1947 : Le Plan de partage de l’ONU
Juste avant le début du conflit mondial, il a été question du « Livre Blanc » de Malcom MacDonald qui présentait une solution à la question palestinienne, laquelle fut rejetée par les délégations arabe et sioniste, pour des raisons opposées.

Pendant le conflit, les sionistes ont gardé le contact avec les Britanniques en s’engageant à leurs côtés (Brigade juive) durant le conflit. Mais une guerre des sionistes contre les Britanniques, souterraine à partir de 1939, devient manifeste à partir de 1944 à travers une campagne d’attentats divers, dirigés contre des soldats et objectifs britanniques mais également contre les Palestiniens.
À l’issue de la guerre, en Juillet 1945, le rapport Harrison[1], portant sur les conditions de vie dans les camps des personnes déplacées en Europe, est publié aux États-Unis. L’Agence Juive saisit l’occasion pour demander, en juin 1945, 100.000 permis d’immigration vers la Palestine pour les Juifs déplacés (mesure qui sera appuyée par le nouveau président Truman, élu après la mort du président Roosevelt).
S’ensuit une commission d’enquête anglo-américaine, mise en place en janvier 1946, et qui publiera un rapport le 20 avril 1946, après avoir enquêté dans diverses régions d’Europe et de Palestine sur les déplacés.
Un nouveau plan pour la Palestine, le Plan Morrisson-Grady, est la proposition conjointe anglo-américaine du 31 juillet 1946. Un plan qui prévoyait la division de la Palestine en plusieurs provinces avec un certain degré d’autonomie pour les Palestiniens et pour les Juifs mais toujours sous domination britannique, et avec Jérusalem et le Néguev entièrement sous contrôle britannique.

Une conférence s’est tenuesuccessivement avec les États de la Ligue arabe (fondée en 1945) à Londres pendant l’automne et l’hiver 1946-1947. Les sionistes n’y participent pas en raison des relations tendues avec les Britanniques.
La délégation arabe s’oppose à ce plan et demeure dans la conviction que tout projet d’autonomie mène à la partition de la Palestine.
La Grande Bretagne est par ailleurs en proie aux problèmes politiques en Inde et à l’ascension des revendications indépendantistes sous Gandhi (qui durent depuis 1920). Gandhi entame à partir de 1942 un mouvement de désobéissance civile « QuitIndia » (Quitter l’Inde) pour contraindre les Britanniques à quitter l’Inde. Si l’Inde accédait à son indépendance et la « Route des Indes » venait à disparaitre, il est évident que la Palestine perd de son importance première pour les Britanniques.
Cette sensation de « surcharge de contraintes diverses» se cristallise déjà pendant la révolte palestinienne de 1936-1939 qui a mené à l’élaboration du plan de partage Peel. Le plan fut alors rejeté par les Palestiniens et de manière non officielle par les sionistes qui acceptaient toutefois son principe mais divergeaient avec les Britanniques sur la nature du tracé territorial. Par ailleurs la Grande Bretagne qui n’est plus la superpuissance d’antan doit s’incliner de plus en plus, dans un climat de guerre froide, devant l’émergence de deux puissances antagonistes, les États-Unis et l’Union Soviétique.

Après les multiples échecs dans ses tentatives de ramener le calme et la stabilité en Palestine, les diverses initiatives anglo-américaines d’après-guerre, dans l’incapacité totale de négocier les visions opposées des Palestiniens et des Juifs et contenir le virulent terrorisme sioniste, le gouvernement britannique remet, en février 1947, le dossier palestinien entre les mains de l’Organisation des Nations Unie (O.N.U[2]), et déclare son intention de déposer le mandat.

Les Britanniques se sont penchés en 1943 sur un nouveau plan de partage de la Palestine, attribuant –encore et toujours- au futur État juif le meilleur des terres cultivables. Ce plan ne sera pas appliqué en raison des contraintes de la guerre. Bien au contraire, à partir de 1946 et l’intensification de l’agressivité terroriste extrémiste sioniste de l’Haganah, Irgoun et Stern (Lehi), la Grande Bretagne, soucieuse de ne pas froisser les autres nations arabes en raison de son intérêt pour leur pétrole, déclare son hostilité à l’égard des sionistes, plus que jamais aguerris pour l’occupation totale de la Palestine.
La Grande-Bretagne soumet en février 1947 le dossier palestinien à l’ONU et demande la création d’une commission afin de débattre sur le futur de la Palestine, en proie à des violences. La motion arabe optant pour la fin du mandat britannique et pour l’indépendance de la Palestine n’a même pas pu être inscrite à l’ordre du jour de ces débats.
Une organisation spéciale, l’UNSCOP (United Nations SpecialComittee On Palestine – Commission Spéciale des Nations Unies pour la Palestine), est désignée le 15 mai 1947, pour enquêter sur la Palestine et délimiter des propositions de solution au problème palestinien.
Deux options sont délimitées par la commission en août 1947.
En Juillet 1947, pendant que la commission UNSCOP[3] enquête en Palestine et discute de son avenir, un rafiot américain puis devenu anglais, du nom du Président Warfield et rebaptisé Exodus, a été acheté et affrété par la Haganah pour le transport illégal de 4500 personnes juives rescapées de la Shoah, du port de Sète (France) à destination de la Palestine.
Les Britanniques maintiennent à ce jour l’interdiction de l’émigration juive vers la Palestine conformément aux directives du Livre Blanc de 1939 et n’ont nullement l’intention de changer d’avis en cette fin de course. Le nom « Exodus » choisi pour le navire par les sionistes est chargé de significations qui renvoient à l’idéologie de l’exil et du retour.
L’entreprise de la Haganah est une mise en scène spectaculaire prétendant au consensus de l’opinion publique internationale mais principalement orienté vers la conquête des voix nécessaires pour faire passer la résolution de partage dans l’enceinte de l’ONU. Instrumentalisant la tragédie de l’Holocauste, une opération savamment orchestrée via les communiqués de presse diffusés dans le monde par les autorités sionistes de Palestine et dirigée par Ben Gourion en personne, déjà Ministre de la Défense avant la création de l’État d’Israël. Les autorités anglaises ont contacté plusieurs pays pour la prise en charge des passagers du navire mais les sionistes ont tout fait pour entraver de telles initiatives. Il fallait à tout prix que ces passagers débarquent en Palestine pour, soi-disant, « être en sécurité ».
La guerre est pourtant finie depuis deux ans et personne ne viendrait à l’idée de poursuivre un Juif après l’expérience de l’Holocauste. Les passagers auraient pu être accueillis dans plusieurs autres
Une première solution, le partage de la Palestine en deux États indépendants, l’un juif, l’autre palestinien et le placement de la ville de Jérusalem sous autorité internationale et la deuxième solution, un État fédéral, composé d’un État juif et d’un État palestinien dans le cadre d’une union économique avec Jérusalem et les Lieux Saints sous contrôle international. Pour les Palestiniens les deux solutions auraient représenté une perte.
Après avoir opté pour la première solution, la commission UNSCOP soumet sa proposition au vote de l’Assemblée générale qui décide d’adopter le texte de résolution le 28 novembre 1947 avec une large majorité, trente-trois voix en faveur du partage, treize voix contre et dix abstentions.
Mais le pragmatisme sioniste est majoritaire au sein de sa mouvance et se penche de plus en plus vers l’idée du partage, qui circule déjà dans les couloirs de l’ONU, considérée comme une étape initiale pour atteindre l’objectif fixé lors de la Conférence de Biltmore en 1942, soit l’occupation de toute la Palestine.
L’Organisation des Nations Unies, encore sous le choc de la Seconde Guerre Mondiale et sous l’influence et l’émotion provoquées par l’Holocauste qui vient à peine d’être achevé, opte en dernier lieu, à travers la résolution 181, pour la solution de partage de la Palestine en trois entités territoriales distinctes : un État palestinien, un État juif et une Zone internationale demeurant toutefois sous juridiction des Nations Unies, comprenant Jérusalem et les Lieux Saints.
La Résolution 181, qui attribue aux Juifs, à ce moment le tiers de la population en Palestine (568.000 Juifs), 56% des terres palestiniennes pour former un État juif et aux Palestiniens, qui représentent les deux tiers de la population totale (1.237.000 Palestiniens), les 42% restants pour former un État palestinien, est adoptée le 29 novembre 1947 par l’Assemblée Générale des Nations Unies.
| Population juive | Population arabe | Superficie | Pourcentage | |
| Etat juif | 458.000 | 407.000 | 14.200 km² | 56% |
| Etat palestinien | 10.000 | 725.000 | 10.500 km² | 42% |
| Zone internationale | 100.000 | 105.000 | 500 km² | 2% |
Les Palestiniens et les pays arabes ont rejeté de manière catégorique le plan de partage alors que les sionistes, pragmatiques, assimilant le concept de partage onusien à un « Start up » pour l’occupation de la Palestine et l’expulsion (le mot « transfert » sera utilisé par la suite) de ses habitants arabes se sont prononcés pour cette solution. Ben Gourion a commenté ainsi cette circonstance : « … l’Etat hébreu n’est pas une fin, mais seulement un début…, nous y ferons venir tous les Juifs qu’il sera possible d’y amener…, nous créerons une économie polyvalente…, nous organiserons une défense nationale moderne…, et alors je suis certain qu’on ne nous empêchera pas de nous installer dans d’autres parties du pays, soit en accord avec nos voisins, soit par tout autre moyen… ».
Il fallait une majorité des deux tiers pour faire passer la résolution, l’ONU ne comptant à ce moment que 57 États membres, dominés par les grandes puissances, USA, Union Soviétique, France, Grande-Bretagne et Chine.
Les pays qui ont voté pour : Australie, Belgique, Bolivie, Brésil, Biélorussie, Canada, Costa-Rica, Danemark, États-Unis d’Amérique, Équateur, France, Guatemala, Haïti, Islande, Libéria, Luxembourg, Nouvelle-Zélande, Nicaragua, Norvège, Panama, Paraguay, Pays-Bas, Pérou, Philippines, Pologne, République dominicaine, Suède, Tchécoslovaquie, Ukraine, Union Sud-Africaine, U.R.S.S., Uruguay et Venezuela.
Les pays qui ont voté contre : Afghanistan, Arabie saoudite, Cuba, Égypte, Grèce, Inde, Iran, Irak, Liban, Pakistan, Syrie, Turquie, Yémen.
Les pays qui se sont abstenus : Argentine, Chili, Chine, Colombie, Salvador, Éthiopie, Honduras, Mexique, Royaume-Uni, Yougoslavie.
La Thaïlande n’a pas pris part au vote en raison d’un coup d’état.
La carte ci-dessus nous éclaire sur la nature injuste du partage de la Palestine.
| En vert les terres occupées par les Palestiniens. Au total seulement 6% des terres étaient occupées par les sionistes en 1947. Le partage leur en octroie 56%. |
L’abstention du Royaume-Uni reflète bien un certain changement de positionnement par rapport à la question palestinienne et surtout face aux États arabes et aux monarchies arabes, de même que la conscience de l’importance stratégique de cette région du monde et de ses immenses richesses.
Cette abstention, confrontée à l’énorme soutien des États-Unis et de l’URSS (dont le rôle a été fondamental avant et pendant le vote de l’Assemblée Générale) à la partition, confirme la crainte du Royaume –Uni de perdre son influence dans cette région du monde au profit pour le moment des États-Unis (voir l’accord du Quincy entre les USA et l’Arabie saoudite de 1945-pétrole contre protection) et de l’URSS qui voyait dans l’État d’Israël un sauf-conduit pour entrer dans la région . Les sionistes opteront cependant pour une collaboration avec les USA par la suite.
Les partis communistes français et italien
L’URSS, à partir de mai 1947,se fit portevoix des aspirations sionistes pour la création d’un État en Palestine.
Un engagement ininterrompu du Ministre des Affaires étrangères Gromyko (voir extrait[4] de son discours à l’ONU ci-joint) était à l’ordre du jour au sein de l’Assemblée Générale. L’objectif principal soviétique derrière cet appui expliciteétait l’éloignement de l’empire britannique de la zone du Moyen-Orient. En ce sens, une confusion entre l’impérialisme britannique et la soi-disant agressivité et hostilité des États arabes envers les Juifs et leur appétit pour les territoires du Mandat, a été entretenue dès le début du dépôt de mandat.
Les deux plus puissants partis communistes européens ont appuyé la résolution du 29 novembre 1947 des Nations Unies pour le partage de la Palestine.
La position du parti communiste italien (PCI) était affichée de manière décisive en soutien au futur État d’Israël et s’est alignée sur celle de l’URSS. Une prise de position claire et une accusation[5] à l’encontre des impérialistes Britanniques qui « guidaient les Arabes à massacrer les Juifs » (voir extrait ci-dessous de la Une du journal du PCI « l’Unità » du 20 mai 1948 – L’Angleterre a organisé l’invasion arabe en Palestine).
Ne mettant nullement en doute l’impérialisme de l’État britannique, l’utilisation de l’expression « invasion arabe »relève d’une ignorance totale de plus d’un siècle d’histoire palestinienne et arabe et ne prend en considération que l’histoire récente juive sinon immédiate, à savoir celle de l’Holocauste (le complexe de culpabilité occidental). À la puissance mandataire il fut reproché la très rigidepolitique de l’émigration juive en Palestine, laquelle engendrait d’énormes difficultés pour le développement du sionisme en Palestine.
La position du parti communiste français (PCF) est pratiquement de même nature que celle du PC italien. Pour le PCF[6], la création de l’État d’Israël est une réponse légitime au génocide de Juifs par les Nazis et que cette décision se situe dans le prolongement de l’engagement communiste contre les Nazis et au renforcement du camp socialiste avec celui de l’URSS.
Un silence total sur la nature du projet colonialiste sioniste est observé aussi bien par le PCI que par le PCF. Pas un mot sur l’antijudaïsme millénaire occidental et son antisémitisme.

La presse parisienne verse, quant à elle, dans le délire absolu.

| Pour la presse parisenne prise en examen, il est question de l’invasion arabe en Palestine avec pour objectif le massacre des Juifs. Un mensonge vulgaire et une propagande abjecte au profit des sionistes, dictés par un complexe de culpabilité des occidentaux monumental. L’éditorial du journal Le Monde renvoit la naissance de l’État d’Israel à la dimension biblique et à laquelle il associe le droit international. |
LA GUERRE DE 1948
La résistance palestinienne a été décimée par la répression féroce des forces armées britanniques, soutenues par la Haganah pendant l’insurrection de 1936-1939. Les Anglais avaient fait stationner en Palestine une armée plus importante que dans les Indes. Pour porter le coup de grâce à cette résistance, les Britanniques ont également influencé les régimes arabes leur étant acquis, Transjordanie, Irak etc.., à intervenir auprès des Palestiniens pour endiguer leur soulèvement.

Le 14 mai 1948, date de la Déclaration d’indépendance de Ben Gourion, il n’existait pratiquement plus grand chose de la force militaire palestinienne, qui en réalité, n’a jamais été puissante ni sur les plans matériel et humain, ni sur le plan organisationnel et encore moins sur celui de la préparation militaire. Les sionistes ont conquis et annexé d’autres territoires par la force déjà bien avant cette date, c’est-à-dire avant l’entrée en guerre des autres pays arabes à partir du 15 mai 1948.
Elias Sanbar tient à souligner que la première guerre de Palestine a eu lieu le 4 avril 1948 et non le 15 mai comme l’affirme la propagande sioniste (et un certain nombre d’ouvrages d’histoire) qui place Israël dans un statut victimaire de pays agressé et veut faire endosser la responsabilité de l’expulsion des Palestiniens aux pays arabes et à leur intervention armée.
La population palestinienne, se retrouvant dans les territoires octroyés à Israël, s’élève à plus de 400.000 Palestiniens et se voit expulsée par la force et la terreur. Autant d’autres Palestiniens sinon plus selon Elias Sanbar, seront expulsées après le 15 mai 1948.
Des massacres ont été perpétrés contre les populations civiles par les milices sionistes. Le village de Deir Yacine fut l’objet, le 9 avril 1948, d’une véritable extermination de sa population. Le massacre, qui a fait plus de 200 victimes entres personnes de tout âge, devait donner l’exemple en matière de terreur, de manière à contraindre la population d’autres régions et d’autres villes à abandonner leurs terres et leurs maisons (Tibériade, Haifa, Jérusalem-Ouest, Jaffa etc.).
L’idée et le projet de nettoyage ethnique, par euphémisme nommé transfert, remonte à au moins 1940, bien avant la Conférence de Biltmore de 1942.
Les États arabes frontaliers, l’Egypte, la Transjordanie, l’Irak etc., intervenus auprès des Palestiniens le 15 mai 1948 et selon la déjà existante propagande occidentale, prêts « à jeter les Juifs à la mer »(Les sionistes utilisent à fond le souvenir la tragédie de l’Holocauste pour accuser les dirigeants arabes et ses détracteurs en général), ne vont pas au-delà de la rhétorique nationaliste.

Ils sont aussi mal préparés que les Palestiniens à une guerre contre un ennemi, qui vante sa faiblesse (le petit David contre Goliath) et son état victimaire, mais en réalité est très aguerri et dispose de l’aide militaire des pays occidentaux (France etc.) et du bloc soviétique (URSS, Tchécoslovaquie).
Les forces militaires des pays arabes, mal préparées, mal entrainées, mal équipées et divisées, sont en nombre nettement inférieur face à l’armée juive, la Haganah (qui comptait déjà en 1939 40.000 hommes) et les milices terroristes sionistes, le Stern, l’Irgoun et le Lehi.
Selon GudrunKrämer, les États arabes réussissent à aligner quelques vingt-milles combattants tandis que les sionistes parviennent à rassembler au bout de 6 mois plus de 95.000 soldats. Les armes, les plus diverses, modernes et anciennes, en provenance d’Europe, de Tchécoslovaquie et d’Union soviétique, sont déversées sans ambages dans les hangars sionistes en Palestine.
En toile de fond, il y avait également une division entre les États arabes (observée lors de la création de la Ligue arabe en 1945 en raison d’intérêts spécifiques). Dans un tel cadre, il faut rappeler l’existence d’une collusion entre Hachémites et sionistes, qui remonte à la période des négociations entre Weizmann et l’Émir Fayçal. La collusion entre le Roi Abdallah de Transjordanie et l’Agence juive (la rencontre, avant le vote de la résolution de partage de l’ONU, du 17 novembre 1948 entre Golda Meir[7] et le roi Abdallah) s’est faite sous les bons auspices des Britanniques.
Le Roi Abdallah[8], lui-même sous la coupe de Sir. John Baggot Glubb, surnommé Glubb Pacha et chef de la Légion arabe, fut nommé commandant des forces arabes pour les diriger durant le conflit. Il a tout fait pour que les territoires destinés au futur État juif ne puissent être inquiétés par la Légion arabe et a évité toute confrontation directe avec les forces de la Haganah.
Le coté arabe, soi-disant animé par un combat pour les frères Palestiniens, n’avait que divisions et conflits, régis par les intérêts particuliers de chaque pays, encore sous domination britannique.
Le besoin d’assistance et de protection de la population palestinienne, victime de violence sioniste, s’impose. L’unique possibilité est l’intervention des États arabes.
Au-delà du droit à la résistance à l’oppression (Article 2 de la Déclaration des droits de l’homme et ducitoyen du 26 août 1789 en France), des résolutions ont été votées quelques années plus tard par l’Assemblée Générale des Nations Unies (voir extraits au tableau ci-dessous), portant sur le droit à la résistance et légitimant la lutte des peuples pour leur indépendance et leur souveraineté par tous les moyens dont ils disposent.
| ONU – Résolution 2621 12 octobre 1970 | ONU – Résolution 3103 12 décembre 1973 | ONU – Résolution 37/43 3 décembre 1982 |
| Art.2. Réaffirme le droit inhérent des peuples coloniaux de lutter, par tous les moyens nécessaires dont ils peuvent disposer, contre les puissances coloniales qui répriment leur aspiration à la liberté et à l’indépendance | La lutte des peuples soumis à la domination coloniale et étrangère et à des régimes racistes pour la réalisation de leur droit à l’autodétermination et à l’indépendance est légitime et entièrement conforme aux principes du droit international. | Réaffirme la lutte des peuples pour leur indépendance, leur intégrité territoriale et leur unité nationale et pour se libérer de la domination coloniale et étrangère et de l’occupation étrangère par tous les moyens à leur disposition, y compris la lutte armée. |
Le Professeur palestinien Bichara Khader parle de « déconfiture des armés arabes en 1948 … Les Arabes n’ont pas pu empêcher ni la résolution de partition (1947), ni la création d’Israël (1948), ni, à fortiori, la purification ethnique entre les deux dates (Ilan Pappe ,1992).
L’exil forcé des deux-tiers de la population palestinienne constitue un véritable sociocide, c’est-à-dire la dislocation du peuple palestinien de sa terre natale et sa dispersion géographique…»
La débâcle militaire a porté à la faillite du projet arabe de vouloir venir en aide aux Palestiniens. Plus que jamais divisés, les pays arabes vont devoir affronter l’intransigeance d’Israël, sorti victorieux de ce conflit. La propagande sioniste se met cependant de nouveau en activité pour dénoncer maintenant le refus arabe à accepter les conditions de paix.
Le conflit arabo-israélien a lieu sur fond de rivalité entre les rois Farouk d’Egypte et Abdallah de Transjordanie. La tentative du Roi Farouk, appuyée par l’Arabie Saoudite, de créer un État palestinien sur la partie attribuée aux Palestiniens par l’ONU quoique amputée des nouvelles conquêtes territoriales israéliennes, et de placer le Grand Mufti comme chef de gouvernement, s’est heurté au travail de sape du Roi Abdallah[9], qui a fini par proclamer sa souveraineté sur la Palestine et crée de la sorte le Royaume de Jordanie, une véritable annexion de la Palestine avec la bénédiction des Britanniques et de l’Agence juive, après les négociations secrètes de décembre 1948 entre le Roi Abdallah et l’Agence juive.
L’annexion officielle de la Cisjordanie le 24avril 1950 par la Jordanie, sans valeur juridique, est reconnue par la Ligue arabe, sous le prétexte que la Palestine recouvrera[10], un jour, son indépendance. Symétriquement, le Roi Farouk répond avec l’annexion de Gaza.
Le nouvel Israël, renforcé par de nouvelles conquêtes territoriales (voir carte ci-jointe) et faisant habilement usage de son sempiternel statut victimaire, veut faire endosser aux Arabes la responsabilité totale des conséquences du conflit, en particulier le problème des 800 à 900.000 réfugiés palestiniens, environ deux-tiers de la population arabe palestinienne, un problème qui demeure encore actuel. L’historien Ilan Pappe, par contre, accuse Israël d’être à la base de tous les problèmes.
Ben Gourion, président de l’Agence juive, déclare l’indépendance d’Israël le 14 mai 1948 sans pour autant délimiter ou fixer les frontières du nouvel État et devient Premier ministre de l’État d’Israël.
Le 24 février 1949, les accords d’armistice israélo-arabe mettent fin à la guerre. L’Égypte et Israël ratifient la Convention d’armistice de Rhodes[11] qui définit la frontière entre les deux pays. Israël signera d’autres armistices avec les pays voisins comme le Liban le 23 mars, la Transjordanie le 3 avril et la Syrie le 20 juillet à partir desquels sera définie une ligne de démarcation entre Israël et les États arabes, la fameuse « Ligne verte ».
L’armistice de Rhodes a défini la fameuse « Ligne verte », une ligne de démarcation[12] qui délimite de « facto et non de jure » le territoire israélien à l’issue du conflit israélo-arabe. Ce territoire passe des 54% prévus par le plan de partage onusien à 78% de la Palestine historique. Cette nouvelle donne territoriale où l’entité sioniste ne peut revendiquer sa souveraineté sur la partie de territoire acquise par la force militaire, sera à la base de la résolution 242 de 1967 qui attribue à l’État palestinien 22% du territoire de la Palestine historique.
Pour devenir membre au sein des Nations Unies, la délégation israélienne de l’entité sioniste à la Conférence de paix de Lausanne a dû signer avec les États arabes un protocole où elle reconnaît la résolution 181 du 29 novembre 1947 – signifiant le droit des Palestiniens à un État – et la résolution 194 du 11 décembre 1948 – signifiant le droit au retour en Palestine des réfugiés palestiniens.
À partir de ce moment, les Palestiniens n’existent plus en tant que sujet politique et se retrouvent dans des camps de réfugiés, en territoire israélien ou incorporés au sein des populations des pays arabes limitrophes.

Ni la Déclaration Balfour de 1917 ni la Résolution 181 de 1947 ne disposent de compétence ou de légitimité quelconque pour disposer d’un droit de création d’un Foyer national juif ou du partage de la Palestine. Elles constituent une violation et une contradiction flagrante avec les Chartes de la SDN et de l’ONU. La Résolution 181 a été une proposition à laquelle n’a répondu qu’une des deux parties concernées : celle des sionistes. Le partage est dans un tel cas inapplicable.

Le rapport de forces existant à cette époque en a décidé autrement, au détriment des Palestiniens.
Mohamed Taleb
[1]– Earl G. Harrison, avocat, fut nommé par le président Roosevelt en mars 1945 pour l’enquête.
[2]– ONU :Organisation des Nations Unies, née en 1945, immédiatement après la Seconde Guerre Mondiale, sur les cendres de la SDN. La Charte des Nations Unies a été signée à San Francisco le 26 juin 1945, à la fin de la Conférence des Nations Unies pour l’Organisation internationale et est entrée en vigueur le 24 octobre 1945.
[3] Voir paragraphe suivant
[4] – Voir Link : cermtri_132.pdf
[5] – Voir Link : Free Ebrei – Daniela, Franceschi, Il PCI e Israeleattraverso “L’Unità” (1946-48)
Voir aussi : Il PartitoComunista Italiano e Israeleattraverso «L’Unità»
[6]– Voir Link : PCF : la construction d’un regard et d’une politique | Cairn.info
[7]– Golda Meir : Directrice par intérim du Département politique de l’Agence Juive.Surnommée « Dame de fer » de la politique israélienne (avant l’époque de Margaret Thatcher, Premier ministre britannique pendant les années 1980). Elle a participé à la création de l’État d’Israël, a été haut responsable politique de l’Agence juive, ministre des Affaires étrangères, ainsi que le quatrième Premier ministre d’Israël du 17mars1969 au 11avril1974.
[8] – Voir Link: Le roi Abdallah, les sionistes et et la Palestine | Cairn.info
[9] – Professeur Bichara Khader. http://www.association-belgo-palestinienne.be/question-palestinienne-arabes-1917-2017/
[10] – Jérôme Bocquet – http://www.france-palestine.org/Les-Etats-arabes-et-la-question
[11]– Convention d’armistice de Rhodes, un des accords, dans lesquels sont définies les frontières et les conditions de libération des prisonniers. Ils sont signés tour à tour à partir du 24 février 1949 entre les pays arabes et Israël à Rhodes.
[12]– Voir Link : https://www.lemonde.fr/archives/article/1969/03/07/les-declarations-de-m-nixon-sur-le-moyen-orient-sont-accueillies-avec-satisfaction-a-jerusalem_2435128_1819218.html
Dans cet article du journal le Monde de mars 1969, on pouvait lire entre autre : « …Pour la France, en revanche, le retour aux lignes de démarcation de 1949, qui n’avaient pourtant aucune valeur juridique, reste le fondement d’une solution… » (Souligné en gras par l’auteur).
Lire Partie1: Palestine: La Nakba de 1948
Partie2: Palestine: La Nakba de 1948 -(2ème Partie)