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La question des droits de l’homme au Sahara occidental: Intervention de Claude Mangin-Asfari à la IV° Commission de l’ONU octobre 2022.

Je suis Claude Mangin, je suis française, je me fais la porte-parole de mon  Asfari, prisonnier politique sahraoui, défenseur pacifique des droits humains et de ses compagnons du groupe de Gdeim Izik en prison au Maroc depuis 12 ans. Leurs condamnations de 20 ans a perpétuité ont été prononcées à Rabat à l’issue de deux procès inéquitables au cours desquels la justice a été instrumentalisée par les autorités marocaines.

La libération de Naâma aurait dû être immédiate puisque les procès n’ont apporté aucune preuve autre que celles obtenues sous la torture. De plus, Naâma est innocent puisqu’il était déjà dans les mains de la Direction Générale de la Surveillance du Territoire au moment des événements incriminés.
Depuis la condamnation du Maroc en 2016 par le Comité contre la Torture de l’ONU pour fait de tortures sur mon mari, les représailles n’ont pas cessé. Nos deux cas, celui de Naâma et le mien sont documentés pour la 4° année consécutive dans le Rapport sur les représailles du Secrétaire Général de l’ONU y compris dans celui de septembre 2022. Les membres des familles des prisonniers sont persécutés. Mes deux beaux-frères ont été licenciés de leur travail suite à l’intervention des autorités. L’un d’eux admis à un concours d’enseignement s’est vu refuser le droit de devenir professeur.
Je suis interdite de séjour au Maroc car je serais « un danger pour la sécurité intérieure et extérieure de l’Etat « a écrit le Tribunal administratif de Rabat auprès duquel j’ai introduit un recours après ma 5° expulsion en juillet 2019. Ma dernière visite à mon mari remonte à janvier 2019, obtenue après 30 jours de grève de la faim observée dans la Mairie de ma ville d’Ivry. Je n’ai vu mon mari qu’une seule fois en 6 ans. Je n’ai pas vu mes neveux et nièces depuis 8 ans ce qui correspond à la fermeture du Sahara Occidental depuis 2014 aux étrangers qui viennent à la rencontre des Sahraouis, élus, journalistes ou militants.
La répression n’a pas de limite au Sahara occidental, au Maroc et dans les prisons. La surveillance et le harcèlement 24h/24 des militants sont les moyens utilisés par les forces de sécurité pour dissuader toute une population de résister.
Cette surveillance atteint même la France puisque j’ai été espionnée par le logiciel espion NSO durant 9 mois. Je le serais encore si l’affaire Pegasus n’avait pas été révélée par Forbidden Stories et Amnesty International en juillet 2021. J’ai porté plainte devant les Tribunaux français ainsi que notre avocat et le Maire d’Ivry, victimes eux aussi de cet espionnage.
Le Maroc a signé librement toutes les Conventions de l’ONU. Quand le Maroc décide d’entrer dans le jeu des relations internationales comme membre de l’ONU et quand il réintègre l’Union Africaine en 2017, il est attendu de lui qu’il se comporte en Etat responsable. Il ne s’agit pas de faire de la communication ni de se présenter comme l’enfant modèle mais d’appliquer les décisions des organes de l’ONU. Je dénonce le mépris total du Maroc pour les résolutions et recommandations de l’ONU depuis la signature du cessez le feu de 1991.
Le CAT, dans sa décision de 2016 et dans ses décisions ultérieures de janvier
2022 sur les prisonniers de Gdeim Izik, désigne le Maroc comme un État
tortionnaire.
Les Sahraouis avec leur intelligence et leur patiente détermination à faire appliquer pacifiquement leurs droits quels que soient les interdits marocains font partie de ces peuples qui font exister le droit international édicté en1945 et contribueraient à
le rendre crédible s’il s’appliquait.
l’ONU n’assure aucune protection des civils sahraouis. Nous demandons aux Etats
membres:
-l’élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’homme
pour l’ensemble des Sahraouis habitant la partie occupée par le Maroc.
-l’obligation pour le Maroc d’appliquer le Droit International Humanitaire des
Conventions de Genève.
-de permettre des visites techniques du Haut Conseil des Droits de l’Homme ainsi
que des visites dans les prisons.
-de garantir l’application des décisions du Comité contre la torture tant que tous
les prisonniers politiques sahraouis en détention arbitraire au Maroc ne seront pas
libérés.

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