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Gaz: le partenariat algéro-italien et l’axe Paris-Madrid-Berlin

Au moment ou la présidente du Conseil Italien Giorgia Meloni arrive à Alger, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz animaient une conférence de presse au Palais de l’Elysée à l’occasion de la célébration du 60 ème anniversaire du Traité franco-allemand. Le couple franco-allemand n’a pas manqué l’occasion d’aborder la question énergétique et l’approvisionnement de l’Europe dépendante de Moscou et très affectée par le conflit ukrainien.

Lors de la conférence de presse animée par les deux dirigeants, la relance du projet du gazoduc Mid Cat auquel s’opposait Paris et qui constituait un différend entre la France d’un côté et l’Allemagne, l’Espagne et le Portugal d’un autre côté. A l’occasion des entretiens tenus entre Pedro Sanchez et Olaf Scholz, il y a quelques semaines, le sommet franco-espagnol tenu jeudi 19 janvier à Barcelone conclu par un Traité entre les deux pays et le sommet franco-allemand de dimanche 22 janvier, le gazoduc Mid Cat, sera remplacé par un pipeline sous-marin dénommé « H2Med » reliant Barcelone à Marseille destiné à acheminer du gaz puis de l’hydrogène vert, entre la cville catalane et celle phocéenne pour être étendu jusqu’à l’Allemagne, comme a tenu à le préciser le président français.  « L’Allemagne sera un partenaire de cette stratégie d’infrastructures en matière d’hydrogène », a précise Emmanuel Macron. Nommé H2Med, ce pipeline financé par l’Europe vise à remplacer le projet de gazoduc MidCat, abandonné en 2019 en raison de son impact environnemental et d’un intérêt économique alors jugé limité.

En perte de vitesse et de popularité le président du Conseil espagnol Pedro Sanchez avait choisi Barcelone comme ville hôte du sommet franco-espagnol pour signer le traité avec Emmanuel Macron pour souligner l’importance de ce projet stratégique, mais aussi pour montrer que la situation s’est apaisée en Catalogne, théâtre d’une tentative de sécession en 2017. Ne le voyant pas ainsi, plusieurs milliers d’indépendantistes catalans ont manifesté jeudi matin tout près du sommet pour protester contre sa tenue, aux cris de « ni France ni Espagne ! »

L’Espagne, espérait tirer profit de la concrétisation du gazoduc Mid Cat, souhaitait pouvoir exporter du gaz via ce gazoduc, qui entrerait dans un programme plus large d’interconnexion gazière de l’UE. Même si l’Espagne réceptionnait des quantités importantes du GNL en provenance du Qatar et des USA, sa brouille avec Alger, lui avait coûté cher puisqu’elle bénéficiait des prix préférentiels accordés par l’Algérie dans le cadre du Traité de Partenariat, d’Amitié et de Bon Voisinage signé en Octobre 2002. La trahison de Pedro Sanchez et son alignement à la position de l’occupant marocain sur la question du Sahara Occidental, ont coûté cher à la Péninsule Ibérique au profit de l’Italie qui perpétuait sa tradition d’un partenaire fiable respectant les principes du bon voisinage et de la légitimité internationale. D’ailleurs, l’élection de Giorgia Meloni, présidente du Conseil Italien, constitue un atout inestimable pour la question sahraouie, qui aura en cette occasion un soutien de taille qui s’était déjà exprimé pour l’autodétermination du Peuple Sahraoui.

Le partenariat algéro-italien et les grandes pertes espagnoles

Comme nous l’avons souligné dans un précédent article  l’Espagne sera le grand perdant du renforcement du partenariat algéro-italien, comme l’indique déjà les chiffres annonçant un recul des exportations du gaz algérien vers l’Espagne de 42% durant le premier semestre de l’année 2022, sachant que Madrid qui était le premier importateur du gaz algérien, recule à la troisième position, dans le sillage dela brouille entre les deux pays. Les exportations gazières de l’Algérie vers la Péninsule ibérique passe de 48% à 24% soit la moitié, une quantité exportée vars l’Italie qui bénéficia de quantités supplémentaires estimées à 8 milliards de M3. Aujourd’hui, l’Italie est dans une excellente posture pour devenir le premier partenaire de l’Algérie dans ce secteur névralgique, dont l’importance est renforcée par les bouleversements que connaît le monde.

 Ainsi, il n’est pas exclu que l’Italie sera promue à devenir un hub gazier, dans la perspective de l’augmentation des capacités de production gazière de l’Algérie, via le projet du  gazoduc Galsi d’une capacité d’au moins 8 milliards de mètres cubes par an reliant  l’Algérie , à la Sardaigne puis jusqu’aux côtes de la Toscane. Un projet qui sera soutenu à moyen terme  par le lancement du gazoduc Transsaharien TSGP et qui pourraient profiter des interconnexions et adductions des gazoducs reliant l’Europe à la Russie. Une solution pour réduire les tensions sur la sécurité énergétique européenne.

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