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Algérie-Italie: Galsi et électricité refont surface

Le président du Conseil Européen Charles Michel a clairement souligné que la coopération énergétique de l’Union Européenne avec l’Algérie sera renforcée à l’occasion d’un entretien accordé à Europapress.

L’annonce du président du Conseil Européen qui considère l’Algérie comme un partenaire fiable, intervient quelques jours après les déclarations du présidente de la Commission Européenne Ursula Von Der Leyen, devant les députés européens, qualifiant l’Algérie de partenaire de confiance et sérieux.
A l’occasion de son entretien accordé à Europapress, Charles Michel est revenu sur les résultats de sa dernière visite à Alger, et ses entretiens avec le président Algérien Abdelmadjid Tebboune. Charles Michel évoquera dans ce cadre, sans dévoiler plus de détails, des négociations pour la réalisation d’un nouveau gazoduc reliant l’Algérie à l’Italie, ainsi que des projets d’interconnexions d’électricité.

Le Galsi relancé?

En évoquant la réalisation d’un nouveau gazoduc entre l’Algérie et l’Italie, il est clair qu’on pensera au pipeline Galsi d’une capacité d’au moins 8 milliards de mètres cubes par an de l’Algérie , à la Sardaigne puis jusqu’aux côtes de la Toscane.  Le Galsi était censé être un pipeline sous-marin de 284 kilomètres avec une profondeur maximale de 2 880 mètres qui devait relier le port algérien de Koudiet Draouche, dans le nord-est du pays, à celui de Porto Botte, en sud-ouest de la Sardaigne. De là, continuez le long de toute la Sardaigne et d’Olbia repartez sous la mer jusqu’à Piombino.

Il devait être opérationnel en 2012, mais les choses ont duré longtemps, à la fois pour des raisons multiples liées à l’Italie qui aspire aujourd’hui à devenir un hub gazier, dans une conjoncture compliquée marquée par la volonté des européens de se débarrasser de leur dépendance énergétique à l’égard de Moscou dans le sillage du conflit ukrainien. L’objectif du projet était « de fournir une nouvelle source d’approvisionnement en gaz naturel au marché italien et européen dans le but de contribuer au progrès économique et au bien-être de la communauté en garantissant la sécurité de l’approvisionnement énergétique « .

S’il est tôt de se prononcer sur ce dossier dépendant totalement de la tournure des évènements politique en Péninsule Transalpine, dont les citoyens sont appelés aux urnes le 25 septembre prochain, à l’occasion de la tenue des législatives anticipées, avec une grande possibilité de voir le courant de la droite et de l’extrême droite italienne arriver au pouvoir. Une droite et extrême droite, opposées à la politique de tout européen du précédent gouvernement Mario Draghi, et favorables à un rapprochement avec Moscou. Cette coalition est même favorable à la sortie de l’Italie de la zone Euro et le retour de la monnaie locale.

Il convient de rappeler, que le gouvernement Draghi a accepté d’augmenter les importations via Trasmed – le gazoduc historique, né en 1983 qui passe sous le détroit de Sicile – mais l’Algérie doit aussi penser à son avenir et développer les énergies renouvelables.

Les données algériennes parlent cependant de réserves de gaz estimées à environ 8.500 mètres cubes. . En 2020, l’Algérie a exporté environ 26,1 milliards de mètres cubes de gaz naturel par ses gazoducs, ainsi que 15 milliards de mètres cubes sous forme de gaz naturel liquéfié. L’Europe est le plus grand importateur de gaz naturel algérien avec environ 21 milliards de mètres cubes, l’Italie et l’Espagne étant les plus gros importateurs, avec respectivement 11,5 et 9,1 milliards de mètres cubes.

L’Algérie dispose actuellement de trois gazoducs pour exporter son gaz vers l’Europe. Le gazoduc principal est le Transmed, également connu sous le nom de gazoduc Enrico Mattei, qui part d’Algérie, traverse la Tunisie et arrive en Italie. Mis en service en 1983, le pipeline portant le nom du fondateur d’ENI a une longueur de 2 475 kilomètres et une capacité d’exportation de 30,2 milliards de mètres cubes par an. Le deuxième gazoduc est le Medgaz. Long de 210 kilomètres, d’une capacité de 10,5 milliards de mètres cubes par an, le gazoduc Algérie-Espagne est entré en service en 2011. Jusqu’au 31 octobre, l’Algérie acheminera son gaz naturel vers la péninsule ibérique via le Maroc via le Maroc. , d’une longueur de 1 300 kilomètres et d’une capacité de 8,5 milliards de mètres cubes par an. Ensuite, il y a un quatrième projet, désormais proche de la phase de construction, qui pourrait s’avérer stratégique : il s’agit du gazoduc transsaharien, qui doit acheminer du gaz du Nigeria via le Niger, pour atteindre l’Algérie, où il pourrait être exporté vers l’Europe. via d’autres gazoducs reliant le pays d’Afrique du Nord au Vieux Continent. Le Galsi pourrait être relié à moyen terme à des réseaux de certains pays africains comme la Mauritanie qui vient de faire des découvertes gazière et pétrolière et qui compte tisser un partenariat stratégique avec l’Algérie, notamment dans les secteurs énergétique, minier, agricole et de la pêche. La concrétisation de la route Tindouf-Zouirette et la mise en service de la desserte maritime Alger-Nouakchott pourrait contribuer à la concrétisation de l’intégration économique régionale. Il convient également de souligner que Tindouf, est une région proche de la raffinerie d’Adrar et du gisement minier de Gara Djbilet.

Electricité: l’Algérie au secours de l’Italie?

En visionnaire, le président Tebboune avait proposé au président du Conseil italien Mario Draghi lors de sa récente visite à Alger, le lancement d’une coopération stratégique en matière d’électricité. Aujourd’hui et compte tenu des derniers rebondissements, les italiens n’en peuvent qu’à prendre au sérieux la proposition du président Tebboune. Sur ce plan, il convient de souligner, que l’opérateur français en électricité EDF vient d’annoncer qu’il cessera ses exportations en électricité à l’Italie. Des exportations qui tournent autour de 5% des besoins de la Péninsule Transalpine.

Par ailleurs, il faut noter que le quotidien économique italien Milano Finanza dans sa livraison du 5 août dernier, citant des sources financières avait annoncé que  l’énergéticien français EDF réfléchirait à la cession de sa filiale italienne Edison, une information démentie par l’opérateur français. Mais compte tenu des derniers développements en matière de difficultés d’approvisionnement des foyers français en électricité dans le sillage du conflit ukrainien et de la crise financière que traverse le groupe français, il n’est pas exclu qu’EDF pourrait se séparer de sa filiale italienne Edison. Une telle opération, d’un montant susceptible d’atteindre six milliards d’euros, permettrait à EDF, en cours de nationalisation, de réduire sa dette, de financer l’entretien de son parc nucléaire et la construction de nouveaux réacteurs. Selon Milano Finanza, la vente, qui n’est encore qu’au stade du projet, pourrait être lancée au premier trimestre 2023, une fois achevé le processus de nationalisation décidé par Paris.

Il convient de rappeler, que lors de sa visite en Algérie, le Premier ministre italien, Mario Draghi, avait examiné avec le président Tebboune  le projet d’exportation de l’électricité vers l’Italie. L’Algérie compte réaliser un câble électrique sous-marin de 270 km entre Annaba et la Sicile. Le câble sous-marin sera réalisé en parallèle avec le gazoduc reliant l’Algérie à l’Italie (Sicile) via la Tunisie, connu sous le nom de gazoduc Transmed-Enrico Mattei.

En somme, une réponse aux multiples appels de l’Italie en vue d’assurer, notamment une continuité d’approvisionnement suffisante en électricité. Un projet qui devrait être confié au Groupe Sonelgaz qui envisageait de produire 22 000 MW d’électricité verte, à partir des ressources renouvelables, d’ici 2023.

À cet égard, les deux parties se sont mises d’accord pour entamer, dans les plus brefs délais, la réalisation de ce projet devant connecter les deux rives de la Méditerranée. Dans sa déclaration, Mario Draghi a soutenu que «les pays du sud de l’Europe peuvent ainsi former, avec ceux du nord de l’Afrique, un hub d’électricité produite à partir du gaz, ainsi que de sources renouvelables».
Une entente algéro-italienne ayant tout pour aller au-delà des hydrocarbures.

Réalisation d’unités de turbines à gaz

La coopération algéro-italienne pourrait être renforcée par la réalisation d’un partenariat pour la fabrication de turbines à gaz.
Les deux pays pourraient profiter de  la hausse des prix de l’électricité en Europe pour lancer des unités de production. Sur ce registre, Alger pourrait compter sur l’appui de Rome pour faire son entrée sur le marché européen grâce aux turbines du gaz fabriquées localement. L’Algérie tirera profit de ce  partenariat avec l’Italie, lui permettant de devenir un exportateur clé, de turbines à gaz. Des exportations qui s’inscrivent dans le cadre de la diversification de l’économie nationale, permettant de générer des richesses, des emplois et aussi d’importants revenus en devises.

 

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