Par Mohamed El Abassi
Si dans sa genèse, ce concept signifiât une communauté de destin, de principes partagés et une vision commune, aucun dénominateur commun ne réunit plus les arabes qu’une dispersion savamment entretenue pour donner une impression de leurre. Le sommet de la ligue des Etats arabes à Djeddah vient de nous en donner la preuve.
Alors que le sommet d’Alger qui l’a précédé s’est investi dans une authentique volonté de rassembler les rangs des peuples et Etats arabes, en accueillant une réconciliation des factions palestiniennes au moment où d’autres pays arabes la trahissaient, en plaidant pour le retour de la Syrie à la maison arabe, en faisant de la cause palestinienne centrale une feuille de route pour la conduire vers la qualité de membre à part entière de l’ONU, en encourageant la société civile à s’impliquer dans le destin arabe, voilà que Mohamed Ben Salmane, manœuvre dans ses approches et réunions prémilitaires d’avant son sommet à exclure, le fer de lance de cette impulsion algérienne qui n’a d’envie que de redonner à l’arabité, peuple et Etats, leur unité, dignité et leur force.
Qu’il s’agisse de la Palestine, de la Syrie, de la Libye, du Yémen, du Soudan ou du Soudan, l’Algérie n’a eu dans ce conclave, qu’un seul mot : la solution doit venir des peuples !
Mais comme la notion de « peuples » résonne différemment qu’il s’agisse de l’Algérie quand elle a ouvert ses bras et fait confiance à la société civile arabe, le sommet de Djeddah a décidé de l’exclure et de museler la voix des peuples arabes.
A vouloir faire cavalier seul, le prince hériter a bien à apprendre de l’expérience des moins nantis mais de bien plus de trempe et de vision qu’une prétention de puissance éphémère et égoïste dans un déséquilibre d’alliance qui frise la division et ne manquera pas de laisser des fissures.
La consultation avec ses pairs, si elle lui a fait défaut, signifie une sorte d’hégémonie au moment le monde arabe en a le moins besoin et aspire à plus d’indépendance et de souveraineté, même de ceux qui se disent être frères.
