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La CEDEAO, l’heure de vérité africaine.

Par: Mohamed El-Abassi
A quelques heures du sommet extraordinaire de la CEDAO et de ses décisions, l’Afrique toute entière scrute ce conclave en s’interrogeant s’il pourra marquer son émancipation politique et diplomatique ou bien céder aux pressions de la France qui pousse à l’intervention militaire. Le verdict des peuples africains ne connait pas de pardon.
Il participe d’une pensée largement répandue et communément partagée qu’il est grand temps pour que l’Afrique s’émancipe de ses boulets néocoloniaux qui la condamnent à servir des pays tiers, et desservir leurs propres peuples. Les données de la situation actuelle sont telles que le coup de force au Niger, anticonstitutionnel, de l’avis partagé des pays frontaliers, l’Algérie, en l’occurrence, qui partage une frontière de plus d’un millier de kms, serait, en cas d’une belligérance militaire, collatéralement, impliquée, et donc prête à défendre ses frontières et sa sécurité nationale, contre un scénario qui n’est pas si innocent qu’un prétexte de retour à l’ordre constitutionnel au Niger.
L’Algérie n’est pas membre de la CEDEAO, mais a son mot à dire en toute légitimité, bien plus fort qu’une France d’outre mer qui instrumentalise certains pays membres de la CEDEAO pour agir pour son compte. L’Algérie partage, en effet, une frontière sensible et se doit de veiller aux conséquences d’un scénario de guerre qui anéantirait un peuple frère et voisin pauvre mais fier et digne. Un communiqué du « Conseil national pour la sauvegarde de la Nation » vient juste quelques heures auparavant, de dénoncer une intervention militaire française pour libérer des prisonniers coupables d’actes terroristes au Mali et ailleurs, dans les trois frontières entre le Niger, le Mali et le Burkina.
Si ce communiqué qui a tout l’air de ne pas inventer un fait d’une transgression militaire sans autorisation, il s’agit d’un acte d’ingérence flagrant et d’agression militaire contre un pays souverain. Libérer des terroristes pour les enrôler ensuite afin de mener des attaques contre le palais présidentiel de Niamey, est la preuve d’une ingérence caractérisée de la France. Il n’y a qu’une seule expression pour qualifier cette dérive de la France : « De quoi, je me mêle ? Le Président Macron devrait méditer la tribune de sénateurs de son pays (https://www.lefigaro.fr/vox/monde/apres-la-francafrique-sommes-nous-condamnes-a-l-effacement-de-la-france-en-afrique-20230807). …Et, à la CEDEAO, pensez au peuple nigérien et à la réaction des vôtres !

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