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Tout comme les guerres : les catastrophes «naturelles» vitales pour le capitalisme

Sous le capitalisme parasitaire et cynique, tout comme les guerres destructives constituent un besoin financier existentiel pour le capital afin d’assurer sa valorisation, comme l’illustre le complexe militaro-industriel américain instigateur des conflits armés, les catastrophes dites «naturelles» dévastatrices sont devenues une composante vitale du fonctionnement du capital en quête permanente d’opportunités d’enrichissement financier et de relance de l’activité économique.

Par Khider Mesloub

Sous le capitalisme parasitaire et cynique, tout comme les guerres destructives constituent un besoin financier existentiel pour le capital afin d’assurer sa valorisation, comme l’illustre le complexe militaro-industriel américain instigateur des conflits armés, les catastrophes dites «naturelles» dévastatrices sont devenues une composante vitale du fonctionnement du capital en quête permanente d’opportunités d’enrichissement financier et de relance de l’activité économique.

En effet, depuis l’entrée du capitalisme dans l’ère de la décadence, caractérisée par des crises de surproduction économiques récurrentes et l’endogène baisse tendancielle du taux de profit, tout comme le but de la guerre n’est pas l’obtention de quelque victoire, gain territorial ou bénéfice économique et financier, mais la destruction systématique des infrastructures, l’anéantissement de populations surnuméraires du point de vue du capital, le fonctionnement normatif de l’économie est d’orchestrer des catastrophes dites «naturelles» par l’absence de politiques préventives. (1)

Par exemple, la principale puissance mondiale, les Etats-Unis, pour faire tourner sa machine de guerre, source de profits pour le complexe militaro-industriel états-unien, s’est assigné deux objectifs. Premièrement, déclencher ou susciter régulièrement des conflits armés aux quatre coins du globe. Deuxièmement, alimenter les belligérances et nourrir les conflagrations dévastatrices pour pérenniser la guerre.

Au vrai, les dirigeants américains se sont assigné un troisième objectif : parachever la guerre, après de longues années d’enlisement orchestré, par une défaite militaire. Car la défaite permet à la classe dominante, contrôlée par le puissant lobby du complexe militaro-industriel de justifier et de légitimer l’augmentation du budget de la Défense.

Paradoxalement, toute victoire militaire des Etats-Unis signerait la défaite du complexe militaro-industriel. La fin de la nécessité impérieuse de l’accroissement des dépenses militaires pour renforcer la puissance des armées américaines. Si le déclenchement de la guerre, accompagnée de sa stratégie d’enlisement, permet au complexe militaro-industriel d’écouler interminablement ses armes, donc de faire tourner ses usines ; la défaite, quant à elle, sert à justifier et le renouvellement du stock des armements et d’argument-massue pour son augmentation massive afin de renforcer prétendument la puissance militaire des Etats-Unis, fragilisée par ladite défaite.

Ainsi, certes, la guerre permet au complexe militaro-industriel de s’enrichir. Mais pour pérenniser cet enrichissement, la défaite de la guerre lui sert de moyen de pression pour contraindre le Congrès de voter la hausse du budget militaire pour assurer prétendument la défense du pays, renforcer la puissance des Etats-Unis.

De même, au sein du capitalisme décadent, toute «victoire scientifique» contre les catastrophes naturelles, autrement dit la maîtrise totale des forces de la nature, signerait l’extinction de la machine productive à profits. La fin de la nécessité impérieuse de l’accroissement de la consommation des ménages pour renforcer la puissance économique des capitalistes.

 Comme vient de l’illustrer l’Espagne, où les gouvernements locaux, régionaux et nationaux étaient informés de l’éminence des intempéries dès le 29 octobre. En dépit de l’alerte lancée par le service météorologique régional, en toute connaissance de cause les dirigeants et patrons espagnols n’ont pas jugé nécessaire d’aviser la population de Valence, de prendre les mesures préventives nécessaires. Pour quelle raison ? Pour ne pas paralyser l’activité économique, entraver la machine de la production des profits.

Et, surtout, pour les capitalistes, la paralysie de l’activité productive, l’évacuation des populations et de la minimisation des risques humains est bien inférieure aux juteux profits qu’ils peuvent tirer des destructions. Car, pour le capitalisme, outre le fait qu’une vie humaine n’a aucune valeur (en dehors de ses entreprises), mais toute destruction constitue une opportunité d’enrichissement financier, de relance de l’activité économique. De nouveaux chantiers lucratifs et de nouvelles commandes alléchantes en perspective. Les indemnités allouées par l’Etat (le contribuable) et les assurances (qu’elles récupèrent immédiatement par l’augmentation des cotisations appliquée à tous les sociétaires) serviront à payer toutes les entreprises chargées des réparations occasionnées par les inondations.

 Ainsi, comme avec la guerre, avec les catastrophes «naturelles» (au vrai sociales), le capitalisme ne subit pas les destructions mais se développe grâce à ses destructions planifiées. Le capitalisme trouve dans les catastrophes un élan vital économique et financier. Si pour tout prolétaire toute catastrophe naturelle est synonyme de misère et de mort, en revanche pour la classe capitaliste elle constitue une opportunité d’enrichissement, une occasion de pérenniser ses entreprises, d’accroître ses profits.

 Le capital vit du travail mort mais, de nos jours, il survit par la mort des travaux (destruction des infrastructures). «Le capital est du travail mort, qui, tel un vampire, ne vit qu’en aspirant le travail vivant, et vit d’autant plus qu’il aspire de travail». Aujourd’hui, il ne survit que par la mort des travaux des vivants, la destruction des infrastructures. Comme on l’observe également en Palestine occupée, à Gaza.

Selon la logique mortifère du capitalisme, les bénéfices tirés des destructions et des morts sont plus vitaux que des politiques préventives.

Une chose est sûre : aussi longtemps que la bourgeoisie, qui a su, pour ses intérêts financiers, conquérir la terre et l’espace, favoriser le développement extraordinaire des technologies de production pour accroître la rentabilité de ses entreprises, mais sans assurer la moindre sécurité et protection des villes où vit (gît socialement) la main-d’œuvre prolétarienne livrée à l’insécurité criminelle et «météorologique», se maintient aux manettes du pouvoir, ces récurrentes catastrophes militaires et tragédies «climatiques» planifiées se renouvelleront à l’infini.

 Nous savions que le capitalisme sénile ne survivait que par les programmes catastrophistes (politiques de peur et de terreur), nous découvrons qu’il prolonge sa survie par des catastrophes programmées (inondations, feux de forêts à répétition).

Khider MESLOUB

(1) Lire notre article Espagne : la bourgeoisie est la principale responsable des inondations meurtrières, publié dans Algerie54, le 6 novembre 2024.

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