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Jacques-Marie Bourget à Algérie54:je comprends mieux aujourd’hui le massacre de Sabra et Chatila

A l’instar de la journaliste palestinienne d’Al Jazeera Shirine Abou Aqleh, lâchement assassiné mercredi dernier par l’armée d’occupation israélienne, le journaliste français  Jacques-Marie Bourget a vécu la même tragédie le 21 octobre 2000 après avoir été la cible d’un sniper du Tsahal, lors d’une couverture médiatique du siège de l’autorité palestinienne présidée par le martyr Yasser Arafat. Son engagement pour l’éthique et les causes justes ont failli lui coûter la vie lors de la couverture de la seconde Intifada, en Palestine occupée, déclenchée fin septembre 2000, suite à la violation par Ariel Sharon de l’esplanade de la Mosquée d’Al Aqsa. La balle du sniper du Tsahal qui toucha Jacques-Marie Bourget, en est la meilleure preuve aujourd’hui de l’identification de l’auteur de l’assassinat prémédité de la journaliste Shirine Abou Aqleh,dont le cercueil était aujourd’hui la cible de la police israélienne. Lire: https://algerie54.dz/2022/05/13/shirine-abou-aqleh/.

Pour en savoir plus sur les crimes sionistes et ses auteurs bénéficiaires de l’impunité, et de la complaisance de la communauté internationale, Algérie54 interrogea Jacques-Marie- Bourget sur sa tragédie d’octobre 2000 et sa similitude avec l’assassinat de Shirine Abou Aqleh

Algérie54:Quel sentiment avez-vous ressenti en apprenant la nouvelle de l’assassinat prémédité de la journaliste palestinienne d’Al Jazeera Shirine Abou Aqleh ?

Jacques-Marie Bourget: En apprenant la mort de Shireen je n’ai pas été surpris, je sais qu’elle était une cible, menacée par la force de ses paroles et le poids de ses reportages auprès des peuples Arabes. Les images de son meurtre sont un copié collé de ce que j’ai vécu : un sniper qui vous attend, vous vise et tire pour tuer. Moi j’ai eu la chance incroyable de survivre, le tireur « d’élite » a frappé quelques centimètres trop hauts, au-dessus du cœur. Shireen était en permanence suivie par les services israéliens qui savaient qu’elle se rendait à Jenin. Ils lui ont tendu une embuscade et a été victime de ce que la Convention de Genève appelle un « crime de guerre ». Je ne suis pas étonné puisque plus de 50 journalistes ont été tués depuis 2000 en Israël, et que cette barbarie se poursuit en totale impunité, contre des gens « ordinaires » dont personne n’évoque la mort. La monstruosité est ici clairement montrée par l’attaque du cercueil de Shireen par la police israélienne. Je n’ai jamais vu une telle scène et je comprends mieux aujourd’hui le massacre de Sabra et Chatila : la volonté d’éradiquer les Palestiniens jusque dans la tombe. Ne pas oublier que l’ONU, en décembre 1982, a accusé Israël « d’acte de génocide ».

Massacre de Sabra et Chatila

Algérie54: Jacques-Marie Bourget, vous avez été vous-même l’une des victimes de Tsahal. Quel message envoyez-vous à l’opinion publique après plus de deux décennies de cette expérience malheureuse ?

Jacques-Marie Bourget:J’ai été victime de la même arme que celle qui a tué Shireen. J’ai simplement eu moins de malchance mais ai pu confondre Israël, la balle retirée de mon corps a été fabriquée par le régime sioniste. Je peux témoigner que toutes les promesses d’enquêtes sur ces crimes sont des mensonges, puisque c’est un état qui accepte le crime et l’encourage. L’opinion publique « atlantiste » se moque totalement des assassinats quotidiens en Palestine. Il n’y a aucun espoir. La majorité des pays Arabes a fait allégeance à Israël, la partie est terminée sur le plan international. Les Palestiniens ne doivent plus compter que sur une poignée d’amis. Mais surtout sur eux-mêmes.

Algérie54:Quels sont les moyens à entreprendre selon vous pour faire face à l’impunité lorsqu’il s’agit des crimes d’Israël ?

Jacques-Marie Bourget: Pendant quelques mois, des défenseurs naïfs des Palestiniens ont estimé que la Cour Pénale Internationale allait juger et condamner Israël… C’est un leurre. Le nouveau procureur de la CPI, en bon élève de l’OTAN, vient de se précipiter en Ukraine et non en Palestine. La CPI ne juge que les Africains où les Serbes, jamais les amis de l’Occident.

Algérie54:RSF s’est manifestée encore une fois par sa réaction frileuse en ce qui concerne l’assassinat de la journaliste d’Al Jazeera, comme c’était le cas lors de votre tragédie. Qu’en pensez-vous ?

Jacques-Marie Bourget:La réaction de RSF est époustouflante. Il y a d’abord eu un communiqué de la branche internationale de cette OTG, « Organisation Très Gouvernementale » outil de Washington. Puis rien ou pas grand-chose. La police israélienne attaque le cercueil d’une journaliste assassinée… pas grave : il faut traquer le Palestinien jusqu’au tombeau. Sachez que l’épouvantable Christophe Deloire, le porte coton en chef de RSF, a reçu un Prix de 300 000 dollars offert par Israël. Il na va pas mettre de tels amis en accusation.

Entretien réalisé par Messaoudi Mehdi

https://algerie54.dz/2021/10/16/jaques-marie-bourget-interview/?fbclid=IwAR2MIyBw3QdgqgOyws5bKB32Uvfk_CNoQJutzi1gxYMTnYOg63s-yVgAxBc

 

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