le travail sur une seule mémoire très sélective qui est la leur.
À nos historiens de faire le travail sur notre Histoire de manière à ce qu’elle nous soit pas dictée par nos bourreaux.

Algérie54 : Ne pensez pas que les pouvoirs publics algériens sont interpellés au sujet aujourd’hui, sur la réelle image à offrir aux jeunes Algériens, sur l’Émir Abdelkader, première personnalité universelle du 19ème siècle, homme de savoir, de lettres, humaniste et précurseur des valeurs universelles, dont celles liées à la promotion des droits de l’homme avant même la déclaration universelle ?

 Atika Boutaleb : Il n’y a pas “d’image” de l’Émir à offrir, son épopée, ses victoires sur l’ennemi, ses actions humanitaires, ses valeurs universelles, parlent pour lui, et de ses adversaires à ses admirateurs, les témoignages se comptent par milliers de par le monde, on érige des statues en l’honneur du précurseur du droit humanitaire international à Genève et en mémoire d’un symbole des luttes révolutionnaires à Caracas et au Mexique, et on donne son nom à des villes aux États-Unis où on en parle même dans les programmes scolaires de certains États.
Ce qui est demandé à l’État c’est de réparer l’offense qui est faite à l’Émir en n’enseignant que peu ou prou son histoire, l’histoire du fondateur de l’État Algérien Moderne sur les bancs de l’école algérienne dans les programmes scolaires depuis l’école élémentaire jusqu’à l’université.
Ce qui est demandé à l’État qui est le seul à avoir les moyens de le faire, de prendre en charge un travail sérieux conduit par des historiens confirmés et des chercheurs sur l’histoire de l’Émir et sa mémoire.
Ce qui est demandé à l’État est de sévir vis à vis des charlatans qui se prétendent historiens et de tous ceux qui sous prétexte d’être de la famille ou d’avoir simplement lu quelques livres sur l’Émir se prononce comme experts de l’Émir.
L’Émir est le fondateur de notre État ; de ce fait tous les travaux le concernant devraient être “un projet d’État” qui ne doit pas être laissé au bon vouloir de personnes qui cherchent à exploiter son nom, son image et son prestige.
C’est ainsi et seulement ainsi qu’on protégera l’histoire de l’Émir de ses détracteurs et ceux qui tentent de la souiller en répétant des sottises puisées dans les fantasmes des colons.

Algérie54 : Dans vos dernières réactions, vous avez révélé́ que l’Algérie est ciblée dans son existence et la pérennité de l’Etat-nation, via la culture, pouvez-vous nous éclairer sur ce sujet ?

Atika Boutaleb : En effet, tout laisse à penser que l’Algérie est ciblée en tant qu’état nation qui résiste encore aux tentatives nombreuses de déstabilisation comme l’indiquent beaucoup d’événements ces dernières années, mais aussi ce type de déclarations et bien d’autres sur notre histoire, notre culture, puisées dans les écrits du colon et des nostalgiques de l’Algérie française le démontrent.
Nous vivons une période où il est plus facile de fragiliser les États nations à travers le révisionnisme aux fins de les dominer, et les exploiter.

On ne s’implante plus physiquement, mais en effaçant les mémoires communes des peuples, en falsifiant l’histoire de leurs luttes, en “adoucissant” l’image de leurs bourreaux d’hier, en semant le doute sur leurs symboles, en créant des conflits culturels dans le but d’anéantir toute idée qui les rassemble, de façon à ne plus pouvoir s’unir pour faire face face aux différentes menaces qui pèsent sur eux; Aussi, l’Algérie en tant que pays, nation , état et société a intérêt à montrer encore plus de vigilance face aux tentatives incessantes de cette reconquête par la culture.

Entretien réalisé par M.Mehdi

 

 

 

 

 

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