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Jacob Cohen: Netanyahou représente actuellement le projet sioniste dans toute sa violence gratuite, sa volonté génocidaire

Le droit à la justice a été ce vendredi 26 janvier à l’épreuve à l’occasion du prononcé des premières décisions de la Cour Internationale de la Justice CIJ, au sujet de la plainte déposée par l’Afrique du Sud, accusant l’entité sioniste de génocide du peuple palestinien entamé le 7 octobre dernier. Algérie54 interrogea le journaliste et auteur français Jacob Cohen sur ce revirement juridique sur la question palestinienne.

Algérie54: La CIJ vient de rendre verdict ses premières décisions suite à la plainte déposée par l’Afrique du Sud accusant Israël de génocide du peuple palestinien. Quelle lecture faites-vous de premières décisions prises par  l’instance juridique internationale?

Jacob Cohen: C’est un verdict préliminaire, avant l’arrêt définitif attendu dans un an ou deux, réclamé par l’Afrique du Sud pour arrêter les massacres commis par Israël. Or il semble que la Cour n’ait pas ordonné un cessez-le-feu mais a réclamé que des mesures soient prises pour prévenir et punir les actes commis ou à commettre et suceptibles de tomber sous le coup de la convention sur le génocide. Elle invite également Israël à faire tout pour protéger la population palestinienne. Ce verdict ne paraît pas suffisamment clair et tranchant pour dissuader Israël de poursuivre ses actions meurtrières. On ne voit pas d’ailleurs ce qui pourrait l’arrêter dans la situation actuelle en dehors des Américains, qui viennent de signer avec leur intouchable allié un nouvel accord sur la fourniture de toute une panoplie d’armes. 

Algérie 54: Israël continue de bénéficier du droit à l’impunité. 4 mois après sa guerre
d’extermination du peuple palestinien, aucune décision digne n’a été prise
pour mette fin à ce génocide.Est-t-il urgent et légitime aujourd’hui d’aller vers un monde multipolaire débarrassé de l’hégémonie américano-sioniste et de la loi plus fort ?.

Jacob Cohen:Idéalement, juridiquement, moralement, humainement, bien sûr il serait légitime et d’aller vers un monde multipolaire où on ferait une grande place à la résolution des conflits sur la base de la justice et du droit. Mais c’est un mythe qui traverse la communauté internationale depuis toujours. Les États n’ont jamais réussi à dépasser leur égoïsme et leur volonté de puissance lorsqu’ils en disposent pour se limiter et limiter leurs appétits. Cela s’est vu après chaque grand conflit ou une crise d’importance. Il semble que l’humanité ne soit pas capable – en tout cas l’Histoire l’a démontré – de s’appliquer des mesures raisonnables pour le bien général.

Algérie54: Benjamin Netanyahou ne semble nullement accorder de l’intérêt aux appels de la communauté internationale pour un cessez le feu immédiat, ou même la pression exercée par les familles des otages. Quelle est votre opinion au sujet du devenir du criminel de guerre l’actuel premier ministre israélien?

Jacob Cohen:A juste titre, Netanyahou représente actuellement le projet sioniste dans toute sa violence gratuite, sa volonté génocidaire, son désir de puissance et de domination, son mépris du droit et de la justice. Mais il est seulement le dernier sur la longue liste des dirigeants sionistes qui en ont jeté les bases depuis leur implantation en Palestine. N’oublions pas l’accord secret avec la Transjordanie de 1947 pour empêcher l’État palestinien issu du plan de partage de l’ONU, ni le nettoyage ethnique de 1948, ni les représailles sanglantes contre des civils, ni les guerres et leurs conquêters territoriales, ni Chabra et Chatila, ni le camp de concentration à ciel ouvert que fut Gaza ces 20 dernières années, ni le régime colonial en Cisjordanie, etc. Le sionisme, qui se voulait une idéologie de libération et de progrès, s’est transformé en régime criminel imbu de sa puissance, et qui se croit intouchable. Et l’évolution idéologique de la population israélienne n’incite pas à l’optimisme. Après Netanyahou, il y aura peut-être un régime « modéré », mais qui appliquera la même politique, avec cependant un discours moins violent, des promesses qui sonnent bien comme la « solution à 2 États » mais qui restent lettre morte. Aucun gouvernement « de gauche » israélien n’a jamais tenté d’apporter une solution juste et durable au conflit. C’est un constat tragique mais implacable.   

Entretien réalisé par M.Mehdi

4- La cause palestinienne gagne des points au niveau des opinions publiques occidentales malgré l’instrumentalisation médiatique au profit de l’entité sioniste?

Certes, la cause palestinienne a gagné des points au niveau des opinions publiques occidentales. Et parallèlement il y a une érosion de l’image d’Israël. Mais cela ne durera qu’un temps. L’histoire des relations internationales est malheureusement fondée sur les intérêts économiques et les rapports de forces. Malheur aux vaincus. La Palestine ne pèse pas lourd dans la balance. Quel État, ou groupe d’États, aura mis tout son poids pour la défendre ? Je regrette de conclure sur cette note pessimiste, et je serais heureux d’être démenti par la suite.

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