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Jeune Afrique porte-voix de la Françafrique

Dans une de ses dernières livraisons le média français Médiapart caricature le média français Jeune Afrique, inféodé à la cause du Makhzen, en particulier et à la Françafrique en général

«Françafrique, Tyrannie, Mépris, corruption, colonisation, endoctrinement», Médiapart révèle tout sur le groupe de presse créé par Béchir Ben Yahmed (BBY) depuis plus d’un demi-siècle, en prenant les cas du Cameroun, du Gabon, du Sénégal, du Tchad et de la Mauritanie. Jeune Afrique avait été créé pour dénigrer les mouvements de libération des peuples d’Afrique dans le but de maintenir la colonisation, nouvelle version des anciennes puissances coloniales dont la France.
Pour Médiapart, JA, s’est enrichi sur le dos des africains, en s’alignant sur la position de la France et ses larbins réactionnaires dont le Makhzen.

«Les violons s’accordaient régulièrement entre BBY et Jacques Foccart qui révéla dans ses mémoires qu’il avait un rituel d’un dîner par mois avec le propriétaire de J.A» et même que Jacques Foccart avait désigné BBY comme son légataire testamentaire universel. Que peut-on donc attendre d’un héritier légal de Jacques Foccart ? J.A fait clairement partie intégrante des réseaux Foccart.

Jacques Foccart

L’argent sale de JA

Au Cameroun, un contrat pour la somme de 650 millions de FCFA à verser chaque année permet au régime de Paul Biya de bénéficier d’un traitement de faveur. Cette somme a été payée pendant 4 ans. Après le refus du Président camerounais de payer, J.A a pondu un dossier pour zapper et critiquer Paul Biya. Au Sénégal, de vives tensions avaient opposé le régime de Abdou Diouf à BBY au sujet de la couverture de la crise qui a opposé le Sénégal à la Mauritanie en 1989. Les premiers papiers de J.A étaient une véritable lapidation médiatique du régime de Diouf. L’élite sénégalaise avait bien compris que BBY avait choisi son camp. Le régime de Diouf paniqua et envoya une délégation pour négocier à coups de millions de FCFA.

Désormais, on fait la cour au Rwanda dirigé  par Kagamé, signature d’un contrat de 350 000 dollars, François Soudan exalte Paul Kagamé, désormais décrit comme ayant fait de son pays un paradis sécuritaire.”

Les révélations d’un journaliste malien

Un journaliste et écrivain malien avait révélé il y a quelques mois, une des sources de financement marocain de l’hebdomadaire Jeune Afrique. Dans un article intitulé «Un contrat de communication de 700 000 euros lie le Maroc au magazine Jeune Afrique», paru dans Nextafrique, l’auteur écrit que le magazine, fondé et dirigé par les Ben Yahmed, «a souvent été qualifié de caisse de résonance de la Françafrique, journal corrompu, bras armé de la Françafrique, sac à m…, [etc.]. Ses accointances avec les régimes dictatoriaux africains qui s’obstinent à pérenniser leur rôle de négriers de la France n’est plus à prouver. Ceux-ci payent cher pour rester au pouvoir».

«Parmi les régimes qui font recours aux services de Jeune Afrique se trouve la monarchie médiévale du Maroc», souligne l’auteur, qui a réussi à obtenir la copie d’une facture trouvée parmi les documents confidentiels des services secrets marocains. Celle-ci, référencée MAR0711-01, datée du 22 juillet 2011 et libellée au nom du ministère marocain de l’Intérieur, concerne un «contrat de communication» dont le montant s’élève à 125 000 euros. Il s’agit, selon cet auteur, d’un «système de connivences sournois au détriment des peuples africains» pour le maintien duquel «Jeune Afrique existe». «Si bien que Françafrique, sans jeu de mots, serait un nom beaucoup plus approprié à ce canard dont le proprio arabe exilé en France, Béchir Ben Yahmed, se fait du beurre et des peanuts sur le dos des Nègres d’Afrique.»

Pour le journaliste et écrivain malien, la création de ce média «néocolonialiste relève de tout, sauf du hasard». Le journaliste se réfère à l’économiste François-Xavier Verschave, connu pour sa dénonciation de la politique africaine de la France, qui soutenait que «le journal franco-africain Jeune Afrique est devenu le légataire universel des œuvres de Jacques Foccart», en indiquant que «depuis 1983, il (Jacques Foccart, ndlr) mangeait tous les mois avec Béchir Ben Yahmed, le patron de Jeune Afrique». «Ce mariage est le plus ancien et le plus connu», commentait l’économiste français.

Béchir Ben Yahmed

«Que peut-on rajouter à cette confession non équivoque, sinon rappeler que ce mariage entre le faucon Foccart et le vautour Ben Yahmed, cette union incestueuse entre le prédateur et le charognard– l’un abattant la victime pour se sustenter de sa chair fraîche, l’autre se repaissant des miettes de sa charogne – remonte à bien plus longtemps que ce que le premier affirme dans ses mémoires, c’est-à-dire à l’origine même de la Françafrique, de 1958 à 1960», s’indigne le journaliste malien, convaincu que «le néocolonialisme français» a «pour nom Françafrique» et «pour instrument Jeune Afrique». Ce à quoi on pourrait ajouter : «Il a pour bailleur de fonds le Makhzen, toujours sous protectorat français.»

Un financement confirmé par Marocleaks

Voici un dossier publié par le site marocain anti-makhzen Marocleaks sur le lobbying effectué par le Maroc auprès du magazine français Jeune Afrique fondé par le franco-tunisien Béchir Ben Yahmed.    La politique commerciale et éditoriale se poursuit par les deux fils Merwan à la rédaction et Amir à la direction générale après le décès du patriarche Béchir Ben Yahmed du Covid 19.

Selon une facture obtenue par MarocLeaks, le Makhzen a payé, pour la période 2010-2011, le montant de 700.000 euros au magazine Jeune Afrique.

Selon les données figurant sur l’échéancier de paiement que le Journal électronique marocain s’est procuré, le Maroc s’est engagé à verser 994.000 euros à DIFCOM, agence de communication et régie publicitaire appartenant au groupe Jeune Afrique. Cet échéancier d’encaissement stipule que le Maroc doit s’acquitter de ce montant en trois tranches ou versements, étalés sur un an. Toutefois, les modes de règlement n’ont pas été précisés…
Qu’a obtenu le régime marocain en contrepartie de ces 994.000 euros ? DIFCOM s’est-elle engagée à assurer la publication d’une série d’articles positifs sur le Maroc ? La constellation Jeune Afrique mettait-elle à la disposition du royaume son réseau « France-Afrique » ? Pourquoi payer autant d’argent à ce groupe pour qu’il soigne l’image du Roi du Maroc ? Les échéanciers de DIFCOM attestent qu’en 2002 et 2003, les présidents de pays comme la Mauritanie, le Gabon, le Cameroun, la Guinée équatoriale, le Togo, ou le Rwanda ont assuré au groupe Jeune Afrique une manne de plusieurs millions d’euros. Pourquoi le Maroc recourrait-il à ce qui semble bien être des stratagèmes de républiques bananière pour soigner son image ? A noter que l’Algérie passe aussi à la caisse pour un montant quasi égal à celui versé par le Maroc (950.000 euros).

Logé dans les meilleurs palaces, François Soudan dispose, pendant tout son séjour au Maroc, d’une voiture et d’un chauffeur 24h/24. Ce traitement VIP dont bénéficie le directeur de la rédaction de JAI au royaume fait vraisemblablement partie de ce fameux « contrat de communication ». En tout cas, François Soudan multiplie les « missions spéciales » au Maroc. Il est reçu et briefé par tous les hommes forts du pouvoir comme Fouad Ali El Himma, Hamidou Laânigri, Meziane Belfkih et André Azoulay. Au Maroc et ailleurs, les accusations pointent constamment du doigt le groupe Jeune Afrique. Un article du Canard Enchaîné, daté du 8 juin 1994 considère J.A.I. comme le « spécialiste des dossiers de pub politique ».

Et enchaîne, à propos d’une commande encensant l’ex-dictateur du Togo : « A croire que cirer les pompes du général Eyadema, un peu massacreur sur les bords, ne gêne en rien les dirigeants de Jeune Afrique.

Des récidivistes, d’ailleurs ». Pour développer et rentabiliser ses « marchés » sur le continent noir, Béchir Ben Yahmed profitait de son amitié avec un certain Jacques Foccart, le sieur Afrique de la France.Les sommes versées par le Maroc pour s’adjuger les faveurs éditoriales de JAI est une pratique qui ne date pas seulement du nouveau règne. Hassan II a souvent eu du mal à gérer BBY. Sous les bons offices de Houphouët Boigny, ancien président de la Côte d’Ivoire, et un lobby pro-marocain mené par Serge Guetta, un financier parisien, ami de Ben Yahmed et André Azoulay, alors directeur commercial du groupe français Scoa, les relations entre Rabat et Jeune Afrique se renforcent..
Désormais, BBY comptait sur ses appuis dans l’entourage du Roi « C’était Mohamed Cherkaoui, alors ambassadeur du roi dans l’Hexagone et son beau-frère qui était l’émissaire de Hassan II auprès de Jeune Afrique ». A quelques mois de la Marche verte, Jeune Afrique épouse, corps et âme, la thèse expansionniste de Hassan II, suite aux conseils d’Ahmed Réda Guédira. JA va d’ailleurs jouer un grand rôle dans la médiatisation de la politique d’occupation du Sahara Occidental auprès d’une grande partie de l’Afrique francophone.

Opération séduction à 1 million de francs français

« Pendant plusieurs années, nous avons financièrement soutenu Jeune Afrique. Et l’on n’a pas lésiné sur les moyens pour satisfaire leurs doléances qui étaient récurrentes », reconnaît Driss.Basri le puissant ministre marocain de l’intérieur et de l’information de Hassan II. Ce dernier confie ainsi à Othmane Bouabid, son chef de Cabinet, la gestion du « dossier Jeune Afrique ». Le soutien financier auquel fait allusion l’ancien ministre de l’Intérieur se répartit globalement en éditions spéciales et autre manne publicitaire des annonceurs institutionnels publics marocains, voire même privés. Après son retrait spectaculaire de l’OUA, en 1984, Hassan II ne peut pas se permettre pour autant le luxe de la politique de la chaise vide. Il a compris que la bataille du Sahara se joue aussi dans les médias. C’est ainsi qu’à l’occasion de l’assemblée générale des Nations Unies à New York, en 1985, le Maroc commande à Jeune Afrique une édition spéciale de cent mille exemplaires consacrée au dossier du Sahara, en trois langues. Mais en raison d’un problème technique, la photo d’Hassan II en couverture de cette édition a été déformée. Les Marocains ont demandé et obtenu son ramassage. Trois semaines plus tard, Béchir Ben Yahmed exige et finit tout de même par être payé malgré son édition ratée. L’opération aurait coûté la bagatelle de 1 million de francs français.

François Soudan, le zélé serviteur du pistoléro médiatique du Makhzen

François Soudan

Le pistoléro médiatique du Makhzen à savoir JA et son zélé François Soudan ne peuvent en aucun cas être objectifs ou neutres dans le traitement de l’information, car ce dernier qui excellait dans le journalisme des caniveaux, s’était illustré en 2017, en allant demander pardon à son Commandeur après une Une drapée  par l’emblème marocain dans lequel on pouvait distinguer les visages des terroristes être les auteurs des attentats terroristes de Barcelone, avec la mention «born in Morocco», plusieurs contrats publicitaires avaient été annulés. 200.000 euros pour chaque contrat ! Il a alors supplié le cabinet de les rétablir et a obtenu gain de cause, selon des publications confidentielles françaises

Jeune Afrique est plus que jamais à la merci du régime marocain, et la rupture des relations entre l’Algérie et le Maroc a montré comment « le journalisme de connivence » est devenu la norme chez les responsables du magazine.

Dans une de ses dernières éditions, le quotidien algérien Le Jeune Indépendant avait consacré un long article sur l’un des « serviteurs des intérêts stratégiques » du Maroc en France, François Soudan, en l’occurrence, le directeur de la rédaction de Jeune Afrique et signataire d’un récent éditorial dans lequel il commentait la rupture des relations diplomatiques entre Alger et Rabat.

Ce vice-président du groupe éponyme éditeur, s’en est pris au ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra.  En effet, le titre: « Ramtane Lamamra, pompier ou pyromane ? » Ce titre interrogateur est juste une clause de style pour mieux suggérer soi-disant que M. Lamamra serait plutôt responsable d’envenimer les relations bilatérales déjà au point mort. Et François Soudan de s’appliquer par la suite à « décrypter » le communiqué par lequel le chef de la diplomatie algérienne a annoncé, le 24 août, la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc.

Le pistoléro médiatique du Makhzen refuse par ailleurs de voir en la normalisation des relations entre le Maroc et l’entité sioniste une des raisons essentielles à la base de la décision de rupture des relations diplomatiques avec le voisin de l’Ouest. Un voisin « enhardi » notamment par la reconnaissance unilatérale de l’ex président américain de sa prétendue souveraineté sur le Sahara occidental. Le zèle déployé par François Soudan n’est guère étonnant. Pas si surprenant que ça de la part d’un pilier d’une entreprise de presse qui ne sépare pas toujours publireportages rétribués et reportages, et qui maîtrise, à la perfection et quand cela arrange ses intérêts financiers, le journalisme de connivence.

Lire aussi : https://algerie54.dz/2021/08/31/media-7/

https://algerie54.dz/2021/08/28/algerie-maroc-22/

https://algerie54.dz/2021/06/17/media-desinformation/

 

 

 

 

 

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