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La nouvelle saison des révolutions colorées

Après le Sri-Lanka, c’est autour de l’Iran d’être le théâtre de manifestations, suite au décès de Mahsa Amini. Tout laisse croire que les manifestations tenues dans plusieurs villes iraniennes sont loin d’être spontanées et l’implication étrangère se confirme de jour en jour. Les tentatives de diviser les iraniens à travers l’appartenance ethnique de Mahsa Amini et l’implication d’Elon Musk sont des éléments qui ne laissent pas indifférents, bien au contraire. Mahsa Amini serait, en effet, une combattante au sein du parti kurde iranien Komala, en lutte pour sa séparation avec l’Iran.

https://twitter.com/Le_Figaro/status/1574130149825585153?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1574130149825585153%7Ctwgr%5Ef38e792974e9cb2d77e05d8597399f5e4f89b735%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.echoroukonline.com%2FD984D988D981D98AD8BAD8A7D8B1D988-D985D987D8B3D8A7-D8A3D985D98AD986D98A-D985D8B1D8A2D8A9-D984D983D984-D8A7D984D8A5D98AD8B1D8A7D986

Pour en savoir davantage sur ces manifestations aux allures « colorées », Algérie54 a interrogé le chercheur Algérien Ahmed Bensaada, l’un des tops experts dans le  des « révolutions colorées  » en compagnie du brésilien Pepe Escobar, sur l’action menée par Elon Musk , PDG de Space X, d’activer le service Internet par satellite de sa société Starlink.

« En réponse à votre question, il est important de comprendre que les géants du Net travaillent de concert avec l’administration américaine et ce, depuis des années. Ils sont utilisés, directement ou indirectement, dans les objectifs de la politique étrangère américaine. Les exemples sont nombreux et cela a été explicité dans mon livre ″Arabesque$″ » souligna Ahmed Bensaada.

Et d’ajouter: « Elon Musk, actuellement actionnaire de Twitter, ne fait pas exception à la règle, bien au contraire. En effet, il a décidé d’activer le service Internet par satellite de sa société Starlink « pour faire progresser la liberté d’Internet et la libre circulation de l’information » pour les manifestants iraniens. En fait, il s’agit d’une flagrante ingérence dans les affaires intérieures d’un pays souverain. Son action vise à aider l’administration américaine à déstabiliser l’Iran qu’elle considère comme un pays ennemi. Cela n’est pas sans nous rappeler le rôle de Twitter lors de semblables manifestations dans les rues de Téhéran en 2009. Rappelons qu’à cette époque, le département d’État était intervenu auprès de Twitter pour reporter des travaux de maintenance de leurs serveurs pour permettre aux manifestants iraniens d’utiliser la plate-forme pour planifier leurs manifestations. Treize ans plus tard, les mêmes méthodes sont utilisées pour provoquer des  ″révolutions colorées″ dans les pays ciblés par l’administration américaine ».

Pour rappel, Ahmed Bensaada avait déjà évoqué l’implication de Twitter dans l’exportation de la démocratie et le Regime Change dans un précédent  article  ou il a expliqué le rôle tout particulier de Twitter dans la politique intérieure et extérieure des États Unis.

https://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=544%3Atwitter-le-petit-oiseau-bleu-qui-gazouille-faux&catid=46%3Aqprintemps-arabeq&Itemid=119&fbclid=IwAR1oMqPnxzEdhCEYMTnRcmb2XP4OS-KJrXHNUNajD6AbJ0LyY-tx98dK4xI

Lire les livres: Arabesque Américaine: Version arabe, Arabesque Américaine; Edition Algérienne, la Face Cachée des révolutions arabes, Arabesque Américaine: Enquête sur le rôle des Etats-Unis dans les révoltes arabes

Ahmed Bensaada

La NED veut rééditer le scénario du « printemps arabe »

Selon toute vraisemblance, ce n’était pas uniquement l’Iran qui était ciblé par les manifestations de « Regime Change » et du gouvernement mondial, mais aussi d’autres pays voisins, à savoir l’Arabie Saoudite et son homme fort Mohamed Bin Selmane (MBS). Coïncidant avec les manifestations dans plusieurs villes iraniennes, le jeudi 22 septembre, plusieurs manifestations ont eu lieu dans plusieurs gouvernorats saoudiens à l’occasion du 92ème anniversaire de la fête nationale en Arabie Saoudite. Des manifestations qui ont failli dégénérer, comme l’illustrent des séquences vidéo montrant des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre.

Le bureau du procureur général d’Arabie saoudite a ouvert des procédures d’enquête sur ces manifestations. 25 personnes, dont 19 saoudiens et six résidents étrangers ont été interpellés, selon la chaîne saoudienne Al-Ikhbariya.

Des patrouilles de sécurité dans la région d’Asir ont arrêté 15 personnes pour avoir harcelé des passants et agressé un véhicule officiel, précisant qu’elles ont été déférées au parquet afin qu’il applique les dispositions légales prévues à leur égard, a indiqué la police saoudienne.

Des activistes ont publié un clip vidéo montrant l’état de chaos dans le gouvernorat d’Asir après que certaines personnes aient attaqué des patrouilles de sécurité et des passants, a rapporté le site Arabi21.

La police de la ville saoudienne Hafar Al-Batin a fait état de l’arrestation de 17 personnes, pour harcèlement de piétons, obstruction à la circulation et intrusion dans des véhicules officiels, a écrit Arabi21.

Les enquêtes menées par le ministère public saoudien ont révélé que « les accusés ont délibérément semé le chaos dans l’un des parcs de Hafr Al-Batin et ont jeté des pierres sur des véhicules officiels », selon Al-Ikhbariya.

Les prévenus ont été placés en détention dans l’attente de leur renvoi devant le tribunal compétent, et l’acte commis par eux est considéré comme un « crime majeur nécessitant une arrestation », selon le site Akhbar 24.

Biden veut destituer MBS

Aujourd’hui, il est clair que l’administration américaine dirigée par le démocrate Joe Biden, ne digère plus de voir le prince héritier Saoudien Mohamed Bin Selmane passer du statut de paria, suite à l’assassinat du journaliste américano-saoudien Jamal Khashoggi, à un statut de personnalité internationale fréquentable. Biden n’a pas encore digéré la froideur de l’accueil qui lui avait été réservé par MBS en Arabie Saoudite, à l’opposé de son prédécesseur Donald Trump reçu en grande pompe par les Al Saoud. Biden ne digère pas non plus la décision souveraine de Ryad de ne pas augmenter sa production énergétique pour combler les besoins découlant des sanctions occidentales imposées au gaz et pétrole russes, ni la décision des États du Golfe, dont l’Arabie Saoudite, d’observer la neutralité dans le conflit ukrainien. Washington voit d’un mauvais œil l’intérêt de Ryad d’intégrer les BRICS dont les membres envisagent la promotion des échanges économiques en monnaies locales, synonyme de dédollarisation et de fin de l’hégémonie financière des États-Unis sur l’économie mondiale.

Le Qatar, ciblé aussi

Le gouvernement mondial dominé par le néolibéralisme a ses valeurs dont l’ancrage dans les pays conservateurs vise à les maintenir sous tutelle et le Qatar qui était le fer de lance de ce qui est appelé « printemps arabe » ne fait pas exception. Cela se confirme par la campagne féroce menée à l’encontre du petit Émirat qui abritera dans moins de deux mois la grande manifestation footballistique du monde. Le Qatar a été contraint de céder au diktat des LGBT, un symbole des « valeurs » de la doctrine de l’Open Society dont le patron n’est autre que le sulfureux Georges Soros. Et tout ça, sous le fallacieux  prétexte de l’exportation de la démocratie.

D’ailleurs, plusieurs capitaines des nations présentes à ce mondial qatari, comme l’Allemagne, l’Angleterre, la Belgique et les Pays-Bas, ont promis de porter des brassards portant les couleurs arc-en-ciel, symbolisant les LGBT, en violation des coutumes, traditions, us et valeurs du pays hôte et sa société musulmane conservatrice. Cette attitude a fait réagir d’ailleurs l’ancien joueur de la Mannschaft et actuel sociétaire du Real Madrid, Toni Kroos, qui fustigea les principes démocratiques de l’Occident qui n’acceptent pas la diversité et les valeurs d’autrui.

Le capitaine de la Mannschaft Manuel Neueur, portant le brassard des LGBT

La FIFA, l’arme sportive de l’Occident

La FIFA confirme son statut d’organisme international sportif à la solde de l’impérialisme et du néocolonialisme, comme l’a fait savoir Ahmed Bensaada dans deux articles, dont un consacré à l’équipe du FLN.

La FIFA qui résista aux critiques concernant l’attribution de la coupe du monde au Qatar, au sujet du respect des droits de l’homme et des conditions des travailleurs étrangers dans les projets de réalisation des enceintes sportives, se tait et s’avère vaincue face au diktat des LGBT et des promoteurs de symboles politiques. Après avoir suspendu la Russie pour des raisons politiques, la FIFA ne compte pas réagir à la campagne de soutien au régime ukrainien, comme l’indique la détermination du capitaine de la Pologne Robert Lewandovski à porter le brassard de l’Ukraine, absente du rendez-vous qatari. L’Algérie ayant été éliminée du mondial par un arbitre véreux et partial, nous ne saurons malheureusement pas la réaction de la FIFA aux chants et aux drapeaux palestiniens qui auraient submergé les stades lors des matchs de l’Algérie.

Le champion de la Premier League, l’Algérien Ryad Mahrez, portant le drapeau palestinien, grand absent du mondial qatari

Le champion de la Premier League, l’Algérien Ryad Mahrez, portant le drapeau palestinien, grand absent du mondial qatari.

Le polonais Lewandowski avec le sélectionneur ukrainien Schevchenko

La Tunisie, aussi

Après le Sri-Lanka, il n’est pas exclu que la Tunisie soit la cible d’une nouvelle manifestation de force des promoteurs du « regime change » visant à destituer le président élu démocratiquement Kais Saed, bourreau de la confrérie des Frères Musulmans, instrument exécutif de la NED. Les promoteurs du « printemps arabe Season II » comptent sur les mauvaises conditions socioéconomiques que connaît la Tunisie, dans le sillage de l’impact négatif du Covid-19 et les conséquences de la hausse des prix énergétiques et alimentaires sur son économie, ainsi que la pression des instances financières internationales, pour rééditer le scénario sri-lankais en Tunisie.

Ces promoteurs du « printemps arabe Season II » sont soutenus dans ce plan par les réseaux de normalisation avec l’entité sioniste et motivés par la détermination du locataire du Palais de Carthage à considérer comme trahison tout rapprochement avec l’Etat hébreu. D’ailleurs, le régime du Makhzen s’est joint au plan de destitution de Kais Saed via ses réseaux propagandistes qui n’ont pas digéré que le président sahraoui Brahim Ghali  assiste au sommet Afrique-Japon TICAD 8 tenu le mois dernier à Tunis et ne digère pas non plus que l’Algérie continue de soutenir sa voisine de l’Est pour qu’elle puisse faire face à la crise socioéconomique.

L’Algérie, n’est pas épargnée

A l’instar de la Tunisie, l’Algérie ne sera nullement épargnée par des actions de déstabilisation à cause de ses positions constantes et sa détermination à défendre son indépendance et sa souveraineté. Son ambition de rejoindre le BRICS, comme choix stratégique pour un Non-Alignement positif, synonyme d’un soutien pour un nouvel ordre mondial multipolaire, est vu d’un mauvais œil par les défenseurs du gouvernement mondial et la pérennisation de l’hégémonie occidentale. La position de neutralité de l’Algérie dans le conflit ukrainien, la défense des causes palestinienne et sahraouie, son opposition à la normalisation avec l’entité sioniste et son opposition à l’ingérence étrangère et l’intervention militaire en Syrie, en Libye et au Sahel, sont autant d’indicateurs incitant les Algériens – institutions et peuple – à redoubler de vigilance pour faire face aux complots qui se trament contre la souveraineté de la nation et l’unité du Peuple.

L’automne occidental

Comme pronostiquaient les mordus de la balle ronde, et si la logique est respectée, des « révolutions colorées » devraient normalement éclore en automne en Europe Occidentale, rappelant par voie de conséquence la chute du Mur de Berlin et le démantèlement du bloc socialiste. Les raisons en sont simples : les gouvernements de l’oligarchie financière, qui soutiennent la mondialisation et le gouvernement mondial, sont dans une mauvaise posture après les sanctions imposées contre la Russie dont les premières victimes ne sont que celles des peuples de la zone Euro, contraints de payer la sale facture de l’inflation, de la détérioration du pouvoir d’achat, de la hausse des prix de l’électricité et du gaz et des produits alimentaires dans le sillage du conflit ukrainien. L’hiver s’annonce rude et les factures devront être envoyées à Ursula Von Der Leyen et non à Vladimir Poutine qui répliqua à la présidente de la Commission Européenne par un message plein de sens « Je n’ai rien entendu à ce sujet, je ne sais pas. Il s’agit d’une nouvelle tentative de déplacer le problème, le mal de tête, d’une tête malade à une tête saine. C’est ce qu’on dit dans notre peuple », a-t-il déclaré.

 

 

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