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2022. De la démocratie et de la liberté d’expression dans le monde libre.

Par Djeha

D’une oreille et d’un œil distrait je suivais hier les informations sur une chaîne, parmi d’autres, qui en fait pétition et spécialité.

En vérité, je n’apprends plus rien depuis longtemps. Comme disait feue Khalti Malika, depuis des mois « je n’encrasse les oreilles ».

Sur ces chaînes (la catégorie générique est bien nommée), à l’exception de quelques rares séquences, il y a de moins en moins d’informations et de plus en plus de parti pris infiniment répété, une variation très peu variée sur le même thème. Avec une partition invariable : les bons d’un côté, les méchants de l’autre. Toujours les mêmes.

J’ai prélevé un échantillon que je vous livre ci-après.

– « L’armée russe qui nous faisait autrefois peur est aujourd’hui une armée de mendiants en mauvais état. » P. Haski (président de l’association Reporters sans Frontières depuis 2017), LCI, S. 03 décembre 2022.

– « Quand les Russes ne peuvent pas occuper une ville, ils la détruisent » et l’auteur ajoute :

– « Les dirigeants russes n’ont pas de considération pour l’humain, l’individu est un pion au service de l’Empire » J.-P. Perruche, ancien directeur de l’état-major de l’UE.

– « Le noyau autour de Poutine est de plus en plus restreint avec les plus loyaux car il n’a confiance en personne. » D. Moïsi, sur la même chaîne, le même jour.

D. Moïsi fait ici allusion, message subliminal, au sort de Hitler et de Staline et anticipe (oserai-je dire, souhaite) la fin rapide du président russe. Il ne serait pas le seul.

Ces trois individus se posent et sont ainsi présentés ès qualité, en experts : l’un de l’information, le second de la guerre et le troisième de l’observation et de l’analyse des conflits.

Au lieu d’être fidèles à leurs statuts, à leur fonctions et donc de restituer le monde et les événements tels qu’ils sont, pour aider les citoyens à s’informer et à comprendre le monde dans lequel ils vivent en sorte d’apprécier en toute liberté démocratique les décisions de ceux qui les dirigent, ces « experts » jugent et confondent les faits qu’ils ont pour but de rapporter, avec leurs propres échelles de valeurs.

Ils sont libres d’avoir les opinions qu’ils veulent et la chaîne de TV qui les expose a le droit d’en faire ce qu’il lui plaît.

Partiels, partiaux et monocolores

Le problème vient de ce que ces opinions et ces jugements de valeur sur les faits ne sont pas confrontés à d’autres opinions et d’autres jugements différents et opposés. Or, c’est sur ces confrontations d’idées et d’opinions aussi équitablement exposés qu’il est possible, que repose la démocratie tant défendue dans les mots et tant trahie dans les faits.

Il s’ensuit que ces « experts » et ce média télévisuel, comme les autres, abusent et désinforment les téléspectateurs et les citoyens.

Il s’ensuit aussi que le monde « libre, transparent et démocratique » qu’ils prétendent défendre contre des oppresseurs et des dictateurs qui menacent leurs libertés, leur prospérité et leur sécurité, ne tient plus.

Depuis le 24 février il n’y a plus de débats démocratiques, ni de liberté d’expression en Europe.

Ces officiers (qui parlent pour la « Grande Muette »), ces journalistes, ces médias, ces universitaires qui ont pignon sur rue, sont en uniforme, comme dans les « démocratures » qu’ils dénoncent, des gens de partis qui participent à leur manière de la guerre, pas des arbitres et des observateurs honnêtes au services de leurs citoyens et, en conscience, de la vérité, même si elle n’est pas toujours facile à discerner et que les historiens se chargeront de démêler.

Après que le sang ait cessé de couler et que le feu ait achevé de consumer les vies.

Nous voyons, au contraire, des enquêtes se mener au pas de charge, des tribunaux prestement s’ériger, des juges empressés, des condamnations prononcées à la va-vite et des peines en cours d’exécution. Et même de pseudo-historiens s’atteler à graver dans le marbre des vérités éternelles.

Je le répète, ces hommes ont naturellement le droit de disposer de leur liberté d’opinion, de tenir la Russie pour un ennemi, de prendre parti pour l’Ukraine et même de détester mon pays et de le clamer haut et fort si ça leur chante, mais ils n’ont pas le droit de travestir le verre en diamant, le cuivre en or et de faire de leur métier de soldat, de journaliste et d’universitaire -métiers honorables- un relais patenté de la désinformation.

PS : je souhaiterai attirer l’attention de mes correspondants sur le cas particulier de RSF, une officine qui s’est faite déjà connaître en tant machine à intoxiquer depuis longtemps, et même depuis sa naissance, avec une pétition atlantiste explicite.

Un de ses fondateurs, aujourd’hui plus que proche de l’extrême droite en France, opportuniste qui mange à tous les râteliers, a rédigé une confession, une sorte de cri du cœur revanchard auxquels les Algériens seront très sensibles :

« Vive l’Algérie française » Editions Mordicus, coll. Coups de colère, 2012, 30 p.

A lire par tous ceux qui seraient curieux d’entrevoir l’avenir vers lequel peu à peu inclinent la France et l’Europe, dans lesquelles leurs idées et leurs valeurs de « liberté » et de « démocratie » redéfinies se propagent à grandes enjambées.

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