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Non les BRICS ne sont pas une utopie !

Par Nora Abdelkrim

Le 15ème sommet des BRICS qui s’est tenu à Johannesburg du 22 au 24 août a été sans aucun doute un succès pour le pays hôte et son président Cyril Ramaphosa, en premier lieu par la présence  de représentants de 67 pays du Sud, dont 53 pays africains, au plus haut niveau, et pour le groupe qui a pris, dans l’unité, un certain nombre de décisions importantes. En premier lieu, mettant fin à toutes les spéculations,  la porte des BRICS a été ouverte à six nouveaux pays qui en deviendront  membres à part entière à partir de janvier 2024 : l’Argentine dont la candidature a été fortement soutenue par le président Lula da Sylva, l’Éthiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis (EAU). Outre leur apport économique, dont les réserves pétrolières ne sont pas des moindres,  l’intégration de ces pays va étendre la présence des BRICS dans les organisations économiques et de coopération régionales, en Asie notamment,  et donner une nouvelle impulsion à la stratégie du groupe. 

Sur le plan de la coopération économique, les BRICS qui représentent un tiers de la production alimentaire mondiale, se sont engagés à renforcer la coordination macroéconomique et la coopération dans le domaine de l’agriculture pour assurer la sécurité alimentaire. Le groupe a confirmé sa volonté de sortir de la dictature du dollar en élargissant toujours plus l’utilisation des devises locales dans les échanges commerciaux entre eux et avec leurs partenaires et dans les transactions financières. Ils ont, également, réaffirmé leur opposition aux barrières douanières imposées par les pays développés. Le rôle de la Nouvelle banque de Développement présidée par la brésilienne Dilma Rousseff, a été souligné. Par son statut démocratique – un État/un vote, notamment – elle offre une possibilité aux pays partenaires de financer des projets de développement par des prêts « propres », et d’échapper ainsi aux fourches caudines de la Banque mondiale et du FMI, institutions dont l’orthodoxie a ruiné nombre de pays en développement. L’Algérie, dont l’espoir de devenir membre à part entière des BRICS a sans doute été déçu,  a demandé officiellement, en juillet dernier,  à rejoindre la NBD avec une première contribution à hauteur de 1,5 milliards de dollars.

 Désormais, les BRICS ont dépassé le G7 qui regroupe les sept premières puissances économiques mondiales en terme de PIB cumulé avec 31,5 % contre 30,7 %. Avec l’entrée des nouveaux membres, ils représentent 44,35  % des réserves mondiales de pétrole, 48,5 millions de km²,soit 36 % de la superficie de la planète, et 45 % de la population mondiale ,avec 3,6 milliards de personnes, soit quatre fois plus que le G7. 

Attachés à l’émergence d’un mode multipolaire, les BRICS ont plaidé une nouvelle fois pour la réforme des institutions internationales, l’ONU et son conseil de sécurité en premier lieu, l’Organisation du commerce international et les institutions financières issues des accords de Bretton Woods, Banque mondiale, Front monétaire international et BIRD. Alors que la présidence du G20 sera assuré par le Brésil et l’Afrique du Sud, en 2024 et 2025, les BRICS pèseront de tout leur poids pour donner toute son ampleur à la voix du « Sud global ». 

Les questions de sécurité, les conflits actuels en Ukraine et en Afrique, mais aussi en Syrie qui continue de subir les opérations militaires destructrices israéliennes et américaines, ont,également, fait l’objet de discussions. Les BRICS soutiennent la mission africaine de Paix mise dirigée par Cyril Ramaphosa,   et réaffirmé leur volonté de règlement pacifique des conflits. Ils ont enfin appelé à l’adoption par l’ONU d’une Convention globale sur le terrorisme international.

La journée du 24 août a été consacrée au Dialogue de BRICS Plus qui regroupent 186 pays. BRICS Plus, c’est une nouvelle plateforme dont l’objectif est de développer des alliances régionales et bilatérales à travers les continents pour un développement d’une économie environnementale. Sous l’égide des États, la plateforme bénéficie de laparticipation d’experts, de scientifiques, d’investisseurs, de politiques et personnalités publiques. Elle intervient aussi bien sur les questions d’éducation et de culture, de santé, de relations gouvernementales, que de technologie, de développement durable ou sociétales.  Les BRICS Plus, au niveau étatique, peuvent, en outre, renforcer le poids des BRICS dans les institutions internationales (FMI, BM, OCI) par leurs parts vote, et pourraient former des alliances, influant ainsi sur les décisions. L’assemblée du Dialogue dans le cadre du 15ème Sommet a permis aux intervenants de s’exprimer librement. Plusieurs chefs d’État y ont pris la parole comme le président du Vénézuela,  Nicolàs Maduro, qui a qualifié le 15ème sommet d’ « historique », bien que la demande d’intégration aux BRICS de son pays n’ait pas reçu une réponse favorable.

                                                        

                                                                                                                                                                

 

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