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L’AFP plonge dans une fakenews et entraîne les médias français

L’Agence France Presse chute ce lundi 7 novembre de son supposé piédestal de média objectif, pour tronquer une citation et charcuter les propos de l’homme d’affaires russe Evguéni Prigojine. 

Ce 7 novembre, à la veille des élections de mi-mandat américaines, l’Agence France Presse s’est émue d’une confession supposément explosive de l’homme d’affaires «proche du Kremlin» et fondateur de la société Wagner, Evguéni Prigojine. Accusée depuis des années par les Etats-Unis d’ingérence dans leurs élections, la Russie aurait ainsi fini par avouer ses crimes… quand bien même cela serait par l’intermédiaire d’un homme d’affaires qui n’occupe aucune fonction officielle.

«Un homme d’affaires proche de Poutine admet des « ingérences » dans les élections américaines», titre ainsi catégoriquement l’Agence France Presse.  Et celle-ci de citer la réponse de Prigojine : «Nous nous sommes ingérés, nous le faisons et nous allons continuer de le faire. Avec précaution, précision, de façon chirurgicale, d’une manière qui nous est propre.» Pourtant, les choses n’étaient pas si simples.

La presse française a néanmoins emboîté le pas à l’agence, reprenant mot pour mot la dépêche de l’agence. Un chroniqueur de BFM TV affirmait ainsi, dans la foulée et en plateau, que les «ingérences russes» dans les élections américaines seraient désormais «assumées».

De surcroît, la citation reprise par l’AFP – que n’a bien entendu pas pris la peine de vérifier BFM TV – n’est pas tout à fait exacte. Ayant été coupée au début et à la fin, elle est parfaitement incomplète, faisant d’autant plus disparaître l’ironie du propos.

En effet à la lecture de la citation complète, le sarcasme d’Evguéni Prigojine devient plus évident : «Je vais vous répondre très subtilement, délicatement et, veuillez m’excuser, je vais me permettre une certaine ambiguïté. Nous nous sommes ingérés, nous le faisons et nous allons continuer de le faire. Avec précaution, précision, de façon chirurgicale, d’une manière qui nous est propre. Au cours de nos opérations de haute précision, nous allons retirer à la fois les deux reins et le foie.»

Même CNN, pourtant peu réputé pour sa russophilie, a été capable de sentir qu’il y avait bien anguille sous roche : «Il n’a pas été possible de déterminer immédiatement le sérieux des commentaires de M. Prigojine, qui semblent avoir été faits de manière quelque peu sarcastique.» Mais qu’importe ? Agiter une énième fois le spectre de l’ingérence russe était, semble-t-il, beaucoup trop tentant. Une obsession occidentale Faut-il le rappeler, le 22 mars 2019, au bout de deux années d’enquête, de près de 3 000 réquisitions, et des auditions de plusieurs centaines de témoins, le rapport Mueller présenté par le procureur spécial William Barr concluait qu’aucun élément ne permettait d’étayer une collusion entre l’équipe de Donald Trump et Moscou lors de la campagne de 2016.

En 2017, Facebook accusait la Russie d’avoir dépensé, entre juin 2015 et mai 2017, 100 000 dollars de publicités payées par des comptes que le renseignement américain estimait associés à des intérêts russes. En comparaison, Donald Trump et Hillary Clinton avaient dépensé au moins 81 millions de dollars en publicité sur Facebook. Plus récemment, le 13 septembre 2022, les médias occidentaux se faisaient l’écho d’un mémo du Département d’Etat, se référant encore aux agences de renseignement américaines, accusant la Russie d’avoir dépensé 300 millions de dollars à travers le monde depuis 2014 pour influencer les élections et les partis politiques.  Accusé d’avoir créé une «ferme de trolls», de faux profils opérant sur les réseaux sociaux pour tenter d’influencer les électeurs, Evguéni Prigojine fait l’objet de sanctions américaines et européennes.

 

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