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De l’UPM de Sarkozy au multilatéralisme de Macron : la France paie ses péchés néocoloniaux

Le mercredi 9 novembre, le président français Emmanuel Macron, annonçait à partir de Toulon la méditerranéenne, la fin officielle de l’opération Barkhane au Sahel entamée dans le sillage de l’opération Serval en 2013 et la mise d’une nouvelle stratégie avec des partenaires sans les citer nommément. S’agit-t-il d’une nouvelle approche de la néocolonisation des pays africains qui demeuraient sous influence française, malgré leurs indépendances datant des années 60, grâce à la monnaie coloniale appelée CFA?

Rien n’est exclu, dans un nouveau monde qui se dessine, déterminé à se débarrasser de l’hégémonie occidentale, et un environnement africain de plus en plus hostile au tutorat français, comme l’illustrent parfaitement les manifestations quotidiennes des populations africaines au Mali, Niger, BurkinaFaso, Tchad, RCA et Cameroun, et qui rejettent le pillage organisé des richesses naturelles de leurs pays.

Une semaine plus tard, et à l’occasion de la tenue du G20, Emmanuel Macron donna l’impression de changer tactiquement sa stragégie néocoloniale et arrogante, en soutenant la doléance de l’Afrique du Sud, soutenue par la Chine d’accorder un siège à l’Union Africaine UA au sein du G20 à l’instar de l’Union Européenne UE. Sur ce plan, il faut noter que l’Afrique du Sud est le seul pays du continent africain à faire partie du G20. Cependant, le pays avait fait pression pour que l’Union africaine (UA) obtienne un siège. Macky Sall, président du Sénégal et de l’UA, avait été invité au sommet les 15 et 16 novembre à Bali.

Un porte-parole du président Sud-africain Cyril Ramaphosa explique que l’Afrique du Sud va contribuer à mettre en place un cadre conduisant à l’adhésion de l’UA au club des pays les plus riches.

« Il est important que la voix collective du continent soit représentée à cette tribune », déclare le porte-parole Vincent Magqenya lors d’une conférence de presse. « Nous avons l’espoir sincère que cette proposition trouvera du soutien et sera promue par les pays membres du G20 ». L’Afrique du Sud est pour le moment le seul membre africain du G20.

Le président chinois, Xi Jinping, a déclaré, ce mardi 15 novembre, que la Chine est favorable à l’adhésion de l’Union africaine (UA) au groupe de G20, rapporte l’agence de presse Chine nouvelle.
« La Chine soutenait l’adhésion de l’UA au Groupe des 20 (G20) », a indiqué M. Xi dans son discours prononcé à l’occasion du 17e sommet du G20 à Bali en Indonésie, cité par la même source. Ces rebondissements ont certainement influé sur la stratégie africaine de la France qui voyait pourtant d’un mauvais œil l’influence grandissante de la Chine en Afrique. A l’inverse de la politique néocoloniale de Paris, Pékin s’était investi à la réalisation d’infrastructures de base dans le cadre de partenariats avec les pays africains, pour la concrétisation du mégaprojet chinois de la réalisation de la nouvelle route de la soie.

Le multilatéralisme cher à Macron

Pour contrecarrer l’influence grandissante de la Chine et aussi de la Russie, l’Inde, la Turquie et aussi Israël, le locataire du palais de l’Elysée plaide pour une nouvelle stratégie dénommée multilatéralisme, qualifié  d’un instrument de paix. Selon la vision macronienne, la  scène internationale se compose de nombreuses nations avec des intérêts divers, qui peuvent parfois être contraires. Il est donc essentiel d’ « organiser » les rivalités qui peuvent émerger, afin d’éviter que la loi du plus fort l’emporte. Le multilatéralisme est le meilleur moyen de contenir les rivalités internationales. Une stratégie qui est loin de refléter la réalité puisque la France continue de s’aligner comme une girouette sur la politique unilatérale et agressive des Etats-Unis et de l’OTAN, en soutenant le régime va-t-en-guerre de Kiev, dans le conflit ukrainien. Une stratégie qui n’avait nullement été couronnée de succès dans le Sahel, ou la France était totalement impliquée militairement depuis 2013, via les opérations Serval et Barkhane, dans la lutte contre le terrorisme. Une lutte qui s’avère en fin de compte une illusion pour les populations africaines qui ne voyaient plus la sortie de tunnel de ce fléau transnational, à l’opposé de Paris et ses alliés otaniens qui profitent de cette situation pour pérenniser leur présence et par voie de conséquence le pillage organisé des richesses naturelles des pays du Sahel, dans un monde qui change et qui accorde un intérêt particulier à la matière première pour le développement économique.

Le multilatéralisme sur les pas de l’UPM cher à Sarkozy

Lancée le 13 juillet 2008, lors du Sommet de Paris pour la Méditerranée, l’Union Pour la Méditerranée UPM, comme couronnement du processus de Barcelone 1995, l’organisation présidée à cette époque-là par le président français Nicolas Sarkozy, était destinée implicitement à intégrer l’Etat hébreu dans un ensemble regroupant aussi des pays arabes qui rejetaient totalement toute normalisation avec l’entité sioniste comme l’Algérie , la Libye et la Syrie. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard, si Nicolas Sarkozy déroulait le tapis rouge au leader libyen Mouammar El Gueddafi et le président syrien Bashar Al Assad, reçus en grande pompe à l’Elysée, avant de de venir parias trois années plus tard, à l’occasion de ce qui est appelé « printemps arabe » s’avérant une stratégie pour démanteler les Etats-nations refusant toute normalisation avec l’entité sioniste, et par voie de conséquence rejetant le diktat de l’hégémonie occidentale.

Que restait de l’UPM présidée en 2008 par Nicolas Sarkozy qui  plaidait la paix, le développement et la prospérité au niveau du bassin méditerranéen? Absolument rien, sauf un Sarkozy otanien à la solde de BHL pour détruire la Libye et assassiner froidement et lâchement Mouammar El Gueddafi qui lui avait financé la campagne électorale pour rejoindre l’Elysée. Même cas de figure, pour le président syrien Bashar Al Assad, devenu paria pour avoir contesté le tutorat américano-sioniste dans la région. Le président syrien que la France présidée par Sarkozy, Hollande et Macron tentait toujours l’éliminer pour n’avoir à aucun moment plié aux dessins néocoloniaux et sionistes.

En résumé voilà la France qui change des tactiques mais jamais une stratégie néocoloniale dirigée par un Establishment qui continue à croire à l’arrogance française malgré son déclin.

 

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